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Qu'avons-nous fait de notre indépendance ?
63 ans après
Publié dans La Presse de Tunisie le 20 - 03 - 2019

Si Bourguiba a réussi à « créer une fierté nationale », la « révolution » a échoué à « engendrer une citoyenneté tunisienne ». D'où « la réémergence de la figure tutélaire » du premier président de la République qui avait su « moderniser la Tunisie, mais aussi la nostalgie myope des années Ben Ali, où la centralisation garantissait ordre et stabilité.» L'année 2019 s'annonce cruciale pour les Tunisiens qui «sont en quête d'un homme fort dans un Etat fort», porteur d'un message d'espoir et d'unité pour en finir avec les incertitudes, le marasme et l'impunité
La Tunisie célèbre aujourd'hui le 63e anniversaire de la fête de l'Indépendance dans un climat délétère marqué par un véritable embrouillamini et l'absence de perspectives rassurantes. Le contexte tranche avec celui des premières années de l'indépendance marquées par d'autres soucis, ceux d'un pays exténué par 75 ans de colonisation, pauvre et sans ressources et dont la seule arme était la volonté de son peuple en osmose avec celle des leaders de l'indépendance autour de son «Combattant suprême », Habib Bourguiba. Grâce à son élan réformiste, ce dernier a réussi à doter le pays d'institutions modernes, à l'ouvrir sur le monde et à « créer une fierté nationale ».
Et il serait fastidieux de revenir sur les différentes péripéties et les faits marquants de ces six dernières décennies. Ni sur les heurs et malheurs du peuple tunisien au cours de cette période.
Laissons cette tâche aux historiens et concentrons-nous sur cette 2ème République qui a été instaurée suite aux élections législatives d'octobre 2014 et l'élection présidentielle de novembre et décembre de la même année, lesquelles ont mis fin à une période provisoire qui a duré plus que prévu. Période marquée par plusieurs événements qui ont failli faire chavirer « la barque Tunisie », avec trois assassinats politiques, ceux de Chokri Belaïd, Mohamed Brahmi et Lotfi Naguedh, l'émergence du phénomène du terrorisme directement et indirectement encouragé par le laxisme des gouvernements, des difficultés sociales et économiques et, un peu plus tard, la guerre contre la corruption.
De la ferveur à la désillusion
Partie pour être un exemple à méditer et à suivre, cette Tunisie est entrée, malgré elle, en pleine zone de turbulences par la faute de ses enfants. L'avènement de la Troïka au pouvoir, après les élections de l'Assemblée nationale constituante en octobre 2011 et la cooptation de Moncef Marzouki à la tête de l'Etat, sont des parenthèses à oublier. Les fêtes nationales, comme celles de l'Indépendance et de la République, avaient été curieusement ignorées. Les acquis réalisés et notamment ceux de la femme avaient été menacés et le régime républicain déclaré « impropre » dans un pays d'islam ! Le peuple tunisien, naguère uni, s'était trouvé tiraillé entre plusieurs forces. Des politiciens, survenus de nulle part, sans envergure et sans vergogne, étaient venus prêcher un discours étrange relayé par des médias en mal de repères. Ils avaient entraîné dans leur sillage une partie de la population, souvent de bonne foi, parce qu'ignorant les vrais desseins d'un projet diabolique visant à instaurer un autre modèle de société, semblable à celui prôné par la confrérie islamiste et ses adeptes, les Talibans. Le pays a été envahi par des prédicateurs, accueillis à bras ouverts par des associations financées par l'argent de certains pays du Golfe, prêchant le rigorisme ultra, le régime du califat, le jihadisme et l'excision des filles. La Tunisie est, du coup, devenue l'un des premiers pays exportateurs de terroristes.
Inflation démocratique
Huit ans après cette journée historique du 14 janvier 2011 qui a mis fin à plus de 23 ans de règne de l'ancien président Ben Ali, on est passé de la ferveur à la désillusion. La Tunisie est devenue un pays difficile à gouverner. Depuis le 17 janvier 2011, date de la formation du premier gouvernement de Mohamed Ghannouchi, se sont succédé à la primature sept Premiers ministres et une dizaine d'équipes gouvernementales, soit un gouvernement tous les 12 mois.
