A Kairouan, la vie reprend petit à petit son rythme habituel et les embouteillages au centre-ville se font de plus en plus remarquer. Les services publics fonctionnent normalement et les circuits de distribution ont été bien approvisionnés. Les grandes artères, les banques, les bureaux de poste et les édifices publics sont encore protégés par l'armée. A côté de cela, les agents de l'ordre et les cadres de la sécurité (environ 150) ont commencé le 31 janvier une grève ouverte pour revendiquer l'amélioration de leurs situations sociales et leurs salaires, et leur refus de l'idée de création d'un syndicat indépendant. En outre, ils souhaiteraient la révision du règlement intérieur, la création d'un syndicat général élu, la gratuité des soins médicaux et des transports pour eux et pour leurs familles. Enfin, ils voudraient qu'on combatte les symboles corrompus de l'ancien régime et qui sont encore implantés dans le corps de la sécurité. Ces derniers jours, on constate une certaine anarchie à Kairouan à cause de l'occupation illégale de marabouts et de lots de terrain appartenant à l'Etat, le pillage de propriétés publiques et privées et d'entrepôts de marchandises, la coupe d'eucalyptus sur la route périphérique, le braquage des citoyens et la présence de voitures suspectes dont les conducteurs n'hésitent pas à tirer, selon des témoins. C'est pourquoi, les unités de l'armée, de la sécurité et de la protection civile font la chasse, de jour comme de nuit, à ces fidèles de l'ancien régime qui veulent fomenter des actes désespérés pour faire avorter le processus d'adhésion de l'UGTT aux nouvelles orientations de l'Etat. Indemnisation des victimes Les autorités compétentes ont commencé l'indemnisation des familles des victimes et des blessés. Ainsi, un montant de 20 mille dinars (1ère tranche) a été accordé à la famille de l'unique martyr kairouanais Mohamed Saïd Kasraoui, 23 ans, tué le 13 janvier par un sniper. Pour les blessés, un montant de 3 mille dinars par personne est prévu. Mais toutes les familles ont insisté sur l'urgence de traduire en justice les personnes ayant causé la mort ou de blessures graves. Partout des poubelles On a constaté ces derniers jours des tas de poubelles dans les quartiers de la ville. La grève des équipes de ramassage et de nettoyage en est la cause. On apprend dans ce contexte que la commune de Kairouan a répondu favorablement aux doléances des agents vacataires et contractuels. Fatma Zaghouani