Si Aziza Amir avait posé la première pierre du cinéma égyptien, le 16 novembre 1927, il se trouve qu'une véritable armée de comédiens, d'artistes et de techniciens a construit, pierre par pierre, ce formidable édifice bientôt centenaire et qui résiste admirablement à l'air du temps, ne prenant presque aucune ride. Nous vous proposons un aperçu des principaux bâtisseurs de l'avenir, des figures marquantes qui ont su apporter bonheur et émerveillement aux cinéphiles. Ce n'est ni un inventaire exhaustif, ni une revue d'effectif complète. Tout juste quelques spécimens célèbres. Anouar Wajdi, le polyvalent Producteur, réalisateur et acteur, il a commencé sa carrière en 1935, en jouant un petit rôle dans un film de Youssef Wahby Addifaâ (La défense). Puis vint le tour d'un rôle plus important dans d'autres films comme Al azima en 1939 (La volonté). Le film est considéré comme son premier véritable rôle, où il incarne le personnage d'un jeune richard libertin. Pourtant, c'est Kamel Sélim qui va lui confier un rôle de héros dans Kadhiat el youm (L'affaire d'aujourd'hui). En 1945, il attaquait le domaine de la réalisation à l'occasion du film Leïla Bent El Foukara (Leïla fille des pauvres) avec Leïla Mourad et Anouar Wajdi en 1945, Leïla Bent El Aghnia (Leïla fille des riches), avec Leïla Mourad aussi, produit par Wajdi lui-même. Ses principaux films ont été Kalbi dalili (1947) - Anbar (1948), Ghazl el banat (1949), Amir el intikam et Yasmine (1950), Habib errouh et Qatr enadaa (1951), Bent el akaber, Rïa wa skina et Dahab (1953), Arbaa banat wa dhabet et son dernier film Jounoun el hob (1954), avec Rakia Ibrahim, Imed Hamdi et Souleïmane Néjib Bacha dans une réalisation de Mohamed Karim. Faten Hamama, la Diva C'est la dame des écrans arabes. L'actrice la plus marquante dans l'histoire du cinéma arabe. Qui ne connaît pas ses rôles dans Mawaad maâ el hayet (Rendez-vous avec la vie), Lahn el khouloud (Le chant de l'éternité), La anam (Je ne dors pas), Attarik el mesdoud (L'impasse), Siraâ Fil Minaa (Lutte dans le port), Beïna el atlal (Entre les vestiges), Douaâ el karaouène (La prière du rossignol), Al haram (Le péché), La wakt lil hob (Pas de temps pour l'amour), Alleïla al akhira (La dernière nuit), Lam aatarif (Je n'avouerai jamais), Saïdou el kasr (La dame du château, Al khaït arafiâ (Le fil ténu). Faten Hamama a été décorée des plus hauts insignes et remporta les plus grands prix. Imed Hamdi : un réalisme éclatant Le plus célèbre jeune premier. Il a débuté comme simple fonctionnaire aux studios Misr. En 1947, sa carrière cinématographique prenait son envol dans Assouk essaouda (Marché noir), réalisé par Kamel Tlemçani, lequel échoua lamentablement. D'ailleurs, Imed a failli abandonner le cinéma n'eut été le réalisateur Salah Abou Seïf qui le convainquit de jouer le premier rôle dans le film Daymen fi kalbi (Toujours dans mon cœur), le premier long métrage d'Abou Seïf. Imed Hamdi jouera par la suite dans un grand nombre de films dont nous citerons Sett el beït (La dame de la maison) Hayet aw maout (Vie ou mort) — Al Manzel raqm 13 (La maison n°13), Mawad maâ essaada (Rendez-vous avec le bonheur). Chatiou adhikrayet (Plage des souvenirs), Leïla men omri (Une nuit dans ma vie), Al Hermène (La frustration), Hatta neltaki (En attendant nos retrouvailles). Imed Hamdi s'est rendu célèbre par ses rôles romantiques avant de camper des personnages traduisant des positions et des conflits sociaux réalistes. C'est notamment le cas du film Oum el aroussa (La mère de la mariée). En 1976, il a reçu le Prix du meilleur acteur au Festival international du cinéma du Caire pour son rôle dans le film Al modhniboun (Les pécheurs). Mahmoud El Melligi, le boulimique C'est l'acteur qui aura le mieux incarné le rôle du malfaiteur, du bandit, de la brute, du comploteur. Pourtant dans le film Al ardh (la terre) de Youssef Chahine, il a crevé l'écran dans l'interprétation du paysan authentique, courageux, fier et attaché à sa terre. En 1933, ses débuts au cinéma coïncident avec le rôle d'un jeune premier devant Fatma Rochdy alias «La Sarrah Bernhardt de l'Orient», dans le film Azzawaj (Le mariage). Il se convertit très vite dans les rôles d'un homme abject, violent, sans foi ni loi et cynique. Pourtant, de temps en temps, on a pu se rendre compte qu'il savait faire autre chose que cela : dans Ayam wa layali (Jours et nuits), Jamila Bou Hired, Hikayet hob (Une histoire d'amour)… où les personnages qu'il incarne se caractérisent soit par leur tendresse, soit par leur bonté, ou par leur bravoure. Après plus d'un demi-siècle de carrière cinématographique au cours duquel il joua dans cinq cents films (selon sa déclaration), sans compter ses œuvres à la radio, au théâtre, à la télévision et au cinéma. A son actif également la production de 12 films, dans lesquels il a joué le rôle principal. Parmi les films de sa production Al moughamar (L'aventurier), Sajin abou zaâbel (Le prisonnier d'Abou Zaabel), Souk essilah (Le marché des armes), Al malek el abiadh (L'ange blanc), Nahnou bachar (Nous sommes des humains)… Souad Hosny, le Cendrillon Surnommée Le Cendrillon, Souad Hosny a effectué son baptême du feu dans le personnage de Naïma à l'occasion du long métrage de Baraket Hassen wa Naïma, visionné le 5 mars 1959 au cinéma Miamy, Le Caire. Elle y jouait à côté du grand chanteur Mouharram Foued. Dans le film Al banat Wa Saïf (Les filles et l'été), Souad Hosny est la sœur de l'inoubliable Abdelhalim Hafez. Puis ce sera Ghossn Ezzeïtoun (Le rameau de l'olivier), Assafira Aziza (L'ambassadrice Aziza), Saghira Alal hob (Trop jeune pour l'amour), Azzaouja athanïa (La seconde épouse), Al Qahira 30, Bir El Hermane (Le puits de la frustration), El hob édhaya (L'amour perdu), Nadia, Chourouk wa ghouroub (Lever et coucher du soleil), Cheyoun minal adhab (Quelque chose de la souffrance), Khali balek min Zouzou (Méfie-toi de Zouzou), Al ikhtiar (Le choix), Ala man notlikou arrassas ? (Sur qui tirons-nous les balles?), Amiratou hobbi ana (Princesse de mon amour), Al karnak, Chafika wa Metlwali. Souad Hosny a excellé dans l'incarnation des personnages les plus complexes et les plus difficiles. Une fois elle est paysanne dans Azzaouja athania, une autre fois, elle est l'archétype de la jeune fille moderne et dans le vent dans Ichaât hob (Rumeur d'amour), puis elle devient Mouna, la jeune fille gaie et qui aime croquer la vie à pleines dents dans le long métrage Nadia d'Ahmed Badrakhane, où elle se transforme subitement en une fille posée, douce et romantique. Soit deux facettes d'une même fille dans un même film.