Excepté les gouvernements de transition de Mohamed Ghannouchi et de Béji Caïd Essebsi, les autres ont été formés à la suite d'élections législatives, libres et transparentes. L'instabilité gouvernementale est, en effet, la tare de la Constitution de janvier 2014 adoptée par l'Assemblée nationale constituante et elle est la résultante du code électoral qui ne permet à aucune formation politique d'obtenir la majorité absolue nécessaire, même si elle n'est pas suffisante, pour l'autoriser à gouverner seule. Elle a instauré un système politique hybride fruit de conciliabules entre des partis méfiants les uns à l'égard des autres pour empêcher que l'un d'eux puisse véritablement gouverner seul.
Le pays peine de plus en plus à retrouver son équilibre. La transition démocratique mise sur les rails semble en panne. Plus de cinq ans après l'adoption de la Constitution le 27 janvier 2014, la mise en place des institutions de la République n'est pas encore achevée. La Cour constitutionnelle, qui devrait être fonctionnelle en moins d'un an « à compter de la date des élections législatives », c'est-à-dire en octobre 2015, ne verra pas le jour de sitôt. La discordance qui règne entre les groupes parlementaires et ce désir de privilégier les intérêts partisans au détriment de l'intérêt supérieur de la Nation ont fait que les travaux de l'Assemblée des représentants du peuple se déroulent dans une atmosphère de tension et de frictions. « L'inflation démocratique » à laquelle on assiste ces derniers temps et qui se caractérise par une prolifération de partis politiques — on en est aujourd'hui à 216 — sans programmes, pour la plupart, ne pourrait aider à la promotion de la démocratie. Le déballage médiatique, la duplicité de langage, le jeu de rôle auquel certaines parties nous ont déjà habitués et le discours creux et sans âme véhiculé par d'autres ne semblent guère rassurants.
Un homme fort dans un Etat fort
Et si aujourd'hui, les Tunisiens célèbrent la liberté, ils manifestent contre la pauvreté. La transition économique se fait toujours attendre et les clignotants sont au rouge. Le taux d'endettement extérieur a presque doublé depuis 2010 et frôle les 90% du PIB. « L'investissement étranger s'est effondré et a atteint la moitié de ses niveaux de 2008-2010 ». Les défis économiques et sociaux restent entiers. Bien pis, ils vont continuer à se creuser. La monnaie nationale continue sa chute, le pouvoir d'achat s'étiole et les investisseurs ne se bousculent pas au portillon. L'économie parallèle fleurit et la contrebande sévit de plus en plus. A son tour, le taux de chômage reste élevé (15,4%) et touche de plein fouet les jeunes. L'Organisation de coopération et de développement économiques (Ocde) a, dans un rapport publié en novembre 2017, fait état du départ volontaire de 95.000 jeunes cadres tunisiens depuis la chute du régime de l'ancien président Ben Ali, en janvier 2011, pour faire leur vie ailleurs, dont 84 % en Europe.
La mauvaise gouvernance du pays et la perspective des élections législatives et présidentielle prévues pour octobre et novembre prochains rendent difficile toute tentative d'engager des réformes profondes, pourtant nécessaires.
La « révolution » n'a pas réussi à « engendrer une citoyenneté tunisienne », écrit Michel-Henry Bouchet, un éminent économiste, ancien de la Banque mondiale, dans une tribune publiée dans le dernier numéro de Jeune Afrique ( N° 3036 du 17 mars 2019). D'où « la réémergence de la figure tutélaire de Bourguiba qui avait su moderniser la Tunisie, mais aussi la nostalgie myope des années Ben Ali, où la centralisation garantissait ordre et stabilité des prix.» L'année 2019 s'annonce cruciale pour les Tunisiens qui, selon ce professeur distingué de la finance mondiale, « sont en quête d'un homme » porteur d'un message d'espoir et d'unité pour en finir avec les incertitudes et le marasme. Il pense que « la présidentielle peut enfin faire émerger une figure respectée adossée à une majorité stable pour dire la vérité aux Tunisiens et imposer la stabilité »... Pour ce faire, « il faudra la combinaison d'un homme fort, courageux et respectable, et d'un Etat fort pour que la Tunisie consolide ses institutions. Le pays bénéficiera alors d'une confiance retrouvée ».


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