Il fut un temps où la radio et la télévision tunisienne servaient de moyen de sensibilisation des masses populaires à un comportement civique, leur apprenant les règles de la politesse et de la courtoisie. Or aujourd'hui, au bout de plusieurs décennies d'éducation et de sensibilisation, on constate un retour dans nos rues vers des pratiques d'un autre âge. Un grand nombre de citoyens tunisiens ne semblent pas avoir appris à marcher sur les trottoirs. Ils traversent la chaussée sans même regarder les voitures et quand une voiture freine, ils insultent le conducteur. Lorsqu'il y a un pont pour piétons, ils ne l'empruntent jamais, par paresse, préférant risquer leur vie et celle des autres, en slalomant entre les automobiles, sur l'autoroute. Quant aux conducteurs, ils devraient d'abord apprendre à ne plus s'arrêter sur les passages piétons aux feux rouges, empêchant les gens de traverser en toute sécurité. Ils devraient surtout ne pas griller les feux et autres stops, lorsqu'il n'y a pas de policier. Après tout, on ne peut pas mettre un agent derrière chaque feu rouge. Et puis il faudrait qu'ils soient moins portés sur le klaxon, d'abord parce qu'il assourdit les passants, sans déranger les autres voitures et ensuite parce qu'il ne résout pas le problème. Si la voiture qui est devant eux avait la possibilité de passer, son conducteur avancerait sans plus attendre… Et il y a aussi cette fâcheuse tendance qu'ont certains automobilistes à jeter toutes sortes d'objets par la fenêtre : canettes de bière, yaourts vides, papiers mouchoirs… Il y a aussi cette manie de tout jeter par terre : mégots de cigarettes, bouteilles en plastiques vidées, papiers, alors que des poubelles existent et qu'elles sont placées dans des endroits biens visibles. Et quand bien même il n'y en aurait pas, ils devraient conserver leurs déchets jusqu'à en trouver. Au lieu de quoi, ils jettent les papiers huileux de leurs casses croûte ou de leur morceau de gâteau par terre. Un manque de civisme de savoir vivre et de respect qui s'est développé depuis quelques années, alors qu'on le croyait en rémission et qu'un grand effort a été fourni par les parents et les enseignants pour apprendre ces gestes civiques aux enfants. Or il semble que le message n'est pas arrivé à toutes les oreilles, ou alors elles refusent d'écouter. Et selon le proverbe, « il n'est pire sourd que celui qui ne veut pas entendre »…