" Jal Group ", leader européen de la chaussure de sécurité a fermé, depuis dimanche 27 mars, ses sites de production tunisiens. Une décision qui succède à un ensemble de faits et de perturbations sociales mais surtout suite à l'agression de certaines personnes de la direction et des menaces ouvertement adressées à M.Karim Marzouk, directeur général de Jal Tunisie. Le DG estime d'ailleurs qu' indépendamment "de ces menaces qu'il considère comme des attaques personnelles, son souci majeur serait de sauver la société et les emplois de ceux qui en vivent ". A préciser, à ce propos, que Jal Group Tunisie a mobilisé un investissement de 70 millions d'euros et offre actuellement environ 4.500 postes d'emplois, répartis sur ses trois sites de production, situés respectivement dans la zone industrielle de Menzel Jemil, la zone industrielle de Menzel Bourguiba et dans le parc des activités économiques de Menzel Bourguiba. Après la révolution du 14 janvier et les perturbations sécuritaires qui s'en sont suivies, les usines de Jal Group ont repris leur activité dès le 15 janvier. K.Marzouk note que cette décision a été prise en vue de donner l'exemple aux autres sociétés et de participer à la relance de l'économie nationale. " Après la première semaine, des revendications sociales infondées ont commencé à pleuvoir " note M.Marzouk qui précise que Jal Group Tunisie peut se vanter d'avoir été l'un des premiers groupes à avoir adopté une politique sociale qui parie sur le capital humain en tant que " principale richesse de l'entreprise" Il précise que " Jal group avait, environ, dix audits sociaux chaque année ". Cet engagement , précise le responsable, " découle de la conviction que l'engagement de l'entreprise vis-à-vis de son environnement et de son personnel est le meilleur moyen pour faire face à la concurrence asiatique et pour promouvoir l'image de marque de l'entreprise ". Cet engagement a valu également à Jal Group plusieurs certifications notamment la certification Iso 9001 version 2000 pour son système de management de la qualité et Iso 14 001 pour son système de management environnemental et certifiée OHSAS 18 001 pour le management de son système de santé sécurité au travail. Revenant sur les moments difficiles connus par l'entreprise suite à la crise économique, M.Karim Marzouk note que l'année 2008/2009 a été une année particulièrement difficile et qu'elle a été marquée par un recul de 45% de l'activité, il précise que malgré ces difficultés, la société n'a pas cherché à réduire de façon drastique son effectif et qu'elle s'est contenté d'une réduction de 8 à 10 % de son effectif. A la fin de l'année 2009, tout le groupe était au bord de la faillite, des négociations avec certains investisseurs étrangers pour le rachat de Jal Group ont eu lieu. Parmi ces acquéreurs potentiels, note-t-il encore, il y avait un Indien qui souhaitait délocaliser dans son pays au moins 60% de l'activité. Un choix que M.Marzouk a tout fait pour empêcher. Il a ainsi œuvré de façon à obtenir des financements de la part des banques tunisiennes en vue de soutenir le groupe. Enfin, c'est un groupe italien renommé qui a racheté le groupe à la fin juillet 2010. Ce groupe note encore M.Marzouk était intéressé par la Tunisie en tant que site propice à l'investissement et non seulement par " Jal Group ". Depuis cette date, l'activité de l'entreprise a commencé à se redresser. Après le 14 janvier, la direction générale a veillé à adopter un discours optimiste et à rassurer les partenaires et les clients de la société. Le 21 janvier il y a eu une petite révolution et des accusations infondées ont été adressées à M.Karim Marzouk. Trois syndicats ont, ensuite, été formés dans chacun des sites de production de la société. M.Marzouk relève, par ailleurs, que les ouvriers ont été payés pour la totalité du mois de janvier bien qu'il n'y avait point de production, fait qui a couté 550 000 euros à l'entreprise. En mars il a reçu la délégation du syndicat et il a été décidé l'organisation d'une réunion générale le 24 mars. Cette réunion a été retardée par le syndicat régional de Bizerte la veille de sa tenue. Et c'est ainsi que lors de la journée qui était prévue pour la réunion, un groupe de personnes ont attaqué les locaux de la direction générale, tenté d'agresser certaines personnes de la direction et principalement M.Karim Marzouk. Ce dernier a été évacué par les militaires. Depuis cette date, la société a fermé en attendant que les actionnaires prennent une décision concernant son avenir. M.Marzouk note, enfin, que " la situation d'insécurité et d'instabilité sociale risque, si elle perdure , de faire fuir un grand nombre d'investisseurs étrangers et de coûter cher à l'économie nationale" .