«Toutes les choses sont reliées entre elles. Vous devez apprendre à vos enfants que la Terre sous leurs pieds n'est autre que la cendre de nos ancêtres. Ainsi, ils respecteront la Terre. Dites-leur aussi que la Terre est riche de la vie de nos proches. Apprenez à vos enfants ce que nous avons appris aux nôtres : que la Terre est notre mère et que tout ce qui arrive à la Terre arrive aux enfants de la Terre. Si les hommes crachent sur la Terre, c'est sur eux-mêmes qu'ils crachent». Ce bel extrait du discours de Seattle d'un grand chef indien des tribus Dumawish et Suquamish datant de 1854, lors de négociations avec le gouvernement des Etats-Unis et dans lequel il exprimait son refus de vendre les territoires indiens, a servi d'introduction à la rencontre tenue, hier, à Tunis, par le groupe initiative «Eco-constitution» pour débattre de l'inscription des principes d'un environnement sain dans la nouvelle Constitution tunisienne. Le temps était donc à un remarquable optimisme après les années de braise qu'a vécues notre environnement sous la houlette de l'ancien régime. Lequel régime a fort négligé la question environnementale et le droit des générations présentes et futures à «la fraîcheur de l'air, à la chaleur de la terre et à la senteur enivrante des fleurs». En présence d'un large public constitué d'experts environnementaux, de certains activistes en environnement et de bon nombre de journalistes et communicateurs, ont été présentés deux exposés traitant des enjeux actuels et des défis à relever. A la lumière de ces deux exposés conçus le groupe initiative «Eco-constitution», l'on s'est rendu compte, dans une première phase, des défaillances des politiques de développement adoptées en Tunisie des décennies durant. Cela dit, l'économie nationale était de tout temps basée sur une agriculture assez dépendante des aléas climatiques. Il s'agit notamment d'un secteur qui consomme sans modération aucune les ressources naturelles avec souvent une surexploitation irréversible. Ajoutons que le processus de modernisation était souvent bloqué, les structures agraires peu favorables et l'itinéraire technique faiblement intensifié, outre le dualisme des exploitations. Toujours dans le contexte des politiques de développement nationales sous l'ancien régime, force est de constater, selon le même exposé, que notre industrie lourde est à faible valeur ajoutée. Une industrie grande consommatrice des ressources naturelles et fortement polluante compte tenu de ses domaines d'exercice (phosphate, chimie, ciment, cellulose, etc.). Plus, il est question d'un tissu industriel basé sur certains avantages comparatifs du pays (coût de la main-d'œuvre, proximité des grands marchés et des ressources primaires…), outre sa concentration sur le littoral. Volet tourisme, l'exposé a fait remarquer que le secteur est essentiellement balnéaire et peu diversifié. Sachant qu'il est concentré sur certains sites tels que Djerba et Hammamet. Tout autant qu'il est caractérisé par une faible valorisation du patrimoine culturel et naturel. Les défaillances n'en finissent pas pour autant. Car parler de l'aménagement du territoire, c'est avant tout aborder le déséquilibre régional dont il s'imprègne. C'est aussi évoquer la littoralisation du développement économique et social (concentration urbaine sur le littoral). S'y ajoutent consécutivement le faible développement de quelques infrastructures de bases telles que le réseau ferroviaire et les autoroutes, et la faible diversification des activités économiques dans les régions intérieures. Ce qui provoque effectivement une surexploitation des ressources naturelles. Voilà les enjeux dont il faudra se rendre compte pour pallier de nombreuses défaillances et déterminer les principes à adopter et à inscrire, par la suite, dans la nouvelle Constitution afin de garantir leur pérennisation. Le deuxième exposé s'est par conséquent attardé sur les dix régles d'une bonne gouvernance de l'environnement. A commencer par l'intégration de l'environnement dans les politiques publiques générales et sectorielles. Puis, une nouvelle vision de l'aménagement du territoire. La décentralisation et la gouvernance locale. L'Optimisation du cadre juridique et institutionnel. La pérennisation du financement de l'action environnementale. La promotion de l'éco-citoyenneté et de la participation publique. Le développement des connaissances scientifiques et techniques et leur adaptation aux problématiques. Une information environnementale fiable et accessible. Le développement de la comptabilité écologique, et le partenariat public-privé. Ces principes seraient sans doute garants du droit du Tunisien à un environnement sain, une fois admis et consentis par les citoyens et inscrits dans la loi des lois. Un espoir remarquablement partagé par une assistance massive.