Le mano a mano continue de plus belle. Entre l'Espérance de Tunis et l'Etoile du Sahel, la lutte devient poignante, pathétique et ouverte à tous les pronostics. A six journées de la fin, bien malin celui qui peut pronostiquer la tournure que pourrait prendre la lutte pour le titre. Les deux candidats se tiennent dans un mouchoir de poche (deux petits points après vingt journées), tout devenant possible d'ici le 10 juillet prochain, terme du championnat 2010-2011. Le suspense est ménagé, les émotions fortes aussi. Personne n'aura au fond à s'en plaindre. Seulement, le public sportif a de bonnes raisons de craindre que la phase finale de la course soit accompagnée d'un échange d'accusations sur fond d'atmosphère délétère d'antan. Révolution au pas, rien de nouveau sous le soleil,doit-on plutôt admettre. Le microcosme du foot n'a pas évolué : de garde-fou, il n'en a cure. Tous les dérapages, écarts et insanités lui sont permis. Du moins, ses acteurs le se croient-ils dans une totale inconscience de leurs devoirs de l'heure. Dernier épisode de la resurgence des vieux démons‑: un joueur d'El Gawafel, Aymen Mnafeg, accuse un responsable de l'Etoile Sportive du Sahel (lequel? Il serait, dit-on incapable de l'identifier) d'avoir tenté de soudoyer trois joueurs du club du Sud-Ouest quelques heures avant la rencontre de mercredi dernier : l'attaquant Amir Omrani, le gardien Abderrahamane Baâboura et le même auteur de ces accusations, Mnafeg. Ce dernier avance qu'il avait appris les faits de la bouche de Baâboura (c'est déjà cela!). L'objectif recherché‑: inciter le trio à ne pas disputer la rencontre EGSG-ESS pour une raison ou une autre. Il est inutile de vous décrire le tollé que provoque cette histoire dans les milieux étoilés, auprès des dirigeants notamment. Mais au fait, ce pavé jeté dans la mare ne vous rappelle-t-il pas quelque chose? Il y a indiscutablement une impression de déjà vu. L'histoire des compétitions locales foisonne de ce genre d'accusations qu'on ne peut jamais prouver ou établir légalement. S'il y a vraiment anguille sous roche, s'il y a un quelconque soupçon, le sens des responsabilités veut que l'affaire soit prise en charge par le bureau d'El Gawafel lequel y donnerait la suite qu'il entend en fonction des preuves disponibles et des charges. Mais s'amuser comme cela à lancer d'aussi graves accusations, publiquement et dans les médias relève tout bonnement de l'inconscience, sinon de la provocation ! Qui sème le vent récolte la tempête, a-t-on coutume de dire. Les instances doivent réagir, au risque de laisser libre cours à ce genre de dérapages qui enveniment le climat du foot de haut niveau. Une enquête doit être ouverte : c'est le moins que puissent faire la Fédération et la Ligue pour endiguer le fléau et mettre chacun devant ses responsabilités. Il est évident qu'aucun degré d'impunité n'est toléré, a fortiori dans le cas d'aussi graves accusations aux conséquences désastreuses pour l'image de marque d'un club, quel qu'il soit. Fièvre accusatrice Il est malheureux de constater qu'on puisse répondre à l'accusation par l'accusation. Dans une regrettable fuite en avant. Dans une déplorable surenchère accusatrice. Le président de l'Etoile Sportive du Sahel, le Dr Hamed Kamoun, a répondu au joueur de Gafsa, Aymen Mnafeg, en usant de l'arsenal de défense que l'on peut deviner. Malheureusement, dans cette ambiance «frelatée», il laissa entendre que, dimanche dernier, la Jeunesse Sportive Kairouanaise aurait peut-être été surmotivée par une tierce partie, de façon peu amène à l'occasion de sa rencontre devant l'ESS. Chercher à remédier au mal par un autre mal ne représente pas à coup sûr le meilleur moyen de défendre l'éthique ou de se protéger contre des accusations de nature à salir son propre club. La moralisation du sport demeure aujourd'hui une œuvre prioritaire, a fortiori en cette phase où le pays se reconstruit, notamment au niveau de ses valeurs et de son identité.