Une impression de déjà- vu submerge la rue, une angoisse nous assaillit et nos vieux démons refont surface. Le scénario devient récurrent, redondant, même chute, mêmes acteurs, mêmes alibis... Semblable à ce qui s'est passé le 14 janvier, des pseudo-casseurs entrent en jeu, donnant le signal de l'offensive, comme en témoignent les propos (publiés sur le Net) de Nayress B.G., une étudiante de 24 ans rencontrée sur Facebook: "Au moment des confrontations avec les Bop, j'étais là! A même pas dix mètres des Bop!! Je le jure sur mon honneur. Personne ne les a attaqués, ils ont assiégé la place depuis hier (le 27 janvier) et en fin de matinée, l'armée s'était retirée pour faire un cordon du côté du palais municipal. Après, un groupe d'adolescents a surgi de nulle part (certains disent qu'ils ont été manipulés exprès pour donner un prétexte à l'intervention des forces de l'ordre), ils ont attaqué les Bop en criant "A bas le gouvernement!" et ont ensuite vidé les lieux! En réponse à cela, les Bop ont tiré trois coups de gaz lacrymogène (rue Bab Bnet, près de la place du Tribunal). A ce moment-là, on a entendu crier du côté des manifestants " Ne ripostez que lorsqu'on vous frappe" et on les a vu utiliser les barrières pour créer une séparation entre eux et les Bop. Entre-temps, nous autres femmes, les autres personnes qui se trouvaient sur les lieux (qui n'étaient pas là pour manifester) et avec nous des reporters internationaux, nous nous sommes dirigés vers le palais municipal pour échapper à l'odeur étouffante du gaz. Et jusque- là, aucun des manifestants n'a riposté mais cela n'a pas empêché les Bop d'avancer dans leur direction et encore rien du côté des manifestants... Nous avons viré vers 9-Avril et les Bop (à pied et en voiture) nous ont suivis jusque là-bas, en continuant à tirer des grenades lacrymogènes. En courant, on s'est couvert les visages grâce à nos cache-cols! Il y avait plein de monde (femmes, jeunes, étrangers...) qui courait dans tous les sens, certains sont tombés, d'autres encore ont perdu conscience. C'était horrible! Et les Bop ne nous ont pas lâchés jusqu'à arrivés à la grande rue du 9-Avril(des deux sens)!" "L'information est notre seule arme contre l'oppression" Encore une fois, la Toile d'une manière générale et facebook plus particulièrement se font le miroir de la réalité, le lendemain des répressions plus que violentes et acharnées de la Kasbah, des vidéos et des témoignages inondent ce site. Indignation et dénonciations étaient au rendez-vous. Une vidéo témoignant de la mort d'un homme âgé, par asphyxie provoquée par le gaz lacrymogène, une autre encore, plus que significative, montrant des casseurs qui lancent des pierres sur les manifestants sous couvert des forces de l'ordre qui les regardaient sans réagir. Et cela s'est poursuivi, notamment, lors d'une manifestation organisée le lendemain matin devant le palais de justice en soutien pour les manifestants arrêtés (traqués et jugés), donnant encore l'alibi à des représailles des forces de l'ordre ou encore le même jour (l' après-midi) lors de manifestations organisées par des représentants de la société civile, durant lesquelles des femmes, de l'Association Tunisienne des Femmes Démocrates (ATFD), ont été insultées et menacées par une bande de malfaiteurs, surgis de nulle part, sous les yeux des forces de l'ordre qui ne sont même pas intervenus alors que ces malfrats étaient munis d'armes blanches!!! "Ce sont les milices du RCD", rétorquent certains(si ce n'est une grande majorité) et le hasard s'épuise à force de soutenir leur présence à chaque fois qu'on clame la dissolution du parti de Ben Ali, car à chaque fois ils surgissent comme par magie! Ce sont eux-mêmes (au su et au vu des forces de l'ordre) qui ont harcelé, menacé, provoqué (par les moyens les plus infâmes) les manifestants de la "caravane de la liberté" durant leur séjour à la Kasbah. Pourtant, et malgré ce bouillonnement d'informations sur le Net, à la télé nationale et dans les autres médias, on continuait à défendre la thèse de violences réprimées par les Bop sans images aucunes, sans témoignages valables, juste une information énoncée sans grandes convictions, affirmant que des armes blanches ont été confisquées chez les manifestants qui ont par ailleurs (le gaz lacrymogène donne des ailes, paraît-il!!!) trouvé la force (après une grève de la faim épuisante) de saccager des commerces et de s'attaquer à un métro...! Pire encore, l'on nie, carrément, l'existence de blessés après l'intervention des Bop, alors que des médecins bénévoles de Médecins sans frontières (MSF) attestent de leur existence. A la place, l'on parle, plutôt, de blessés dans les rangs des forces de l'ordre! "A la radio, ils disent que ce sont les manifestants qui ont lancé les hostilités, c'est un mensonge!! Ce sont les Bop qui les ont attaqués et les ont dispersés! Allez savoir maintenant, il doit y avoir sûrement des morts et c'est normal vu que certains des manifestants, blessés et d'autres encore sont usés par une grève de la faim, n'arrivaient même plus à marcher. Ils les ont coincés comme des rats! De mon côté, avec d'autres personnes, on était un groupe de 7 et les autres peuvent attester de la véracité de mes dires! Quand j'étais à la Kasbah , je ne comprenais pas la position des manifestants qui sont, quand même, restés après la nomination du nouveau gouvernement. Maintenant si: rien, absolument rien n'a changé dans les pratiques de la dictature! On demeure toujours un pays de violence et de violations! Pourquoi je me mettrai en danger en publiant cet article si ce n'était pas vrai? Ceci est le devoir de toute personne détenant des informations: soyez honnêtes! Soyez responsables SVP! L'information est notre seule arme contre l'oppression! dénonce encore Nayress. A bon entendeur!