• L'Union européenne appelée à s'engager clairement sur une aide la semaine prochaine BRUXELLES (Reuters) —La Grèce a pressé hier l'Union européenne de s'engager clairement sur une aide la semaine prochaine, en soulignant qu'elle pourrait être incapable de mener à bien son programme de réduction des déficits si ses coûts d'emprunt restaient élevés. Elle a cependant formellement démenti des informations de presse selon lesquelles elle pourrait demander dès le début du mois prochain l'aide du Fonds monétaire international (FMI). «Cet (article) est ridicule», a déclaré à Reuters le ministre grec des Finances, Georges Papaconstantinou. «Nous avons dit depuis le début que toutes les options étaient envisagées (...) Nous ne sommes pas plus proches du FMI aujourd'hui (qu'auparavant). Ces informations sont tout simplement stupides.» La possibilité de voir Athènes se tourner vers le FMI, initialement évoquée par un article de l'agence Dow Jones a fait reculer l'euro, ainsi que les actions et les obligations d'Etat grecques. Les investisseurs redoutent qu'il soit impossible d'assurer une certaine sécurité financière pour les membres les plus endettés de la zone euro tant que l'Allemagne éprouvera des réticences à voler au secours des pays les plus fragilisés. A Athènes, l'indice des valeurs bancaires grecques chutait de près de 4,5% vers 12h45 GMT. Parallèlement, la prime exigée par les investisseurs pour détenir des obligations grecques à 10 ans plutôt que leurs homologues allemandes s'élevait à près de 310 points de base (pdb) après avoir augmenté un peu plus tôt de 16 pdb par rapport à la veille, à 319 pdb. Devant une commission du Parlement européen, le Premier ministre grec Georges Papandréou a estimé que les mesures d'austérité draconiennes annoncées par son gouvernement socialiste illustraient la volonté du pays de contribuer à la stabilité de la zone euro. Il a jouté que la Grèce mènerait à bien ses réformes structurelles nécessaires. «Pouvoir emprunter à des taux normaux» «Mais si nous continuons d'emprunter à des taux très élevés, et c'est le défi auquel nous sommes confrontés, nous ne pourrons pas maintenir la réduction du déficit que (nos) mesures fortes doivent permettre», a-t-il prévenu. Le gouvernement grec a besoin d'emprunter 53 milliards d'euros sur les marchés financiers cette année et doit refinancer près de 20 milliards d'euros de dette en avril et mai, à des taux d'intérêt que certains économistes jugent insoutenables. De fait, Athènes doit désormais verser un intérêt supérieur à 6% pour pouvoir emprunter de l'argent sur les marchés financiers. Le Premier ministre grec a expliqué que son pays souhaitait qu'une décision soit prise, lors du Sommet de l'Union européenne (UE) du 25 mars, sur un mécanisme de soutien financier si cela s'avère nécessaire. Il a néanmoins assuré que la Grèce ne réclamait aucune assistance financière, qu'elle ne ferait pas faillite et qu'elle ne sortirait pas de la zone euro. George Papandréou espère qu'un soutien visible de l'UE entraînera une baisse du coût du crédit et rendra inutile une sollicitation de la Grèce pour une aide financière auprès du FMI. La menace d'un recours au FMI Selon le Daily Telegraph, la Grèce pourrait se tourner vers le FMI en empruntant de l'argent auprès de l'institution à un taux d'intérêt de 3,25%, soit un chiffre inférieur d'au moins un point de pourcentage à celui d'une aide éventuelle de l'UE. Certains analystes estiment cependant que le spectre de la première intervention du FMI dans la zone euro est davantage une tactique pour accroître la pression sur les partenaires européens de la Grèce afin de parvenir à un accord sur un mécanisme de sauvetage. Pour autant, des sources du gouvernement allemand ont indiqué que Berlin ne verrait plus, comme initialement, d'un mauvais œil une intervention de l'institution dirigée par Dominique Strauss-Kahn auprès de la Grèce. Des diplomates européens ont déclaré que cette situation traduisait les pressions politiques et juridiques en Allemagne contre un sauvetage de la zone euro en faveur de la Grèce, et constitue peut-être aussi une tentative de contre des tactiques grecques, en suggérant que la carte du FMI n'est pas une arme nucléaire. Néanmoins, certains membres de l'UE, notamment la France, considèreraient comme un échec majeur de l'unité politique et monétaire de l'Europe si l'un des leurs était amené à solliciter une aide financière à l'extérieur.