• Une caravane de fraternité et de solidarité, aujourd'hui, en direction de Kasserine, sous la houlette du martyr Zouheïr Souissi, alors que la perle du Cap Bon souffre d'une paralysie quasi totale de son activité touristique C'est une ville frappée de plein fouet par le ralentissement flagrant de l'activité touristique, son principal gagne-pain, qui s'apprête, aujourd'hui, à conduire une caravane de solidarité en direction de Kasserine. Hammamet organise, en effet, à partir de 7h00 du matin, une caravane de fraternité et de solidarité pour les habitants de la capitale des steppes, dont la région abritait le gouvernement du patriarche Grégoire le Byzantin au VIIe siècle ap. J.-C. Placée sous la houlette de l'âme du martyr Zouheïr Souissi, dont le nom a été donné à la place centrale, celle du Borj, la caravane a été également placée sous le signe du «Mouled» que nous fêtons, aujourd'hui. Geste hautement symbolique de cette ville mondialement connue pour sa douceur de vivre et sa richesse, fruit du tourisme, historiquement né dans ces contrées. Hautement symbolique aussi, alors que la Cité des Jasmins est quasi endormie. Même ce dimanche 13 février, avec son soleil radieux et sa brise légère, n'y pouvait rien. Le tourisme intérieur était aux abonnés absents. «C'est une véritable crise que nous vivons, du jamais vu de mémoire d'homme. Tous les hôtels ou presque sont fermés et le personnel permanent est au chômage technique». C'est ce que nous a confié, amer, le gérant d'un restaurant gastronomique du centre-ville, tout près de la baie à la beauté inégalée. Fantôme, la Médina est silencieuse, obscure et glaciale, les quelques échoppes ouvertes (cinq ou six sur une centaine et plus) l'étaient pour des travaux d'entretien. Même la mosquée était fermée en ce début d'après-midi. Tristesse, tristesse, tristesse. «Rappelez-vous que ce sont des cadeaux que nous allons offrir à nos frères de Kasserine. Donc, ne faites pas don de n'importe quoi s'il vous plaît!», hurle l'animateur du stand de la caravane dressé sous une belle tente à l'ombre du Fort entre deux couplets d'une chanson de rap. «Nous avons également une liste de médicaments qui manquent à l'hôpital de Kasserine établie en concertation avec les responsables de cette institution», insiste l'animateur, reprenant son appel en français. Yasmine-Hammamet, le profond sommeil N'ayant subi pratiquement pas de gros dégâts (un immeuble au centre-ville, dont les premiers niveaux ont été incendiés est visible), la Cité des Jasmins est, par contre, optimiste. «Avec les promesses des autorités allemandes, britanniques et françaises, l'activité pourrait redémarrer bientôt», nous a confié encore notre restaurateur. Un vieux couple européen a fait alors son entrée. A l'avenue principale, des jeunes, avec leur accent spécifique algérien, se pressaient pour commander des sandwiches chez un fast-food. Nos voisins Maghrébins ont, rappelons-le, participé à sauver plus d'une saison touristique. Bien gardée par une unité de l'armée nationale, la station touristique Yasmine-Hammamet est une vraie ville-fantôme. Rares sont les voitures qui y circulent, et le centre d'animation est quasi désert ce dimanche, pourtant propice aux sorties. Espérons que les nuages un peu sombres se disperseront bientôt pour laisser la place à un ciel «dégagé».