Que sa famille et ses amis nous pardonnent, dans la foulée des évènements liés à la Révolution, nous n'avons pas pris connaissance de la triste nouvelle: le décès, le 15 janvier 2011, du cinéaste tunisien Mustapha Hasnaoui. Peu de gens le connaissent. Le visage et le nom de l'artiste apparaissaient rarement dans les médias. Nous l'avons rencontré pour la première fois lors de la troisième édition de Doc à Tunis en avril 2008. Le festival avait réservé, à l'époque, un écran en hommage à sa carrière de documentariste. Le cinéaste se préoccupait de problématiques qui concernaient le monde arabe. Sa passion du cinéma date des années des ciné-clubs de Sfax, sa ville d'origine. Lorsqu'il est parti en France, il a commencé par s'occuper des immigrés, dans le cadre d'une fédération, en tant que responsable d'une section culturelle. "J' encadrais des jeunes qui n'avaient pas d'ouverture "savante" sur leurs origines et n'avaient de culture que l'oralité de leurs parents", nous a-t-il déclaré en se prêtant à nos questions lors d'un entretien paru sur cette page même il y a 3 ans. Hasnaoui aimait se sentir utile. Il pensait que ses études jamais terminées en politique, en sciences de l'éducation et en architecture, ne l'aideraient pas à s'exprimer comme au cinéma. C'est ainsi qu'il réalisa son premier film sur le thème qu'il maîtrisait le mieux: l'émigration. Depuis, Mustapha Hasnaoui s'est consacré au rapprochement des cultures. Il puisait sa matière dans le chant, la poésie, l'opéra et l'histoire arabe. Son Cv comptait jusqu'à 2008 une quarantaine de films documentaires. A l'époque de la troisième édition de Doc à Tunis, il n'avait pas encore réalisé de films sur la Tunisie. Il rêvait néanmoins d'un documentaire sur l'écrivain et homme de lettres, Mahmoud El Messadi. Mais le plus urgent pour lui était d'aborder la peine de mort dans les pays arabes… A-t-il réussi à faire aboutir ses projets? Il n'a pas eu le temps de nous en parler. Aux JCC 2010, la dernière fois où nous l'avons croisé, il venait en tant que membre du jury de l'atelier des projets. Il nous a salués de loin, souriant, timidement…