Les Etoilés ont été encore une fois victimes de leur crispation lancinante et d'erreurs managériales récurrentes. Avec du recul, il faut avouer que sur l'ensemble des deux rencontres, l'élimination des Etoilés de la Ligue des champions n'a rien de surprenant et serait l'aboutissement logique et palpable d'une succession et d'une persistance d'erreurs et de défaillances sur le triple plan technico-tactique, mental et managérial. C'est un constat amer et frustrant qui donne réellement et rigoureusement matière à réflexion, compte tenu des moyens colossaux mis à la disposition de l'équipe qui dans d'autres contextes et avec d'autres approches, devront donner lieu obligatoirement et fort logiquement à des résultats et des performances plus conséquents. Les premiers indices renvoyant à cette espèce de blocage et cette incapacité révoltante chez les protégés de Chiheb Ellili qui sont en parfaite inadéquation avec le potentiel considérable de l'équipe, remontent au match aller, quand l'Etoile avait montré un visage bizarrement et exagérément prudent et un football dénaturé, au point de ne pouvoir créer qu'une seule et unique occasion digne d'intérêt. Pire encore, le bilan de la seconde manche à Sousse n'était guère meilleur, puisque les coéquipiers de Ben Amor — le plus en vue du côté sahélien — n'avaient réussi à inquiéter sérieusement Ramy Jéridi qu'à deux reprises et, de surcroît, lors des 20 dernières minutes de la rencontre à la 70' et 71' respectivement par Chermiti et Msakni — l'élément le plus encombrant dans le dispositif étoilé. Trois occasions en 180 minutes de jeu ! L'Etoile n'avait jamais connu un coefficient aussi maigre, voire dégradant ! Bataille perdue ! De tout temps, la ligne médiane a toujours été le terrain propice des «batailles» tactiques les plus ardues entre joueurs et techniciens, et celui qui parvient à prendre le dessus à ce niveau a toutes les chances de sortir vainqueur. Khaled Ben Yahia l'avait bien compris vendredi dernier au Stade olympique de Sousse, contrairement à Chiheb Ellili. En effet, la paire Ben Amor-Aouadhi (auteur d'une sortie diamétralement ratée) a été remarquablement jugulée, voire étouffée par le trio Coulibaly-Kom-Chaâlali qui alternait un losange inversé malléable à la maîtrise tactique parfaite, et ceci en fonction des séquences du jeu de leur équipe : Chaâlali se chargeait de bloquer les montées de Ben Amor et de la récupération des deuxièmes balles balancées par l'arrière-garde de l'Etoile ; Kom se chargeait de ce volet, mais devant la défense «sang et or», quant à Coulibaly, il opérait dans le registre d'un électron libre alliant le travail de sape défensif et la création de surnombre dans les phases offensives —le but qu'il a marqué en est la parfaite illustration. Conséquence manifeste de ce stratagème tactique réussi mis en place par B. Yahia, le tandem Ben Amor-Aouadhi a manqué d'impact et donnait l'impression d'être perdu, notamment ce dernier totalement dépassé —son erreur de placement a été à l'origine du but de Coulibaly— et auteur d'une prestation ratée sur tous les plans surtout tactique. Ben Amor, quant à lui, a été égal à lui-même par son abattage, sa générosité et a tenté —vainement— de développer un relatif contrepoids, mais le rendement collectif de ses coéquipiers ne suivait pas. Un coaching plutôt «symbolique»! Il est vrai qu'une véritable malédiction s'est acharnée vendredi dernier sur l'Etoile, puisque le coach du club sahélien a vu son plan gestionnaire du match faussé par les deux blessures de Boughattas et Hannachi en l'espace de 4 minutes (11' et 15'), réduisant considérablement ainsi sa marge de réactivité par rapport aux différentes péripéties de la rencontre ; mais il faut reconnaître également que Chiheb Ellili avait commis par la suite une erreur de coaching monumentale à caractère symbolique au timing inopportun visant à satisfaire le desiderata du public présent plutôt que remédier à certaines insuffisances tactiques plus urgentes de son équipe. En effet, l'incorporation tant attendue du reste de Chikhaoui a été vraiment incompréhensible et incompatible avec les besoins réels de son équipe qui avait grandement besoin plutôt d'un Amr Maraï dans le registre d'un attaquant de box ou de soutien capable d'apporter davantage de percussion et d'impact dans la surface de réparation. D'ailleurs, les joueurs «sang et or» ont tout fait pour éloigner Chikhaoui de la zone de danger et l'ont poussé à opérer carrément au niveau de la ligne médiane pour annihiler ses prouesses et ses coups de rein. En bref, l'élimination est certes douloureuse pour les Etoilés, mais ils doivent bien savoir scrupuleusement que sur l'ensemble des deux rencontres, ils n'avaient guère montré des aptitudes réelles et les arguments nécessaires de circonstance pour surmonter l'écueil de l'EST et aller loin dans cette Ligue des champions, et pourtant tous les ingrédients de la réussite étaient là, de quoi donner matière à réflexion, mais sans affolement et fébrilité.