Par Abdelhamid GMATI Parler vrai, être précis ! Nous comptons, à ce jour, 51 partis politiques. Il se peut qu'il y en ait d'autres à être légalisés. D'aucuns déplorent cette invasion de formations politiques, nées après la révolution, et n'ayant aucune, ou si peu de représentation populaire. Prenons un autre aspect des choses et soyons positifs. Qu'attendre d'un parti politique, plus ou moins populaire, dans cette Tunisie révolutionnaire, c'est-à-dire ayant refusé et détruit tout un système politique avec ses implications socio-économiques? Justement, de faire des propositions d'un système conforme aux objectifs de cette révolution, c'est-à-dire, susceptible de mener à l'établissement de la démocratie, et la réalisation du développement socio-économique de tout le pays. Aurons-nous 51 propositions différentes ? Certes, le panorama semble riche, allant de l'extrême gauche, à la droite religieuse ; en réalité, la majorité se situe au centre. Alors, comment les différencier ? Au niveau des objectifs, tous nous disent qu'ils veulent notre bonheur. Y compris l'extrême gauche, et la gauche, avec leur « tout Etat » et leur « dictature du prolétariat ». Tous vont nous avancer les données géo-politiques de notre pays‑: 3000 ans d'Histoire, ouverte sur son environnement méditerranéen, arabe, africain, etc. On nous dira aussi que nous avons une longue et solide tradition de coopération avec les autres pays, indépendamment de leurs orientations politiques… Tout cela nous le savons. C'est pourtant ce que nous disent plusieurs partis. Ce que nous attendons, c'est de savoir comment ils pensent assurer le développement socio-économique du pays. Concrètement. Quel sera le rôle de l'Etat? Aurons-nous un Etat -providence ? Quelle sera la place du privé ? Serait-ce le libéralisme total, obéissant aux lois de la mondialisation ? Y aura-t-il un «panachage», comme l'a avancé un responsable de parti ? Quel sera ce panachage ? A-t-on pensé à la petite entreprise ? Sait-on que la petite (micro) entreprise représente plus de 95% des entreprises en Tunisie ? Des petites entreprises, familiales ou individuelles (pizzerias de quartier, cybercafés, taxis, épiciers, plombiers, etc.). Sur les 525 960 entreprises répertoriées en Tunisie, 503 636 employaient moins de 6 personnes en 2007. A-t-on pensé au financement de ces entreprises et à d'autres plus importantes? Comment réussir le développement des régions et séduire les investisseurs tunisiens et étrangers, sachant le handicap de l'absence d'infrastructures ? Et la fiscalité ? Et le transport ? Et la part de l'agriculture et de l'agroalimentaire ? A-t—on pensé à l'exportation et à la conquête de nouveaux marchés pour nos produits ? Et là, il faut être précis et efficace. Notre huile d'olive, par exemple, n'est pas demandée comme produit de grande consommation, partout dans le monde. Il y a des pays avec lesquels le transport n'est pas varié ni très développé, ce qui veut dire que cela constitue un handicap pratique et financier… C'est de cette clarté et de ces précisions pratiques et réalisables que la Tunisie nouvelle a besoin. Et non pas de vœux pieux. Là est le rôle des partis.