La tannerie est une industrie de transformation qui consiste à faire de la peau brute des animaux, essentiellement les bovins, ovins et caprins, du cuir destiné à la fabrication de chaussures, de vêtements et de maroquinerie. Et dans ce processus de transformation, on commence par ôter les poils de la peau (la partie extérieure de la peau ou épiderme), puis on dépouille la peau de sa chair (la partie sus-cutanée de la peau), pour enfin traiter le derme qui sera transformé en cuir. Et il n'échappe à personne que dans ce processus de transformation, des poils de la peau on va faire du fil et de la laine pour se vêtir et se couvrir. Mais qu'en est-il de cette partie sus-cutanée qui est constituée de matières grasses et de collagènes, et que l'on désigne par le mot carnasses? Eh bien, jusque-là dans nos tanneries, elle était tout simplement vouée à la décharge publique, considérée ainsi comme des rébuts irrécupérables, (soit près de 10.000 tonnes par an). Et c'est précisément à cela que s'est attelé le Centre national du cuir et de la chaussure dans ses travaux de recherche à travers les programmes nationaux de recherche et d'innovation : «Etudier les opportunités de valorisation des déchets non tannés en tannerie-mégisserie». Tel est donc le sujet de recherche engagé par le Cncc en collaboration avec l'Institut national de recherche et d'analyses physico-chimiques (Inrap) et le concours pratique d'un partenaire industriel. Dans le cadre de ce projet, une station de traitement des carnasses a été conçue, réalisée et implantée chez le partenaire industriel qui a permis, après optimisation du procédé, la séparation et la récupération de la matière grasse et des hydrolysats protéiques. La phase protéique pourrait ainsi être exploitée, soit dans le processus de tannage, en remplacement de produits importés, soit comme agent fertilisant folliculaire dans l'agriculture. Les résultats de test de valorisation de la matière grasse ont montré de grandes potentialités de valorisation interne dans la tannerie. L'autre alternative de valorisation des graisses animales est leur application comme additifs dans les bio-fuels ou le biodiesel contribuant ainsi à la réduction de la consommation d'énergie fossile au sein de l'entreprise. L'utilisation de cette matière grasse animale dans la fabrication des savons constitue aussi une autre alternative à exploiter. Ainsi, au bout de ces expérimentations, il a été établi avec succès que cette matière grasse sus-cutanée que l'on jetait par dessus bord, moyennant facture, était non seulement utile au sein même du processus de tannage, mais aussi peut être destinée à d'autres transformations.