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Le passage du salut
Reportage - Poste frontalier de Ras Jedir


De notre envoyé spécial Abdel Aziz HALI
• «La situation sécuritaire et sanitaire du côté du point de passage de Ras Jedir est sous contrôle», dixit un militaire
Sur la longue route de Tunis à Ben Guerdane (la dernière grande ville, avant la frontière entre la Tunisie et la Libye, à 563 km de la Capitale), Khalil, un jeune âgé de 29 ans, vêtu d'une veste rouge et blanc avec le signe distinctif du Croissant-Rouge tunisien, monte à la station de Sousse, dans le bus blanc et vert de la Sntri (parti de Tunis à 20h45), à destination du poste frontalier de Ras Jedir. Il s'agit, tout bonnement, d'un bénévole parmi une centaine de volontaires œuvrant sur le terrain et rendant service à des milliers de réfugiés coincés aux frontières tuniso-libyennes. «C'est pour la 3e fois que je vais partir pour Ras Jedir. La première fois c'était il y a trois semaines. Cette fois-ci, je vais rester une semaine. J'aimerais bien passer plus de temps au camp de Choucha, mais vu que je suis inscrit au troisième cycle Beaux-arts à Sousse, alors je ne peux pas rester plus de 7 jours. Les volontaires à Ras Jedir arrivent de divers horizons. J'ai des amis de Tunis, de Radès, de Jendouba, de Gafsa etc… Et nous sommes tous hébergés soit dans des maisons louées par le Croissant-Rouge tunisien soit sur place sous des tentes dans le camp de Choucha».
Vers 4h50 du matin, le bus arrive à Ben Guerdane, Khalil nous quitte en compagnie de deux jeunes filles (toutes deux volontaires également). Vite, à bord d'un taxi, ils se dirigèrent tous les trois vers Ras Jedir pour rejoindre leurs camps respectifs. Après avoir déposé nos bagages dans un des hôtels de la ville, à 8h30, on arrive au poste frontalier de Ras Jedir. A première vue, un homme brandissant dans sa main droite une liasse de billets de dinars, nous interpelle. Il s'agit d'un agent de change guettant les voitures libyennes. «Mille dinars libyens sont à 720 dinars tunisiens», crie-t-il. A deux pas, un militaire nous accueille avec un sourire chaleureux et nous déclare : «Depuis une semaine, la situation sécuritaire et sanitaire du côté du point de passage de Ras Jedir est sous contrôle.».
Les ONG et les associations à l'œuvre
Un peu plus loin, on aperçoit, Adel Al-Dabboubi, un jeune homme jordanien, âgé de 30 ans, en compagnie de 4 jeunes filles, tous vêtus de gilets bleus. Il s'agit de volontaires travaillant avec l'OIM (Organisation Internationale pour les Migrations). On s'approche de lui pour parler de la situation aux alentours. Alors Adel nous déclare : «En tant que responsable des opérations frontalières et membre de l'OIM, je peux vous confirmer que la situation s'est améliorée ces derniers temps. On est ici chaque jour de 8h00 jusqu'à 20h00. Notre équipe est composée de 16 personnes (4 filles et 12 garçons) de nationalités différentes. On œuvre ici en compagnie des autorités tunisiennes et des agences onusiennes à l'instar de l'Unhcr (Le Haut- commissariat des Nations unies pour les réfugiés), de la FAO (Organisation des Nations unies pour l'alimentation et l'agriculture) et de l'Unicef (Le Fonds des Nations unies pour l'enfance) et le Croissant-Rouge tunisien. Notre tâche consiste à aider les réfugiés (des Tchadiens, des Soudanais, des Somaliens, des Bangladais etc.…), en leur assurant les moyens de transport nécessaires et ce pour accéder aux camps de réfugiés, ou bien pour les orienter vers l'aéroport international de Djerba-Zarzis. Comme vous le constatez, depuis quelques jours, on dénombre plus de voitures que de réfugiés à pieds».
Il faut rappeler que depuis le déclenchement de la crise libyenne, les Tunisiens, se sont mobilisés pour acheminer le maximum de secours, alors que des équipes de volontaires offraient leur aide à l'armée. Les rescapés du côté libyen ont été tout de suite pris en charge par des associations et des ONG dont le Croissant-Rouge tunisien.
