Après valorisation, les peaux ovines ont le potentiel de produire 560 mille mètres carrés pour une valeur de 15 millions de dinars Le ministère de l'Industrie et des Petites et Moyennes Entreprises a lancé la campagne nationale pour la collecte et la valorisation des peaux de moutons de sacrifice. Cette campagne, coordonnée par le Centre technique du cuir et chaussures, a impliqué plusieurs intervenants publics comme le ministère de l'Environnement et des Affaires locales, le ministére de l'Agriculture, des ressources hydrauliques et de la Pêche et le Ministère des Affaires religieuses, et professionnels représentés par la Fédération nationales du Cuir et chaussures et ses chambres syndicales. Elle concernera, pour cette phase pilote, les quatre gouvernorats du Grand-Tunis (Tunis, Ben Arous, Ariana et Manouba). Slim Feriani, ministre de l'Industrie et des PME, a déclaré, lors de la conférence de presse du 17 août 2018, que les peaux sont une richesse nationale à préserver, étant une matière première stratégique pour le secteur du cuir et chaussures. On estime qu'environ 1200.000 peaux sont rassemblées lors de l'Aïd El Idha, pour une valeur de 3 millions de dinars. Après valorisation, ces peaux ont le potentiel de produire 560 mille mètres carres pour une valeur de 15 millions de dinars. D'ailleurs, les professionnels indiquent qu'une seule peau ovine peut servir à produire deux chaussures ou deux sacs. Contraintes Dans la réalité, plusieurs contraintes persistent dans le secteur. Selon le ministère de l'Industrie et des PME, 10% seulement des peaux produites lors de l'Aïd sont exploités alors que la majorité restante est de qualité faible et ne peut être exploitée pleinement. De même, il existe une réticence de la part des professionnels à collecter ces peaux vu la baisse de la demande à l'intérieur et à l'extérieur. Il s'agit également des risques environnementaux encourus après avoir jeté les peaux dans les rues. Ainsi, l'objectif de la campagne est de valoriser davantage les peaux pour qu'elles soient habilitées pour la production à hauteur de 40% et de créer un système de gestion des peaux brutes. D'autre part, M. Feriani a indiqué que le secteur du cuir et chaussures connaît un déficit d'approvisionnement des peaux bovines contre un excédent des peaux ovines. On estime les besoins du secteur en peaux bovines à 900 mille pièces alors que la production nationale est de seulement 300 mille pièces, dont une grande partie va à la contrebande. En ce qui concerne les peaux ovines, la production nationale est de plus de 4 millions de pièces alors que les besoins de secteur industriel sont de 1,6 million de pièces. Ce qui poussé à réfléchir à des solutions alternatives pour éviter les pertes de cet excédent. Le ministre a souligné qu'il a été convenu d'octroyer des autorisations aux tanneries de façon exceptionnelle pour exporter une partie de leurs stocks en peaux semi-finis «wetblue». Exemple d'intégration De son côté, Samir Majoul, président de l'Union tunisienne de l'industrie, du commerce et de l'artisanat (Utica), a expliqué que le secteur du cuir présente un bel exemple d'intégration, vu qu'il respecte toute la chaîne de valeur. Il a affirmé que les peaux sont également exploitées dans divers secteurs comme l'ameublement et le textile. D'où l'importance de cette matière première et l'intérêt à la valoriser pour qu'elle soit exploitée de façon correcte. Il est à noter que la campagne de collecte, qui se déroulera dans le Grand-Tunis, concernera 21 municipalités, qui rassembleront 83 points de collecte. Elle a déjà commencé avec la sensibilisation dans les supports médiatiques audiovisuels ainsi que par 23 associations et 500 volontaires partenaires en collaboration avec la police environnementale. Pour la période post-Aïd, il es prévu de transporter les peaux collectées et triées aux tanneries et se débarrasser du reste dans les décharges contrôlées.