L'activité Mice touchée de plein fouet. Des mesures d'accompagnement s'imposent. Interrogé sur la situation qui prévaut dans le secteur du tourisme en Tunisie, M.Tahar Sayehi, président de la Ftav, a indiqué que pour les tour-operators programmant la Tunisie «les perspectives pour la saison été 2011 ne sont pas bonnes et les réservations accusent un grand retard qui se situe en moyenne et au mieux autour de 55% pour les principaux marchés. Les chiffres avancés par les TO en disent long. A titre d'exemple, Thomas Cook France est à -54%, ITS à -50%, Thomas Cook Allemagne à -55%, Settemari à -70%, Alpitour à -95%, Luxair à-60% sur Djerba et -77% sur le continent, Jet Air à-43%. Ceci dit qu'on est en moyenne à -60% pour la majorité des T.O. Ce qui se traduirait pour une agence de voyages de taille moyenne d'un déficit sur son C.A de 1,7 million de dinars. Soit 17 fois son capital. A vous de deviner le reste». En effet, depuis le début de la révolution en Tunisie, les annulations tombaient en cascade. «Selon la Snav, 45% des clients ont changé de destination pour aller aux îles Canaries, en Grèce, en Turquie, mais surtout en Espagne», a ajouté M.Sayehi. Et même si l'on pourra redresser la barre pour certains marchés, il est cependant sûr qu'on a perdu définitivement l'activité Mice. «Les annulations pour les congrès, conférences et incentives, sont systématiques et irréversibles», explique le président de la Ftav. C'est que «les freins à la vente sont encore multiples et les mises en garde de voyages en Tunisie sont encore en vigueur dans certains pays» ajoute-t-il. Le président de la Ftav, qui souhaite une action diplomatique pour la levée de ces restrictions aux voyages, demande aussi la fin du couvre-feu institué pour certaines régions du pays. «Comment voulez-vous qu'on fasse du tourisme si le client ne peut ni sortir en excursion, ni partir en circuit?», se demande M.Sayehi. Pour lui, tous ces indicateurs laissent à croire que le secteur sera sinistré et «laissera de profondes séquelles» sur les acteurs du tourisme en Tunisie, a-t-il souligné. En effet, face à cette sinistrose ambiante, le président de la Ftav ne semble pas partager l'optimisme du ministre du Commerce et du Tourisme et a même préconisé des actions d'urgence pour venir en aide aux protagonistes du secteur. A cet effet, une lettre a été adressée aux responsables du secteur les exhortant à adopter certaines mesures au profit du secteur. Une lettre restée sans réponse. Toutefois, le ministre du Commerce et du Tourisme a promis une audience aujourd'hui pour étudier ces mesures d'accompagnement proposées par la Ftav. «Nous avons proposé au ministre du Commerce et du Tourisme quelques mesures d'urgence afin de préserver l'activité des entreprises touristiques et de permettre ainsi aux employeurs de préserver les postes d'emploi dans le secteur. A cet effet, nous avons demandé une grâce totale de six mois pour le paiement des taxes. Une autre grâce de six mois sur le paiement des charges patronales de la Cnss. Un report de six mois pour le paiement des impôts sur les sociétés relatif à l'année 2010 et des tiers provisionnels relatifs à 2011. Nous avons demandé également la suspension du règlement de la retenue à la source pendant six mois. Nous avons sollicité aussi un rééchelonnement des crédits bancaires et de leasing sans frais additionnels, la facilitation des crédits d'exploitation, le gel des augmentations des prix de carburants et la révision à la baisse des tarifs des billets d'avion dans le sens Nord/Sud.». Interrogé sur l'action de la Ftav qui est jugée molle par certains adhérents, le président de la Ftav a indiqué que «la Ftav n'est pas très forte, mais elle est respectée et écoutée. Ce n'est pas à la Ftav d'être forte, mais c'est à la profession de l'être. Les bases de cette forteresse sont déjà jetées avec la création de la Maison du tourisme et la création de l'Union tunisienne du tourisme, dont les statuts ont déjà été déposés auprès des autorités». En effet, il s'agit d'un vaste chantier pour fédérer les troupes sous un même toit : restaurateurs, loueurs de voitures, caléchiers, guides, transporteurs, compagnies aériennes, agents de voyages, hôteliers, etc. L'objectif étant de se serrer les coudes pour échafauder les solutions idoines aux problèmes qui perturbent encore la profession. Ces dossiers épineux sont nombreux et se situent à plusieurs niveaux : dossier recouvrement, celui des mauvais payeurs, les négociations sociales, le problème de la caution Iata, la révision des cahiers des charges, le transport touristique et d'autres volets dont le président de la Ftav s'est abstenu de parler avec la presse par respect à ses adhérents qu'il a convoqués en assemblée générale ordinaire le 26 mars. Cependant, M.Sayehi, souhaiterait tant tenir «une assemblée générale élective si les adhérents le souhaitent», a-t-il conclu.