Les problèmes se ressemblent dans la majorité des universités et instituts supérieurs tunisiens avant et après la révolution. Un grand nombre d'étudiants se désintéressent des études car les perspectives d'emploi sont, selon eux, peu rassurantes. En plus, ils vivent hors de l'enceinte de l'université dans une situation précaire. Plusieurs étudiants n'assistent pas aux cours. Le rapport entre les étudiants, les enseignants et l'administration n'est pas non plus au beau fixe.Il existe une certaine rupture qui ne profite à personne. Le programme pédagogique est également mis en cause par nombre d'enseignants alors que les chercheurs se considérent comme peu favorisés et ne disposent même pas d'un statut. Doléances transmises à qui de droit Lors d'un Forum organisé hier à la Cité des sciences par un groupe d'enseignants pluridisciplinaires, tous les problèmes vécus par les universités ont été mis sur le tapis par les enseignants. Les étudiants et les enseignants ont organisé, après la révolution, des manifestations exigeant le départ du recteur, du directeur et des membres de l'administration qui ont été à l'origine, selon leurs dires, de plusieurs dépassements. Dans une école d'architecture, nombre de problèmes ont été soulevés par les étudiants. Une commission a été constituée à cet effet pour transmettre leurs doléances à qui de droit car elle n'a pas de pouvoir décisionnel. A la faculté des Sciences de Tunis, les examens ont été reportés plus d'une fois à cause des manifestations. Certains étudiants réclament une salle pour la prière dans l'université. D'autres sont allés plus loin en aménageant à leur propre initiative une salle de prière.Dans l'une des universités, on a été obligé de faire appel à l'Armée nationale pour apaiser les querelles. Eviter la poursuite de la rupture Dans plus d'une université, il a été décidé de consacrer une salle commune pour organiser régulièrement des réunions entre les enseignants et les étudiants et débattre ainsi des problèmes et préoccupations des uns et des autres. Cela permettrait de rapprocher les deux parties et d'éviter la poursuite de la rupture. Par ailleurs, plusieurs enseignants sont contre les nominations des conseils et préférent les élections. Ils s'entendent également sur plusieurs points avec leurs étudiants.Une enseignante a même été accusée par l'administration de manipuler ses étudiants pour les inciter à la révolte. Elle rejette cette accusation estimant que cette façon de penser amoindrit les étudiants qui ont atteint un degré de maturité et de conscience politique les habilitant à prendre l'initiative sans être guidés par qui que ce soit. D'autres enseigants ont été accusés d'avoir signé une pétition de soutien en faveur de Ben Ali pour les élections, ce qu'ils nient catégoriquement, indiquant qu'une telle pétition a été rédigée et publiée à leur insu. Les ensignants ont également beaucoup à redire au sujet de la gouvernance au sein de l'université et du programme pédagogique pour les années à venir.