Devenue légendaire, «May B» fait partie de ce que nous appelons de la transmission chorégraphique, la pièce épouse le temps qui passe, elle se transmet de compagnie en compagnie, se laisse interpréter par de nouveaux danseurs et se perpétue dans le temps et l'espace, poussant ses limites pour devenir intemporelle. Parmi les œuvres marquantes de la 20e édition des JTC, «May B» de la chorégraphe française Maguy Marin, est une pièce mythique, car elle fut créée en novembre 1981. Maguy Marin a créé cette chorégraphie en s'inspirant de ses lectures de textes de Samuel Beckett, l'auteur et dramaturge irlandais, prix Nobel de littérature, et surtout après leur rencontre. «May B» est écrite pour 10 interprètes (5 hommes et 5 femmes), grimés d'argile sur le visage pour leur donner un aspect sale, malade, loqueteux, propose une gestuelle et une atmosphère théâtrale sur une musique qui vient rythmer cette pièce muette à l'exception d'une réplique issue d'une pièce de Beckett et de quelques onomatopées qui viennent appuyer la danse. Devenue légendaire, «May B» fait partie de ce que nous appelons de la transmission chorégraphique, la pièce épouse le temps qui passe, elle se transmet de compagnie en compagnie, se laisse interpréter par de nouveaux danseurs, et se perpétue dans le temps et l'espace, poussant ses limites et elle devient intemporelle. «May B» est, en fait, un récit lointain, reculé, surgi d'un temps sans époque, d'une vie sans ordre ni mesure, d'une tension enfouie dans les rêveries de l'étrange, sans mémoire, sans histoire. La force et la puissance de «May B» tient dans la capacité de raconter des histoires de brisures constitutives, de mises au monde et d'enfance de grognements et de hurlements aboutissant dans l'arc de son récit — anti-théâtral par son extrême théâtralisation — à la reconstitution d'une parade parfaitement expressionniste. C'est une fable matricielle du corps et des corps-à-corps qui met en jeu, dans son opposition à la narration, la forme des errances par des continuités qui enfantent l'émotion et la commotion. Bien que présentée il y a deux années au Festival international de Hammamet, «May B» n'est jamais la même, elle transhume à travers les corps qui l'interprètent, une démarche qui nous fait voyager et accompagner une œuvre au-delà du temps. Maguy Marin, cette chorégraphe inclassable, qui va dans le sillage de Pina Bausch, intégrant de nombreux éléments théâtraux et non dansés dans ses chorégraphies, est une des chorégraphes les plus importantes de la Nouvelle danse française, sa compagnie évolue et change, développant un travail dans le cadre de la non-danse. A ce jour, elle a réalisé une quarantaine de pièces.