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Le baiser de Lampedusa
Publié dans La Presse de Tunisie le 13 - 06 - 2011


En attendant l'Europe…
Le baiser de Lampedusa n'est pas du tout une banale histoire d'amour comme on en trouve dans tous les romans porteurs d'un titre approchant.
Au centre de l'intrigue, une fiction sismologique et un mystère alchimique se conjoignent, permettant tous les possibles, comme un polar délirant où une étrange conspiration des géomancies terrestres accélère le rapprochement entre les continents africain et européen – bonheur inespéré pour ceux du Sud, cataclysme imprévu pour les autres. Bien sûr, l'histoire semble cultiver des résonances voulues avec les événements récents de migrations chaotiques et massives, celles des Harrega de ce début 2011, depuis la Tunisie jusqu'à la petite île de Lampedusa, avant-poste des terres italiennes et donc du tant convoité Espace Schengen.
Mais le face-à-face, qui débute par un imperceptible tremblement de terre, rapproche dangereusement, à une vitesse incroyable d'un kilomètre par heure, les deux masses continentales. Alger a mis le cap sur Marseille. Ces villes symboliques de deux peuples qui se sont mélangés, colonisés, désirés, repoussés, montent l'une vers l'autre sous une incompréhensible poussée souterraine. Ce magma historique d'amour-haine est ici dépassé par l'énergie d'un dérèglement sismique qui ignore tout des douanes, des visas et des mises à distance. Seul ce constat effarant : «La Méditerranée est désormais une mer intérieure […]. Le Détroit de Gibraltar s'est fermé à l'océan». Les habitants de Bizerte découvrent pour la première fois, dans l'autre sens, ce qu'ont pu observer les premiers voyageurs orientalistes arrivant par bateau sur les côtes de Barbarie. En vérité, le désastre est provoqué par la jointure de deux tomes d'un ouvrage d'alchimie arabe, écrit au IXe siècle par un vieux savant, Ayademar Jildaki, dont le narrateur recueille le deuxième tome des mains d'un vieux sage à Tozeur, dans le Sud tunisien, terre traditionnelle de conteurs et de savants, d'hommes généreux à la libre pensée. La quête du second volume, perdu quelque part au fond de la France, nécessaire afin que le sens du livre puisse advenir, sera l'objet des recherches obstinées du narrateur.
Mais cette histoire, qui tresse aussi d'autres petites histoires dans le fil conducteur est aussi un hommage à la labilité des choses, aux possibilités de transformation et de subversion de l'ordre normal du monde. Au-delà du clin d'œil que constitue ce scénario-catastrophe imaginé pour accélérer les palpitations cardiaques de politiques européens déjà fortement secoués – sans jeux de mots –, il y a là pour l'auteur, dont le père originaire de la région du Chott El Djérid, l'occasion de saluer la pugnacité et l'extraordinaire capacité de résistance aux aléas naturels des habitants de cette contrée, où les réserves en eau s'amenuisent inéluctablement, et que toutes les richesses occidentales ne sauraient remplacer. Les fréquents coups de griffe adressés à l'intention de fonctionnaires apathiques et lénifiés par leur raideur d'esprit, totalement inaptes à prendre une quelconque décision efficace, l'ironie mordante avec laquelle les descriptions sont élaborées, ne sont pas les moindres qualités de ce roman qui rompt avec le paysage habituel des visions exotiques ou des chuchotements intimistes de la littérature tunisienne actuelle. Il n'a pas non plus la prétention d'un roman historique à fort soubassement érudit ; simplement, sourire aux lèvres, le désir d'aller en imagination au bout de cette apocalypse annoncée, qui renouvelle ce que nous appelons l'horizon, cette frontière.


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