Dire non à l'abus est la meilleure façon de lutter contre l'abus. A défaut d'action de désapprobation, à proprement parler, un geste, un mot, suffiraient. La meilleure défense, c'est donc l'autodéfense. Il s'agit là d'une culture à développer, à ancrer… De la théorie, passons au concret, sans plus tarder. Nous sommes dans un quartier d'une cité huppée. Un passant bien costumé fait signe au premier taxi. Et quel taxi ! A peine s'est-il installé, que les ressorts du siège ont fléchi et presque lâché ! Sur le tableau de bord, de la poussière à gogo, des restes de petit déjeuner… Sous les pieds, un semblant de tapis, couvert de détritus et de mégots ! Bref, l'anarchie et le délabrement sont si envahissants que le client se résout à quitter illico-presto le tacot. Cela, non sans placer son mot sur le scénario. «Désolé, cher monsieur, s'exclame-t-il, pas possible de continuer… Un peu de respect… Un peu de respect…» Le passager compte alors sur la solidité de ses jambes pour continuer son bonhomme de chemin… Quelques dizaines de mètres après, le même taxi est interpellé par un client, qui y monte en toute naïveté… Pour le taximan, cela a bien marché. L'air soulagé et réconforté par le tour de force manqué, il tend triomphalement la tête vers le piéton infortuné pour lui lancer : «Tant pis pour vous ! Pour moi, c'est gagné !» Non ! Mille fois non ! On gagnerait à ne pas laisser les professionnels du volant voler le confort du client ! Enfin, une petite confidence pour terminer. Le client récalcitrant n'est autre que votre modeste interlocuteur, toujours rigoriste. Par humilité, il a conjugué ses verbes à la troisième personne du singulier. Essayez ! Faites comme lui et vous verrez !