• Les femmes mais aussi les hommes croient de plus en plus au pouvoir thérapeutique des plantes et viennent demander conseil et se faire prescrire un remède traditionnel chez l'herboriste Au fond d'une arcane de la vieille médina, au souk El Blat, une vieille échoppe ne désemplit jamais. La boutique, trois mètres sur trois, croule sous les bottes de plantes séchées qui pendent du plafond ou qui traînent à même le sol dans des cartons poussiéreux. Dans cette caverne d'Ali Baba, on vient chercher de quoi soigner tous types de maux et de bobos : eucalyptus, thym, gingembre, ginseng, cire d'abeille, mélange d'huiles naturelles, onguents... qui s'entassent dans un désordre indescriptible. Et dans ce bric-à-brac, le jeune herboriste sait, comme savaient si bien le faire son père et son grand-père, trouver le remède miracle pour faire taire une mauvaise toux, soigner un rhumatisme récalcitrant ou redonner espoir à une jeune femme. Cet engouement signe, ainsi, le retour en force des bonnes vieilles recettes de grand-mère à base d'herbes et de plantes. En effet, on vient consulter cet herboriste dont la renommée s'est construite de bouche à oreille, quand le traitement prescrit par le médecin n'a pas l'effet escompté sur les symptômes ressentis. Grippe, bronchite… et remèdes à base de plantes Notre herboriste reçoit tous les jours des hommes et des femmes qui croient de plus en plus au pouvoir thérapeutique des plantes et qui viennent le consulter pour demander conseil et se faire prescrire un remède pour soulager leur mal. Lundi dernier, un vieil homme toussant fort s'est fait prescrire du martkouche, du halhal et du kholjlane, trois plantes à infuser dans quatre litres d'eau à boire pendant une semaine à raison de deux verres par jour. «Il s'agit d'un remède très efficace et qui a déjà fait ses preuves», nous explique l'herboriste qui tient cette recette de son père. Pour soigner la grippe, il conseille de faire infuser une botte de ces plantes dans un litre d'eau, à boire également à raison de deux verres par jour, matin et soir. Pour ceux qui souffrent de ballonnements et de maux d'estomac, le jeune homme propose un remède à base de besbes el hendi sous forme de tisane, qui soulagerait rapidement crampes et sensations de nausées. Grâce au "savoir" hérités de son père pendant de longues années, aucune partie du corps et aucune spécialité n'a de secret pour lui. Pour un homme qui vient lui demander un remède pour son cancer de la prostate, il lui prescrit sans hésitation du khnennej, une plante à infuser dans un litre d'eau et à boire à raison de deux verres par jour. Seconde jeunesse L'impuissance masculine a aussi son remède : un mélange de dhakkar ennkhal, houboub elikah, hayet enoufouss et du ginseng peuvent être consommées avec du miel. L'herboriste s'intéresse aussi aux questions liées à l'esthétique qui préoccupent hommes et femmes: devant une calvitie prononcée ou pour arrêter la chute des cheveux, le «phytothérapeute» propose du thoum edhkar qu'on broie et qu'on mélange avec de l'huile d'olive pour en faire un onguent avec lequel on s'enduit le cuir chevelu. A une personne qui souffre d'eczéma, l'herboriste propose de prendre une variété de plantes dont du kebrid, de la skrala qu'il faut broyer et mélanger ensuite avec de l'huile ou du smen (beurre salé). Aux jeunes filles et aux femmes qui ont tenté toutes sortes de régime et qui désespèrent de maigrir, l'herboriste conseille de prendre de la marmaria, du soja et du vinaigre de pomme. Et pour celles qui désirent retrouver une seconde jeunesse, l'homme vante un mélange d'huiles qui ferait des miracles. Une cliente fidèle, rencontrée sur place ne jure que par lui : «Je souffre depuis longtemps d'hémorroïdes, on m'a conseillé de me soigner avec des plantes. Cet herboriste m'a proposé un onguent qui m'a vraiment soulagée. Depuis, je m'approvisionne ici, dès qu'une crise se déclenche. Nos grands-mères se soignaient avec des remèdes traditionnels, à base de plantes qui fonctionnaient à merveille». A une ère où la recherche est à son apogée, la médecine traditionnelle, paraît-il, a encore de beaux jours devant elle. Gare cependant aux pseudo-remèdes et autres fausses recettes car les risques sont grands.