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Sidi Amara : Au printemps de l'esprit
Sur les routes
Publié dans La Presse de Tunisie le 28 - 03 - 2011

C'est le printemps. Dans le ciel, sur le sol et dans les cœurs, c'est le printemps. Bien sûr, printemps rime avec nature, et celle-ci avec culture.
Nous avons repris la route pour nous glisser parmi les champs de blé en herbe et les tapis de fleurs jaunes, rouges et mauves qui ondulent jusqu'à l'horizon. Notre sortie n'est pas tout à fait semblable aux précédentes sur ces mêmes itinéraires. Pensez : rouler sur des centaines de kilomètres sans voir le moindre uniforme, cela vous procure un sentiment assez singulier fait de surprise, de satisfaction et d'appréhension mêlées. Quand on a été habitué sa vie durant à se heurter à des contrôles policiers à espaces réguliers et plutôt rapprochés, on finit par installer des flics dans sa tête. Et leur absence soudaine et prolongée finit par mettre mal à l'aise. Des centaines de kilomètres sans croiser le moindre check-point ni patrouille, cela donne le vertige ; et la mesure de la liberté conquise. Oui, nous avons papillonné sur des centaines de kilomètres, souvent loin des grands axes, sans la moindre anicroche. Bien sûr, des incidents, il s'en produit toujours et partout ; tant qu'ils gardent un caractère d'exception, c'est un signe de normalité, en quelque sorte.
Nous avons, dans cette page, vocation à découvrir ou redécouvrir les trésors cachés. Désormais, nous les regarderons avec des yeux différents, cherchant à y détecter les dimensions invisibles porteuses de valeurs consubstantielles à notre identité qui disent qui nous sommes, comment nous le sommes.
Notre destination, cette semaine, c'est le lieu dit Ksar Krima ou encore Sidi Amara, en plein pays de Ouled Yacoub. Il se situe à environ 5 km au nord de la localité d'El Oueslatia, sur la route menant à Siliana. On le repère en venant du chef-lieu grâce à la blanche coupole de la zaouia de Sidi Abdallah qui campe au milieu d'un champ de ruines dont l'existence est signalée par un «avant-poste» en forme de minaret, un mausolée d'époque romaine.
L'accès au site se fait au niveau d'une intersection dont la branche de gauche mène vers le lieudit Génois (que l'esprit vagabond ne manque pas de rapprocher de Génova — Gênes, en Italie —, par le simple jeu des consonances). On s'enfonce donc à droite, par une piste poussiéreuse (quand il ne pleut pas), direction le mausolée. En fait, on est tout de suite en plein site dont une partie a été dégagée de l'autre côté de la route. Les vestiges qui affleurent à droite et à gauche n'ont rien pour retenir l'attention. A vrai dire, bien des choses ont, depuis le temps, été recouvertes par les sédiments charriés par l'érosion des flancs du jebel. On devine tout juste, au fond, à droite, les contours de la base d'un édifice de forme carrée. Tout le reste n'est qu'éboulis. Alors, on se demande si on n'a pas un peu perdu son temps avec cette halte. Le flottement ne dure pas longtemps car voici que surgit un solide gaillard qui vous accueille avec une courtoisie mêlée de méfiance. C'est le gardien du temple. Une fois rassuré sur vos intentions, il se fait un plaisir de vous piloter parmi ce chaos.
Signes et symboles
Il commencera par vous faire découvrir, derrière le talus soigneusement inspecté par des poules, un ravissant petit théâtre dont les gradins en demi-cercle ont été en grande partie conservés en bon état. Devant ce théâtre de poche aménagé dans un coin qui devait paraître aux confins du monde connu, la population disposait d'un espace de culture et de loisirs qui, aujourd'hui, fait toujours défaut à la majorité des localités tunisiennes…
Notre deuxième halte est un enclos blanchi à la chaux et dont la minuscule porte d'accès a été peinte aux couleurs nationales. Il s'agit du carré des martyrs de cette région exécutés par les autorités coloniales durant la lutte pour l'indépendance. Autre (amère) réalité à méditer : les oubliés de l'indépendance qui n'ont que leur sépulture pour toute consolation et le voisinage d'un saint personnage, Sidi Amara, pour toute compagnie.
Le mausolée est trapu. Construit à une époque lointaine avec des matériaux antiques prélevés dans le site, il semble crouler sous le poids des ans et de la piété des fidèles qui ont surchargé ses murs intérieurs de signes et symboles qui racontent, en empreintes de couleur rouille tracées au henné, les souvenirs perdus dans la brume des siècles et dont émergent, par-ci par- là, une main ou une croix pour rappeler une lointaine appartenance au monde punique ou à la foi chrétienne.  Ils tapissent les murs de tous les endroits saints de la croyance populaire, ces signes et d'autres bien plus mystérieux encore.  Des cerbères bornés de l'orthodoxie les ont badigeonnés, comme dans les zaouias de Saïda Manoubia ou celle de Sidi Ali Hattab, pour conserver à la foi sa conformité avec le dogme, le leur. Mais que savent-ils de la ferveur populaire et de ce qu'elle peut contenir de profondeurs mystiques ? Leur enracinement n'est pas seulement dans l'enchaînement des événements, il est aussi inscrit dans leur âme et pour des siècles. Et la plus bouleversante des preuves en est ce cimetière où les morts de la veille cohabitent avec ceux des siècles passés. Oui, dans une nécropole antique, où des cippes gravées de formules pour le repos de l'âme d'un «païen» (pouvait-il en être autrement, dans l'Antiquité ?) voisinent avec celles de fidèles chrétiens (gens du Livre) à quelques pas d'une tombe orientée vers la Mecque.
Hormis la citadelle, ou ce qu'il en reste, massive et de grandes dimensions, rien de spectaculaire dans ce site, si ce n'est dans le détail des vestiges dégagés. Deux grandes périodes semblent l'avoir dominé : la romaine et la byzantine. De la première, tout semble encore enfoui sous sol, à l'instar de cette partie inférieure de porte de triomphe dont la facture témoigne du degré de raffinement et de prospérité de la cité à une époque qu'il faut situer vers les III° et IV° siècles. Elle voisine avec la citadelle dont l'aménagement date de la période byzantine et dont elle porte toutes les caractéristiques architecturales marquées par le remploi désordonné de matériaux prélevés dans des édifices plus anciens pour fortifier ce qui, vraisemblablement, fut le capitole de la cité. La grandeur du passé romain se lit également dans l'alignement d'élégantes colonnes en marbre encore partiellement enfouies sous les dépôts d'alluvions, ainsi que dans la perfection des décorations de chapiteaux ou de linteaux en marbre.
Il est recommandé d'errer dans ce site sans autre objectif que de s'imprégner du mystère qui en émane. Et lorsqu'on parvient à s'arracher au sortilège, et quelle que soit la suite de son trajet, il est également recommandé de pousser deux kilomètres plus au nord sa curiosité pour tomber sous le charme du pont romain, en contrebas de celui qui, à la frontière entre les gouvernorats de Kairouan et celui de Siliana, enjambe un oued. C'est un autre moment d'enchantement.


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