Manque d'effectif dans les rangs des volontaires
Un peu plus loin, on retrouve notre ami Khalil en compagnie de cinq autres volontaires du Croissant-Rouge et tous vêtus de T-shirt blancs et tagués avec le logo de la ladite organisation. Rami Klila (21 ans et membre du comité local du croissant rouge de Radès- Ben Arous) : «Je suis ici depuis le 07/04/2011 et je compte y rester jusqu'au 30 de ce mois. Ces derniers jours, on a enregistré une entrée assez considérable de réfugiés égyptiens et africains. Notons que les réfugiés sont hébergés dans 4 camps : Choucha (géré par le Croissant-Rouge tunisien), celui des Emirats Arabes Unis, Transit (géré par les Italiens) et camp Ettaâoun (Solidarité). Ce dernier est réservé aux réfugiés arrivant de la Libye après 19 heures (heure du couvre-feu instauré par les troupes loyales de Kaddafi) où ces derniers y passent seulement la nuit pour être par la suite affectés dans les autres camps». Mohamed Ali Khairallah (31 ans, comité régional du Croissant-Rouge de Sfax), renchérit : «A l'approche du début du couvre feu en Libye, entre 16h et 18h30, chaque jour, on observe une augmentation du flux migratoire dans ce point de passage. Par exemple hier (11/04/2011), avec l'arrivée massive d'une centaine de Tchadiens et de Somaliens, il y a eu des heurts entre les militaires et ces réfugiés, car ces derniers ont voulu rebrousser chemin vers la Libye. Alors que c'est formellement interdit. Car pour retourner en Libye, il faut emprunter un autre chemin. En revanche, on salue la retenue de nos militaires qui ont su gérer la situation avec beaucoup de sang froid. Enfin, je lance un appel au Croissant-Rouge tunisien, pour leur signaler un manque d'effectif dans notre secteur».
Ils ont vécu l'enfer
Au bureau de l'Office des Tunisiens à l'étranger, on rencontre M. Ali Aloui (responsable du bureau local) en compagnie de quatre Tunisiens fraichement débarqués de l'enfer libyen. M. Aloui nous révèle : «90% des nos émigrés ont été victimes de racket ou bien se sont vus confisquer leurs passeports par les brigades de Kaddafi. D'autre part, la majeure partie de nos concitoyens n'ont pas touché leurs salaires. Certains, nous ont raconté que les troupes du Colonel leur ont proposé de l'aide pour immigrer clandestinement vers l'Italie à destination de l'île de Lampedusa. » . Il continue : «Depuis le début du conflit, le bureau de l'Office des Tunisiens à l'étranger du poste frontalier de Ras Jedir a recensé à peu près 30.000 Tunisiens fuyant le sol libyen. Et, il reste selon nos estimations à peu près 20.000 autres qui sont encore coincés de l'autre côté des frontières. Enfin, les propos des revenus sont partagés entre ceux qui racontent l'enfer vécu et ceux qui n'ont rien à signaler».
Un des Tunisiens arrivant de Misrata (à 210 km de l'est de Tripoli), nous a donné, sous le sceau de l'anonymat le témoignage suivant : «J'ai vécu l'horreur à Misrata. Ce que font subir les troupes de Kaddafi aux habitants de cette ville est du terrorisme d'Etat. Ils ont transformé cette magnifique ville en une ville fantôme et en un tas de décombres. 24h/24h, on vit au rythme des bombardements et sous les tirs des snipers des deux côtés (Insurgés et pro-Kaddafi). Du côté de l'Ecole de l'aviation de Misrata, le quartier a été complètement détruit idem pour les autres : El Mina (le port de Misrata), Al Jazira, Zaouiet El Mahjoub, etc... Dans toute la ville, il ne reste qu'un seul magasin connu sous le nom de «Borj Misrata» (la Tour de Misrata, dont le propriétaire est du côté des rebelles) pour s'approvisionner en produits alimentaires». Il renchérit : «Je m'estime heureux d'être encore en vie. Car la famille, qui me loue la maison où je réside à Misrata, est pro-Kaddafi. Et m'a aidé à m'exfiltrer de la ville. Sur mon chemin, il ne fallait jamais dire aux troupes de Kaddafi que je venais de Misrata. Mon périple a duré 4 heures (entre 21h00 et 1h00 du matin). Dans les check-points (les points de contrôle), je disais toujours que je travaillais à Tripoli. D'autre part, mon GSM et ma carte mémoire m'ont été confisqués. Ce que fait Kaddafi à son peuple, c'est du génocide».
Enfin, il reste à signaler qu'on voulant prendre des témoignages des familles et des voitures libyennes, une omerta sicilienne (la loi du silence) semble avoir été le mot d'ordre des descendants d'Omar Mokhtar donnant l'impression que la peur les suivait même en franchissant le passage du Salut.


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