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Peut-on tout se permettre ?
Au nom de la révolution
Publié dans La Presse de Tunisie le 11 - 02 - 2011

Depuis le 14 janvier 2011, la Tunisie, à l'image d'une chenille dépourvue des ailes de la liberté, s'est métamorphosée en un sublime papillon auréolé des couleurs d'une Intifada (soulèvement populaire) aux faubourgs d'une révolution amorcée sur les terres du martyr Mohamed Bouazizi et soutenue par une jeunesse désireuse de dignité et d'une vie meilleure.
Certes, la Tunisie a connu son indépendance un certain 20 mars 1956, mais pour la plupart des citoyens tunisiens, il a fallu 55 ans pour goûter aux délices et aux béatitudes de la vraie indépendance. Jamais le simple Tunisien n'a été aussi fier par sa tunisianité (le «minimum» commun et partagé qui permet de nous définir ou du moins de nous distinguer des autres peuples). Telle une fraîche brise matinale, en plein mois d'août caniculaire, la révolution de l'orgueil et de la dignité «‑made in Tunisia‑», commence à gagner d'autres cieux avec ses vertus comme en témoigne la place Tahrir, du côté du Caire. Pour la petite histoire, on a tort de croire que la Tunisie vient de glaner le titre honorifique de «‑meneur‑» des pays arabes car elle l'a été depuis toujours comme l'atteste l'histoire contemporaine. Primo, la Tunisie a été le premier pays arabe à abolir l'esclavage (le 23 janvier 1846) même bien avant des pays comme la France (27 avril 1848) ou les Etats-Unis (18 décembre 1865).
Secundo, le premier pays arabo-musulman à se doter d'une Constitution, et ce, le 26 avril 1861 (20 ans avant le protectorat français). Tertio, le premier pays arabe à interdire la polygamie (en 1957). Quarto, le premier pays à avoir autorisé l'interruption volontaire de grossesse, et ce, depuis 1973 (loi n°73-2 du 26 septembre 1973) et l'un des rare pays qui n'imposent aucune condition légale à l'avortement durant la période légale (hormis le délai et l'encadrement médical), ce qui fait de ce pays une des exceptions du continent africain. Enfin, le premier pays au monde ayant réussi en ce début de XXIe siècle une révolution démocratique et surtout pacifique, tout en utilisant Internet via les réseaux sociaux (twitter et facebook) et dire «‑dégage‑» à son dictateur.
Des opportunistes amnésiques…ad nauseam
En effet, la révolution tunisienne se distingue des autres mouvements du «‑régime change‑» par son côté pacifique et ses aspirations civiques : un excellent leitmotiv révolutionnaire joignant la réforme des idées, et la puissance de l'acte. Mais depuis que Zinochet a mis les voiles à destination de Jeddah, la Tunisie vit au rythme de la valse des retourneurs de veste pour ne pas dire des caméléons en mode homo sapiens. Des prédateurs qui ne cessent de foisonner dans les médias tunisiens tels des champignons. Des opportunistes amnésiques ad nauseam qui n'ont rien à avoir avec la jeunesse qui s'est soulevée du côté de Sidi Bouzid, de Kasserine et de Thala pour brandir le fameux slogan « Liberté, égalité et dignité ». Au contraire, la Tunisie rurale vient d'être usurpée de sa révolution au détriment d'une pléiade de prédateurs (intellectuels, journalistes autochtones ou de la diaspora, des vrais faux opposants ou des pseudo-défenseurs des droits de l'Homme) chauds bouillonnants, installés du côté de Tunis, qui pullulent comme les méduses sur nos rivages en fin d'été et continuent de sévir sur les plateaux de télévision en incarnant le rôle de porte-voix d'une Tunisie martyre dans laquelle ils ne se sont jamais prononcés publiquement, ni ne sont venus en aide aux régions de l'intérieur du pays crevant de faim… ad nauseam.
