En réaction au dernier discours de Rached Ghannouchi, la direction de Nida Tounès a rendu public, sous la signature de son secrétaire général, Slim Riahi, un communiqué qui affirme la disposition du parti à participer au «prochain gouvernement» à condition qu'Ennahdha n'en fasse pas partie. Le communiqué épargne Youssef Chahed de toute attaque ou critique, contrairement à toutes les récentes sorties publiques de Nida En réaction au dernier discours de Rached Ghannouchi, en ouverture de la conférence annuelle d'Ennahdha, la direction de Nida Tounès a rendu public, dimanche, sous la signature de son secrétaire général, Slim Riahi, un communiqué qui affirme la disposition du parti à participer au «prochain gouvernement» sur la base d'une alliance avec les «forces progressistes» à condition qu'Ennahdha n'en fasse pas partie. Le communiqué épargne Youssef Chahed de toute attaque ou critique, contrairement à toutes les récentes sorties publiques de Nida. Tout comme le président de la République, son fondateur et président d'honneur, ce parti souhaite ardemment, jusque-là, le départ du gouvernement Chahed qu'il accuse d'avoir échoué à redresser le pays. Ce alors que certains signes de reprise économique sont soulignés par des observateurs tunisiens et étrangers. De par le communiqué, le «nouveau» Nida pourrait tendre la main à Youssef Chahed. Sous conditions. Nida Tounès ajuste donc désormais ses tirs sur Ennahdha tout en reprenant à son compte les accusations du Front populaire faisant état de l'existence d'un bras armé du parti islamiste qui tiendrait lieu de réseau sécuritaire parallèle et qui serait impliqué dans les assassinats politiques de Chokri Belaïd et de Mohamed Brahmi. Et d'appeler le gouvernement à prendre au sérieux les nouveaux documents présentés par le comité de défense de Chokri Belaïd et Mohamed Brahmi. Dans son communiqué, le Bureau politique de Nida Tounès a multiplié les mises en cause visant Ennahdha et son président Rached Ghannouchi. Il a ainsi dénoncé la grave prise de position du leader islamiste concernant l'affaire dont a été victime le journaliste saoudien Jamel Kashoggi, la qualifiant «d'ingérence dans les affaires diplomatiques de l'Arabie Saoudite», de nature à porter atteinte à l'intérêt national». Le communiqué s'est également penché sur la question de l'Instance vérité et dignité qui s'évertue à poursuivre son action, alors que sa validité constitutionnelle a expiré depuis le mois de mai. Confirmant la suspension par son groupe parlementaire de toute action au sein de l'Assemblée tant que celle-ci ne rendra pas effective sa décision de ne pas prolonger la mission de l'IVD. C'est également là une estocade visant le mouvement nahdhaoui qui appuie et soutient l'IVD et qui avait adoubé sa présidente si controversée, Sihem Ben Sédrine, laquelle a conduit la justice transitionnelle vers des pratiques revanchardes sans lien avec la réconciliation et qui s'appliquent à discréditer tout ce qu'avait réalisé l'Etat de l'indépendance. Mais il s'agit de noter que le long discours de Rached Ghannouchi, s'apparentant à un véritable manifeste électoral, a lancé l'idée d'une «amnistie générale» appelée, comprend-on, à repêcher toutes les personnalités de l'ancien régime que l'IVD s'entête à rejuger, dans un sprint final qui explique après coup pourquoi elle a tenu à prolonger son «action» jusqu'à la fin de l'année. Pour que l'année électorale commence sur la condamnation de figures aux antipodes de «l'islam politique».