L'achat par téléphone portable connaît un grand essor dans le monde. Ce paiement «mobile» est une nouvelle application permettant de régler ses achats avec son téléphone portable. On parle également de paiement «à proximité» ou de «transaction sans contact», dans la mesure où aucune connexion physique n'est nécessaire entre le téléphone mobile et le terminal de paiement à la caisse du commerçant ou du prestataire de services. Adoptés pour faciliter les transactions des citoyens, c'est-à-dire pour acheter et payer à distance, ces opérations s'effectuent en une fraction de seconde. Ces nouvelles applications connaissent une grande expansion appelée à couvrir rapidement le monde entier, grâce à la convergence technologique entre le téléphone mobile et les services bancaires. Et c'est en vue d'assurer la veille technologique et d'examiner l'état de l'art dans la région arabe, dans le domaine du paiement électronique et connaître les derniers développements au niveau mondial, que l'Organisation arabe des technologies de la communication et de l'information (Aicto) a organisé, les 23 et 24 février, à Tunis, un colloque international sur le thème du "Paiement par téléphone mobile; réalité et perspectives dans le monde arabe". Une manifestation organisée conjointement avec le Bureau de consulting international " Arthur D. Little". Un taux de croissance de 79% De nos jours, dans plusieurs pays, le citoyen a la possibilité de payer ses factures, ses tickets de concerts ou de train, divers billets ou services et plein d'autres transactions en utilisant le téléphone portable. Il s'agit d'une transaction qui se fait par portable, suivant laquelle une personne envoie de l'argent à une autre personne. Par exemple, un consommateur achète un service auprès d'un marchand ou d'un prestataire de service, ou consomme un produit. Il va pouvoir payer par téléphone mobile. Cette nouvelle application connaît déjà un grand essor dans les pays émergents. Elle a enregistré en 2009 un taux de croissance de 76 %. «Tout le monde sait utilisé le téléphone portable. Donc, l'intégration dans ce nouveau système est plus facile que l'utilisation de l'Internet surtout que certains pays ont une faible pénétration d'Internet", explique M. Karim Taga, directeur du bureau de Tunis d'Arthur D. Little. Mais ce nouveau service n'est pas qu'un palliatif à Internet, il a ses avantages spécifiques. C'est un moyen qui limite l'utilisation du cash, puisque tout se fait d'une manière virtuelle, par le transfert électronique. C'est une solution efficace, sécurisée, rapide et immédiate. Donc promise à un avenir certain. A la condition d'avoir sur le marché, des acteurs qui poussent vers cette solution. Car le premier constat pour cette nouveauté est que les opérations réussies de M-Payment dépendent des opérateurs et des services bancaires. Aujourd'hui, les gens sont tous branchés sur la téléphonie mobile, surtout les jeunes, d'où la multitude des occasions offertes dans ce domaine. Associé à un moyen de communication qui s'est imposé partout, le M-Payment va apporter un grand changement dans la vie quotidienne de tout un chacun. Surtout que c'est une solution fiable et assez pratique. Mais, il faut garantir tout un processus pour assurer la réussite de cette opération, laquelle nécessite la mise à contribution de nombreux acteurs, notamment, et en premier lieu, les opérateurs de téléphonie mobile et les banques, ainsi que les commerçants et les clients, soit tous les utilisateurs de portable. Mais, avertit M. Taga, «nous avons remarqué que les banques ne veulent pas prendre tous les risques». Messagerie instatanée Ce paiement par mobile, qui devient une réalité palpable dans plusieurs régions de monde, diffère d'un pays à l'autre. Chaque marché est déterminé d'une façon différente. Actuellement, il n'y a pas un modèle clair de paiement mobile, et c'est au pays et aux acteurs locaux de développer ce service. En Tunisie , le M-Payment est à un stade émergent. La première application vient de voir le jour vers la fin de 2008. Actuellement, les clients des deux opérateurs de téléphonie mobile ont la latitude d'offrir à leurs clients la possibilité de recharger leur solde ou le solde d'un proche via leur téléphone mobile et en utilisant une carte bancaire. Le principe du paiement par portable est ainsi acquis et techniquement au point. Reste à en étendre l'usage. Ce mode de paiement est nouveau en Tunisie, précise M. Ali Jaouahdou, directeur de la télématique et de la Banque directe, à la STB. Il explique : «Le client et le commerçant devront s'affilier à ce service pour bénéficier de ses avantages. Le client demandera une autorisation à sa banque, qui va lui donner un numéro de jeton. Ce numéro sera communiqué au commerçant, qui va devoir le valider en utilisant la technologie USSD. Une technologie gratuite, rapide et sécurisée. La durée de vie d'un numéro de jeton est de 30 minutes». USSD (Unstructured Supplementary Service Data) correspond à : Données de service supplémentaires peu structurées. Il s'agit d'une fonctionnalité des téléphones portables généralement associée aux services de téléphonie de type temps réel ou de messagerie instantanée. Le démarrage réel de l'expérience de la STB en matière de M-Payment sera pour la fin de mois de mai. En premier lieu, cette application se propose de couvrir certains paiements comme les taxis ou les frais de pharmacie. En second lieu, le M-Payment va toucher les achats faits en grandes surfaces. «Le M-Payment va peut-être augmenter quelque peu les dépenses des familles, mais il va grandement faciliter la vie quotidienne des gens», argumente M. Jaouahdou. Il est vrai qu'il va remplacer aussi bien le carnet de chèques que le porte-monnaie.