A force de jouer avec le feu, l'Espérance a failli se brûler les doigts face aux East End Lions de Sierra Leone, un adversaire "décomplexé", nullement sous pression et venu surtout pour faire de la résistance face au détenteur de l'édition de 1994 Quand l'Espérance appuie sur le champignon, l'adversaire vacille. A Freetown, après avoir été surpris par la réussite des Sierra-Leonais, le représentant tunisien s'est résolument porté vers l'avant et a pris option sur la qualification en quelques minutes, bien avant la pause. C'est probablement ce scénario-là qui a fait que l'EST n'a pas sorti le grand jeu à Radès, se contentant d'une victoire étriquée qui a mis du temps à se dessiner. Qu'à cela ne tienne, les enseignements sont nombreux et les joueurs, unanimes, semblent avoir retenu la leçon, et ce, pour ne plus connaître des sueurs froides. Cela dit, un bref aperçu du match nous enseigne que l'EST a évolué sans véritable régisseur de métier, vu l'absence de Darragi, relevé par un Bouazzi qui a rempli sa part du contrat sans toutefois disposer de la palette du stratège "sang et or". Bouazzi est toutefois à créditer d'une bonne sortie avec un joli but à la clé. Autre variante fut de placer un latéral droit, en l'occurrence Janvier, sur le couloir droit, et ce, en l'absence de Mskani, convalescent. Là aussi, Janvier n'a pas démérité, mais il lui manquait ce culot offensif et ce punch propre à l'international Youssef Mskani. Hormis cela, l'ossature n'a pas été chamboulée avec toutefois Naouali préféré à Arbi Mejri, le retour du pivot Korbi aux côtés du Camerounais Roger et le maintien de Souissi en réserve. Evoluant en 4-4-2, l'EST a pris son adversaire à la gorge dès les premiers instants du match, trouvant la faille par l'excellent Roger et corsant la note à la demi-heure de jeu grâce à Bouazzi. Dans le même temps, Korbi a ratissé large alors que les deux avants, Michael et Ayari, ont pesé sur la défense adverse par leur abattage. Des lignes compactes, une bonne occupation du terrain et un pressing haut sur l'adversaire, les poulains de Benzarti avaient les cartes en règle pour passer un après-midi assez calme. Qu'est-ce qui s'est donc passé par la suite? L'EST a-t-elle sous-estimé la réaction des East End Lions, leur insolente réussite et leur bravoure? Ne pas vendre la peau de l'ours... Un fait est certain, l'EST a semblé avoir vendu la peau de l'ours avant de l'avoir tué. Toutefois, c'était sans compter sur les ressources et l'orgueil des gars de Bab Souika, portés, il est vrai, par un public en or. Belle leçon d'humilité que celle administrée par les visiteurs. Face à un adversaire supérieur à tous les niveaux, les Sierra-Leonais ont méthodiquement évolué selon les moyens du bord en optimisant leurs atouts de manière rationnelle. Prônant une orientation en 4-5-1, le staff technique des "Lions" a maintenu l'insaisissable Mohamed Kabia en pointe, soutenu en phase d'attaque par Kanu. A eux deux, ces deux compères ont mis à nu les défaillances défensives de l'EST. Vif et rapide à souhait, Kabia a fait prévaloir sa vitesse et sa vivacité pour s'en aller battre Naouali. Kanu s'est quant à lui montré opportuniste pour trouver le bon angle à l'entrée de la surface de réparation. Deux buts éclairs, ayant eu le mérite de secouer une EST qui s'est par la suite portée massivement en attaque. Un ensemble chevronné, c'est aussi des individualités de valeur. L'électron libre, Michael Eneramo, surgit et d'un "heading" libère les siens...Notons au passage deux changements tactiques importants effectués par les deux staffs techniques. Mené au score et en infériorité numérique, le technicien des East End Lions a joué le tout pour le tout et a opté pour un 3-4-3 qui s'est avéré porteur. Un coup de poker qui aurait pu avoir raison des locaux. Dans le même temps, Faouzi Benzarti a préféré quant à lui sortir un attaquant, K.Ayari, au profit d'un pivot, Souissi. Des choix qui ont vraisemblablement été concluants cash. Cela dit, au bout du compte, c'est l'EST qui a glané son ticket pour le tour suivant, non sans avoir tiré plusieurs enseignements de cette confrontation. Les joueurs "sang et or" n'ont pas fait la fine bouche en fin de rencontre, et se sont montrés lucides et même sévères avec eux-mêmes, à l'image de Wisem Nawali: "Cette victoire acquise dans la douleur doit et va nous servir de leçon, de repère, pour ne plus baisser notre garde, jusqu'au coup de sifflet final. L'on va s'y atteler pour corriger quelques imperfections apparues ça et là". Les paroles du portier "sang et or" sont relayées par celles de l'attaquant K.Ayari : "A 2-0, l'on a cru trop tôt à la victoire. Le retour de manivelle a failli nous coûter cher. Nous devons rester rigoureux, appliqués et solidaires tout au long du match, même si nous disposons d'une avance sécurisante. Le football ne répond à aucune logique. Vous en avez eu la preuve avec un adversaire libéré, n'ayant rien à perdre et qui a cru en ses chances jusqu'au bout. Nous en tirerons les conclusions qui s'imposent pour ne plus imposer pareil scénario à notre public". Comme dit le dicton, "Faute à demi avouée, faute à demi partagée". D'après leurs déclarations, les joueurs sont unanimes et se sont montrés exigeants et sévères avec eux-mêmes. C'est le propre d'un ensemble sur le qui-vive de manière permanente, d'un club qui vit sous pression, et d'une équipe qui a acquis cette culture de la gagne, indépendamment de la forme du moment.