Fidèle à son agenda, notre confrère Mohamed Kilani vient d'enrichir la bibliothèque sportive d'un ouvrage, le guide annuel du football tunisien, un livre devenu au fil des années un outil de référence pour les professionnels de l'information sportive Ainsi, l'édition 2010-2011 dépeint le football tunisien comme un corps à la recherche d'une nouvelle identité, d'un nouveau souffle. Chercher le remède adéquat aux problèmes du football roi du pays, mettre fin au pragmatisme des décideurs sportifs de tous bords et aux enchères sportives qui ne peuvent que déséquilibrer les budgets des clubs, repenser le cadre légal du football et joindre le texte au contexte, instaurer des chartes en vue de moraliser le sphère du ballon rond, le rubriquage rigoureux proposé par Mohamed Kilani est on ne peut plus exhaustif, ce qui ne peut que rejaillir positivement sur les diverses réflexions entamées depuis quelque temps sur le football tunisien. Crise de croissance... L'auteur pose d'entrée la question relative aux raisons d'une certaine déliquescence du sport roi. Le football traverse-t-il une crise de croissance ? Aux regards des prestations décevantes de notre équipe nationale et à la tenue d'ensemble de la compétition nationale, la question se pose avec acuité. Ainsi, la réflexion engagée après l'amère élimination en coupe du monde 2010 a été rapidement rattrapée par la dégradation du paysage sportif et les errements de la sélection aux éliminatoires de la CAN 2012. Transposée aux clubs, la situation est vécue au gré des résultats techniques qui peuvent balayer toute une structure technique... L'instabilité des joueurs est l'autre tare qui freine la qualité au vrai sens du terme. Au demeurant, ce sont les joueurs et leurs agents qui dictent leur volonté et font la loi sur le marché des transferts, mettant les clubs devant le fait accompli et optant pour des contrats à très courte durée afin d'écumer les produits des négociations à une fréquence qui déstabilise les clubs. Les rivalités internes entre dirigeants, les interférences, les luttes intestines et les désaccords improductifs à terme, Mohamed Kilani brosse un portrait réel de la scène footbalistique tunisienne, tout en proposant, comme à l'accoutumée, des témoignages, des portraits, une (méticuleuse) tendance générale avec chiffre à la clé, ainsi qu'un regard sur la triptyque scientifique, sportive et managérial du football européen.