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Manifestations multicolores
14 janvier 2013
Publié dans La Presse de Tunisie le 15 - 01 - 2013

«Il y a deux ans, en ce même jour, nous étions un seul peuple», pouvait-on lire sur une pancarte portée par une femme visiblement émue.
Personne, en effet, ne pouvait imaginer qu'après deux ans d'un mouvement populaire sans précédent, pendant lequel tout un peuple a scandé un «dégage» retentissant, rythmé par un mouvement élégant mais ferme de la main, nous nous retrouvons avec des tentes disséminées ici et là sur l'avenue Habib-Bourguiba et ses périphéries, dans les quelles chacun prêche sa vérité et diabolise l'autre.
Oui, c'est la démocratie, oui c'est un des acquis incontestables d'un soulèvement qui a fait trembler tous les dictateurs de la planète, mais certains se demandent désormais quels sont les «objectifs de la révolution» et les a-t-on un tant soit peu réalisés ? D'autres disent simplement : «Laissez-nous fêter la chute de Ben Ali, et oublions les querelles partisanes»
En ce 14 janvier 2013, l'un des aspects festifs les plus remarquables étaient incontestablement les drapeaux, de toutes les tailles et de toutes les couleurs, pourvu que le parti soit visible et attire journalistes et photographes.
Mais au-delà des festivités, les Tunisiens sont-ils véritablement d'accord sur les objectifs de la révolution ? Perçoivent-ils les urgences nationales de la même manière ? Cette journée était-elle encore une fois l'occasion pour certains partis de dévoiler de nouvelles alliances et rapprochements ?
«Ennahdha détient peut-être la légitimité électorale mais elle ne détient pas la légitimité révolutionnaire»
Devant le théâtre municipal accaparé par le parti islamiste au pouvoir, nous avons rencontré Mostafa, un militant nahdhaoui quinquagénaire, qui dit avoir souffert sous Ben Ali, croit fermement à la bonne marche de la révolution. «Si je n'étais pas certain que la révolution est sur le bon chemin je ne serais pas ici, même s'il reste énormément de choses à réaliser».
Néanmoins, il admet que pour le moment, seule la liberté d'expression peut être brandie comme un acquis non négociable de ce qu'il a appelé la révolution tunisienne.
Mais la liberté d'expression n'était sans doute pas la revendication principale des masses populaires qui se sont révoltées du 17 décembre 2010 au 14 janvier 2011, c'est en tout cas l'avis de Rami, très jeune militant du Front populaire, pour qui les revendications sont essentiellement d'ordre social : emploi et dignité pour tous.
«En tant que militant du Front populaire je suis ici plus pour rappeler les objectifs de la révolution qui ont été trahis par le gouvernement actuel, le parti Ennahdha détient peut-être la légitimité électorale mais il ne doit pas oublier qu'il ne détient pas la légitimité révolutionnaire».
Au milieu du rassemblement du parti de Nida Tounès qui a été, disons-le, en deçà de l'ampleur médiatique faite autour de ce mouvement objet de beaucoup de critiques, qui s'est cantonné à la rue Mokhtar-Attia, les présents n'étaient pas là dans une logique d'affrontement, peut-être par calcul politique, en accord avec la maxime «il ne faut pas insulter l'avenir».
«Je ne regarde pas les choses de façon complétement négative, je crois en l'unité nationale, rien qu'à voir l'Assemblée nationale constituante, nous pouvons être fier de cet acquis historique», explique Abdelkarim Drissi, avocat et coordinateur du bureau régional de Nida Tounès à Jendouba.
Pour une autre militante de Nida Tounès (qui n'a pas souhaité donner son nom), le premier objectif est de donner du travail et jusqu'à présent rien n'a été réalisé
«Les députés de l'ANC ont eu l'indécence de voter une loi pour se servir alors qu'on ne sait pas si dans deux mois nous pourrons payer les salaires, et je vous le dis clairement, si mon parti s'allie à un quelconque gouvernement nahdhaoui, alors je le quitterai».
«L'application de la charia est un des objectifs de la révolution»
Un peu plus loin, du côté de la grande horloge revêtue pour l'occasion d'un magnifique drapeau de la Tunisie, c'est un tout autre discours qui est servi à la foule.
«Cette constitution ne nous représente pas, comment les députés de l'ANC osent-ils donner une place aussi importantes aux droits et aux libertés ? Pourquoi chercher des concepts occidentaux ?», lance à la foule un imam du haut d'une estrade placée par un groupe d'imams prédicateurs.
Najib, un jeune militant islamiste, écoute attentivement les joutes oratoires de ces imams éloquents.
«Un des objectifs de la révolution est de créer un Etat islamique, peut-être que ce n'est pas le moment d'en parler, mais n'ayez crainte, nous créerons un Etat où la charia sera la seule source de loi», dit-il.
Les blessés de la révolution ne font pas la fête
Réunis sous une tente, que de rares personnes visitent, les blessés de la révolution ne fêtent pas la révolution, les visages sont fermés et le cœur n'y est plus.
Pour Wassim Abidi, organisateur et coordinateur du réseau national de la justice transitionnelle : «Le coté spectacle nous rappelle un certain temps lorsque les gens mouraient et que le régime en place faisait partout des fêtes, mais c'est vrai que nous ne pouvons pas empêcher les gens de fêter la révolution».
Très en colère contre tous et tout le monde, y compris les organisateurs de la tente en faveur des blessés de la révolution, Nasseur Massoudi, blessé le 1er janvier 2011 à Kasserine, estime qu'il assiste depuis deux ans à une très mauvaise pièce de théâtre dans laquelle des partis se chamaillent, sans rien donner au pays.
«Seule une nouvelle révolution fera basculer les choses, cette fête ne rime absolument à rien, des gens sont morts pour la Tunisie, et d'autres sont encore prêts à mourir pour cette terre, ici c'est la musique et les célébrations provocatrices, allez dans les régions et vous ne trouverez que les balles et la répression, je veux qu'on nous dise qui sont les meurtriers de nos frères, les mères n'ont pas encore fait leur deuil», s'indigne-t-il.
Entre Nida Tounès et le Front populaire, Al Jomhouri a-t-il choisi son camp ?
La marche très réussie des partis Al Jomhouri, Al Massar et le Front populaire a circulé tout au long de l'avenue Mohamed V.
Ces derniers temps, plusieurs tractations ont été faites entre Nida Tounès et Al Jomhouri Pourtant, en ce jour de célébration du 2e anniversaire des évènements du 14 janvier, les deux partis n'étaient pas côte à côte.
Balbutiante était la réponse de Iyed Dahmani, qui dit ne pas connaître la raison de cette séparation, car il n'a pas participé à l'organisation.
La réponse de Ahmed Nejib Chebbi était plus claire : «Pour cette manifestations, nous nous sommes mis d'accord avec le Front populaire, sauf que le Front populaire ne souhaite pas s'afficher avec Nida Tounès, mais bien sûr en tant que parti Jomhouri, nous continuons à négocier avec Nida Tounès et mon espoir c'est d'arriver à former un grand bloc démocratique».


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