NEW DELHI (Reuters) — Barack Obama a appuyé, hier, la demande de l'Inde de disposer d'un siège permanent au Conseil de sécurité des Nations unies, ce qui la placerait sur un pied d'égalité diplomatique avec la Chine, puissance rivale en Asie. L'Inde réclame de longue date ce statut de membre permanent au motif qu'il refléterait son poids croissant sur la scène internationale. Pays du G20, l'Inde contribue à tirer la croissance mondiale par son dynamisme économique et exerce une influence de plus en plus forte dans les négociations sur le commerce ou sur le changement climatique. "J'attends avec impatience dans les années à venir une réforme du Conseil de sécurité qui fasse de l'Inde un membre permanent", a déclaré le président américain dans un discours devant le Parlement indien à New Delhi. "Permettez-moi de souligner que des pouvoirs accrus vont de pair avec une responsabilité accrue", a ajouté Barack Obama au terme de la première étape de sa tournée de dix jours en Asie. Avant ce discours présidentiel, Ben Rhodes, conseiller adjoint à la sécurité nationale à la Maison-Blanche, avait précisé qu'il s'agissait d'"un soutien complet" à la candidature de l'Inde à un siège permanent au Conseil de sécurité. Réticence Depuis la création de l'Onu en 1945 au sortir de la Seconde Guerre mondiale, le Conseil de sécurité est composé de 15 membres, dont cinq sont permanents et disposent d'un droit de veto (Grande-Bretagne, Chine, France, Russie et Etats-Unis). Une réforme du Conseil de sécurité semble encore loin d'aboutir, notamment en raison de la résistance attendue de la part de certains membres permanents face à une éventuelle dilution de leur pouvoir. Ce premier voyage officiel de Barack Obama en Inde, la plus grande démocratie du monde, semble justement autant destiné à conclure de faramineux contrats commerciaux qu'à contrecarrer l'ascension apparemment inexorable de la Chine. "Je ne pense pas que l'Inde soit une puissance émergente. Elle a émergé. L'Inde est un acteur de premier plan sur la scène internationale", a-t-il souligné avant son discours, lors d'une conférence de presse conjointe avec le Premier ministre indien, Manmohan Singh. L'éventuelle attribution à l'Inde du statut de membre permanent du Conseil de sécurité est un processus qui ne devrait pas aboutir avant une décennie. Même aux Etats-Unis, certains rechignent à accorder le droit de veto à ce pays qui a régulièrement pris position contre Washington au sein des instances onusiennes. "(Le Conseil de sécurité) ne sera pas réorganisé au cours des huit ou dix prochaines années", prédit Gurmeet Karmal, directeur du Centre d'études sur les guerres terrestres, un groupe de réflexion basé à New Delhi. "Je ne pense pas que la Chine fasse obstacle ouvertement mais elle incitera certains de ses alliés à voter contre toute initiative en ce sens", dit-il.