En revanche, quand on parle de révolution, il y a la face de la médaille (les acquis comme la liberté d'expression, le processus démocratique, etc.) et il y a le revers de la médaille qui ces derniers temps s'est résumé dans l'anarchie causée par les mouvements de grèves ayant éclaté un peu partout dans le pays et caractérisés par l'égoïsme de certains de nos concitoyens. Et on se pose la question suivante‑: au nom de la révolution, peut-on tout se permettre‑? Pour toute matière grise rationnelle et responsable, la réponse serait : non !
Une activité commerciale « trotteuse »
Est-ce qu'au nom de la révolution, il est légitime que l'avenue Habib-Bourguiba, vitrine d'une Tunisie moderne et civilisée, se transforme en un souk hebdomadaire avec des commerçants qui installent illégalement leurs étalages et leurs brouettes sur le trottoir pour vendre leurs marchandises‑: glibettes, papiers-mouchoirs, etc.‑?
Par ailleurs, pas loin de l'Avenue, du côté de la rue de Jamal Abdenasser, place Barcelone, rue de la Grèce et autres, l'exception est devenue réalité, et les commerçants colporteurs se sont sédentarisés pour transformer nos trottoirs en étalages à l'image de ce qui se passe du côté du souk Sidi Bou Mendil : vaisselle, électroménager, fruits et légumes et Allah yarham Bouazizi (Que Dieu accorde Sa miséricorde à Mohamed Bouazizi) comme l'atteste par exemple une pancarte d'un vendeur d'oranges à Nabeul installé au grand centre commercial. En contrepartie, plusieurs commerçants titulaires d'une patente et de locaux se plaignent de ce phénomène social qui ne cesse de miner un secteur de plus en plus en difficulté. Il faut dire que ces commerçants payent des sommes astronomiques comme frais de loyer et parfois de grosses enveloppes pour s'octroyer le fonds de commerce du local. En outre, certains locaux ont vu leurs fonds de commerce revendus à des sommes d'un milliard de nos millimes. Et on se demande comment un commerçant qui paye de telles sommes puisse tolérer l'implantation d'étalages, de brouettes et des commerçants clandestins dans la même rue où il exerce pour vendre parfois les mêmes produits. Décidément, on ne parle plus de commerce mais plutôt d'une activité commerciale « trotteuse »
Est-ce qu'au nom de la révolution, et au nom de revendications sociales (purement personnelles), nos éboueurs ont le droit de laisser les artères de Tunis telle une décharge publique, pour ne pas dire une poubelle à ciel ouvert ?
Peut-on se permettre, au nom de la révolution, de construire sur les routes et les biens publics, comme c'est le cas du côté de La Marsa ?
Est-ce qu'au nom de la révolution, tout citoyen vivant dans une maison comme locataire doit demander un logement ou bien exiger une augmentation de salaire auprès de son employeur ? Certes, nul ne s'oppose au droit universel de protester ou de faire grève, mais le gréviste devrait assurer un service minimum (surtout au niveau du secteur du transport) comme c'est le cas dans les pays occidentaux où la grève est une tradition bien ancrée.
Juste pour la petite anecdote, lundi dernier, un des manifestants faisant un sit-in devant le siège du gouvernorat de Tunis, pour légitimer ses revendications, nous a déclaré : «‑C'est l'occasion ou jamais de demander une augmentation de salaire ou un logement. Qui peut garantir qu'après les élections, le président élu tiendra compte de nos revendications‑?‑». Voilà ce qu'on appelle de l'optimisme‑!
Manifestement, si le dictateur Ben Ali a quitté le pays avec dans ses bagages l'équivalent de la moitié de la dette tunisienne, une autre forme de dictature a pris place et qui, si elle a tendance à prendre plus de relief, finira par délabrer les sacrifices de nos martyrs et annihiler la «‑juste‑» cause de notre révolution. Cette nouvelle forme de dictature se nomme chez certains «‑Chacun pour soi et Dieu pour tous‑» et chez d'autres  «‑égoïsme‑»!


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