Par Jalel Mestiri C'est le grand classique, la règle en vigueur. Quand il n'y a pas de résultat, l'entraîneur est le premier fusible. Et le président, c'est «dieu». Il n'a qu'à appuyer sur le siège éjectable. Virer des entraîneurs quand les résultats sont mauvais, ce n'est pas une nouveauté dans le football tunisien. Encore moins dans les grands clubs. Mais, cette fois, il n'y a pas eu de chance laissée: dès que les entraîneurs étaient à découvert dans la plaine, ils ont été tirés à vue. Le football n'est pas une science exacte. On a toujours le sentiment de bien bosser, de réfléchir, de faire preuve d'intelligence, d'efficacité. Puis, finalement, les résultats ne parlent plus. Et quand on ne peut plus s'appuyer sur les résultats, le premier responsable technique n'a plus beaucoup d'arguments. Il reste un fusible vulnérable, facile à utiliser dès que les résultats déclinent. Il ne faut pas cependant se lamenter, quand on choisit ce métier, on connaît la règle du jeu. Et comme on ne peut pas changer un effectif de 23 joueurs, le premier fusible, parce que tout le monde croit toujours au choc psychologique, c'est l'entraîneur. Le joueur, lui, sait qu'il restera dans l'effectif. C'est toujours l'entraîneur le numéro un. Forcément, après les matches, il est toujours dans la réflexion. Il passe aussi ses diplômes pour être à la tête d'une équipe et il sait très bien que son contrat peut s'arrêter à tout moment. Ce n'est pas le cas du joueur. Au pire, il reste sur le banc et il peut regagner sa place. Quand on est entraîneur, on va en tribune et c'est terminé. Le changement, c'est tout le temps. Mais la recette est pourtant loin de fonctionner à chaque fois. Il y a évidemment des explications. Le foot n'échappe pas aux aléas. En raison des contraintes sportives, la pression publique liée souvent aux résultats amène à prendre les décisions. On perd un peu les pédales dès que les choses ne vont pas très bien, en tombant très vite dans la sinistrose. On voit, depuis toujours, des responsables manquer de discernement, de sérénité. On a l'impression qu'à la première épreuve, on a tendance à tout oublier. Le tout sans poser le problème de fond qui existe vraisemblablement à plusieurs niveaux. Après un échec, il est souvent tentant de chercher un coupable. C'est un moyen d'expliquer une terrible désillusion et se défouler un peu de la frustration. Pour certains, sacrifier l'entraîneur peut être destructeur et à l'origine de nouvelles contre-performances. Pour d'autres, cela aura peut-être l'effet de transcender ou de remobiliser les joueurs. C'est la particularité de l'humain. Tout dépend de la façon dont on se gère en interne. Comment se relever après un mauvais résultat ? C'est un travail qui doit être fait de manière individuelle et collective. Pas en cherchant un coupable. On a tendance à chercher un bouc émissaire et une fois qu'on l'a trouvé, cela empêche les autres de se remettre en question. Cela confond les responsabilités. Faire sauter un fusible est une erreur. Dans les grandes équipes tunisiennes, l'entraîneur est toujours remis en question. Et cela n'a visiblement pas contribué à ce que ça aille beaucoup mieux. Il faut forcément chercher ailleurs.