Ce mercredi 19 novembre 2008, nous étions une trentaine d'enseignants à participer à une réunion pédagogique à l'école primaire de Aïn Zaghouan, une petite école située entre Sidi Daoud et l'Aouina. Le thème de la journée était : L'Evaluation. On a beau parler, chercher, analyser, lire des documents, nous nous sommes séparés, après quatre heures de débats avec plus de questions que de réponses. C'est comme en philo quoi ! Tout d'abord, nous avons assisté à une leçon de lecture en 5ème année menée à merveille par une jeune institutrice enthousiaste, douée, belle comme un ange et qui maîtrise à la perfection la langue de Molière. D'ailleurs, ambitieuse qu'elle est, elle poursuit des études supérieures de français. Bref, l'ambiance était des plus chaleureuses l'inspecteur plein d'humour animait le débat. Quoi ? Une flaque d'eau en plein milieu de la salle de classe. « Tiens ! Il pleut dans la salle ! » s'exclame l'inspecteur. En effet, des gouttelettes étincelantes, accrochées au cœur du plafond se laissaient tomber une à une sur le sol, juste à nos pieds. Les instits étaient gênés, l'inspecteur aussi. Ainsi, dès que le directeur, un grand gaillard brun du sud tunisien, à un pas de la retraite, apparaît, l'inspecteur lui fit la remarque gentiment allant jusqu'à comparer la flaque d'eau à une fontaine. « J'ai écrit à l'inspection régionale depuis l'année dernière, rien n'y fit » protestait-il. A la pause-café, comme à mon habitude je suis allé inspecter les lieux. Et là où le bât blesse. A côté de la cour principale de l'école, un terrain de 500 m2 et qui fait partie de l'école, était laissé à son triste sort, pire, la terre était sale et caillouteuse. Quelqu'un, peut-être l'un des deux agents de service de l'école a fait brûler du bois, des branches. Un cercle noirâtre, couvert de cendre et de vieux fumerons éparpillés ça et là apparaît. Vraiment c'était un panorama des plus lugubres. Voilà ce que proposent les adultes de l'école à leurs petits. Alors que ce terrain aurait dû être au moins un terrain de basket-ball ou de volley-ball ou mieux il serait un potager où les élèves planteraient des tomates, des oignons et même des rosiers, des sapins, des bougainvilliers et ils en feraient un verger. Pourquoi pas ? Pour cela il aurait fallu des éducateurs initiés, zélés et qui auraient la main verte. D'ailleurs, les programmes à tous les niveaux proposent aux élèves des thèmes qui parlent de la préservation de l'environnement de la protection de la nature, du respect des arbres pour apprendre aux élèves à aimer la nature et à embellir leur environnement. Comment voulez-vous inculquer à vos enfants l'amour du beau, du propre du sain de la verdure, de la faune, de la flore bref de l'esthétique, alors qu'ils ont à longueur de journée et en face de leurs yeux un environnement hostile, moche, triste et pas du tout écolo ? Ces futurs adultes, plus tard sauront-ils aimer la verdure, les roses et les plantes ? Planteront-ils des arbrisseaux : des mimosas et des sapins pour embellir leur jardin ? Ou brûleront-ils tout à leur passage comme l'a fait jadis l'agent de service de leur école ? J'en ai des doutes. Aussi, comment voulez-vous que ces élèves soient concentrés, motivés et attentifs à la leçon alors que dès qu'il pleut dehors, il pleut dans leur salle de classe ? Je n'en suis pas sûr. Pour en arriver là. A qui la faute ? Est-ce à l'inspecteur de la circonscription ? Trop bon, qui ne veut causer du tort à personne, alors il ferme un peu les yeux. Est-ce au directeur de l'école ? Sans doute, usé par tant d'années de service, dépassé par les événements et qui attend que l'heure de la retraite sonne pour quitter les lieux sain et sauf et s'en aller au bled, savourer la Zoumïta. Oui, mais ces enfants, ces futurs adultes y avez-vous pensé ? Car ces enfants - élèves vivent dans une école triste, sans âme, sans personnalité mais alors, une école vraiment pas belle du tout. Fethi Ben Chaâbène Professeur des écoles Ecole primaire, avenue Bourguiba - La Marsa