La 14e édition du prix Sanofi-Aventis de recherche médicale a été décerné, samedi, au Dr Emir Boukhriss, assistant hospitalo-universitaire au service de neurologie de l'hôpital de Sfax, et au Pr Mongi Ben Hariz, professeur à la faculté de Médecine et pédiatre à l'hôpital Mongi-Slim à La Marsa. La valeur matérielle du prix décerné à chacun des deux lauréats est de 5.000DT. Mais la valeur morale est de loin plus considérable. En effet, ce prix acquiert une symbolique toute particulière. Depuis son instauration, il incite les chercheurs et spécialistes dans le domaine médical à l'élaboration de maintes études et recherches visant à résoudre certains problèmes de santé jusque-là récalcitrants. Il contribue, également, à la vulgarisation des résultats de ces recherches à l'échelle internationale notamment dans les revues scientifiques les plus renommées. D'autant plus que l'esprit de compétition qui anime les candidats ne peut que les motiver et les pousser à s'impliquer davantage dans ce sens. Depuis sa création, en effet, quelque 250 travaux de recherche ont été présentés, ce qui traduit clairement la dynamique de la recherche médicale dans notre pays. A la présente édition du prix ont répondu présent l'ambassadeur de France en Tunisie, le professeur Mohamed Gueddiche, président du jury, le directeur général de la Cnam, le directeur général de la santé, le président du Conseil de l'Ordre des pharmaciens et le président du Conseil de l'Ordre des médecins. Dans son allocution, le professeur Mohamed Gueddiche a salué les efforts du laboratoire organisateur pour les actions fournies dans le but de contribuer à l'alimentation de la Tunisie en médicaments mais également pour l'organisation de ce «prix rassembleur» qui réunit les chercheurs autour d'une compétition de haut niveau et booste la recherche médicale. Il a rappelé que la recherche médicale bénéficie d'un intérêt considérable de la part du Chef de l'Etat. Il a indiqué, en outre, que ce prix constitue le 2e prix de son genre après le Prix du Président de la République pour la recherche médicale et qu'il a permis, en fait, à d'autres laboratoires d'opter pour cette tradition. Le professeur Gueddiche n'a pas manqué de souligner l'importance de telles traditions qui favorisent la publication des travaux couronnés dans des revues internationales, lesquelles représentent des repères de distinction entre les pays en la matière. Il a indiqué que l'évaluation à partir de laquelle ont été départagés les travaux présentés a privilégié ceux élaborés en Tunisie et à partir des moyens locaux. Sept travaux présentés Cette année, ce concours a regroupé sept travaux touchant à divers domaines de la recherche médicale, à savoir le cancer du sein et la taille tumorale des cancers inflammatoires (hôpital Salah-Azaïez), le taux de cortisone chez les diabétiques et les obèses ( hôpital La Rabta), les cancers gastriques ( hôpital La Rabta), le dépistage de la maladie cœliaque (hôpital Mongi-Slim), le traitement de l'insuffisance pancréatique (Institut Pasteur), la maladie de Strompel Lauren ( hôpital de Sfax) ainsi que le domaine nucléaire. La parole aux lauréats Les candidats cherc-heurs ont reçu le trophée sanofi-Aventis en guise de reconnaissance pour leur mérite; un trophée remis par M. Mondher Zenaïdi, ministre de la Santé publique. Le suspense n'a pas duré longtemps et les lauréats ont été aussitôt couronnés. «Ce travail concerne une maladie héréditaire du système nerveux connue comme maladie de Strompel Lauren. C'est une maladie orpheline incurable, qui est présente depuis plus de 100 ans. Nous avons cherché à connaître les causes de cette maladie. Nous avons trouvé un nouveau gène ( le SPG 11) que nous avons tenté de tester chez les patients. Pour ce, nous avons fait du porte-à-porte. Nous avons constaté, en outre, que dans certaines familles, les patients atteints ne consultent même pas. Pourtant, la mutation est très fréquente dans notre pays. Ce travail nous a donc permis de franchir un pas important, celui du diagnostic», explique Dr Emir Boukhriss. Le deuxième lauréat, qui a reçu le prix ex æquo, est le professeur Mongi Ben Hariz, de l'hôpital Mongi-Slim à La Marsa. Son travail a été focalisé sur le dépistage de la maladie cœliaque. «La maladie cœliaque est une maladie fréquente en Tunisie. Elle touche aussi bien l'adulte que l'enfant. Il s'agit d'une intolérance au glutène, qui est une protéine existant dans les farines de blé et d'orge. Intoléré, le glutène induit une anomalie importante de la surface de l'intestin qui cause une mauvaise absorption des aliments. Elle se manifeste par une diarrhée chronique, un ballonnement abdominal et des signes de malnutrition. Chez l'enfant, l'on peut déceler un retard de croissance qui peut être sévère», indique le professeur Ben Hariz. Et d'ajouter que selon une étude effectuée à Djerba, il s'est avéré que la fréquence de cette maladie est 10 à 15 fois plus importante qu'on le croyait. «D'autant plus que beaucoup d'enfants atteints ne sont pas diagnostiqués», fait remarquer notre interlocuteur. Le travail réalisé par le professeur consiste en la découverte d'une technique de dépistage innovante sous forme d'un test rapide effectué à partir d'une goutte de sang et à l'aide d'une bandelette. «En fait, cela ressemble au test de glycémie. C'est simple, rapide et ne nécessite pas un personnel qualifié. Cette découverte promet des perspectives importantes à l'élargissement du dépistage», renchérit Pr Hariz.