La CTN a programmé une traversée supplémentaire vers Marseille, permettant à 1.600 voyageurs de rejoindre leur destination Le flux des nuages volcaniques s'achemine vers le nord européen L'Institut national de météorologie et la direction générale de l'aviation civile, relevant du ministère du Transport, ont organisé, hier, au siège dudit institut un point de presse. Cette rencontre s'inscrit dans le cadre des actions de sensibilisation sur l'impact des nuages volcaniques, provoqués depuis cinq jours par l'éruption du volcan islandais, sur le transport aérien. Ont pris part à cette rencontre les responsables de la direction de l'aviation, de Tunisair, de Tuninter, de compagnies aériennes étrangères ainsi que des pilotes. Les travaux de cette rencontre ont porté sur deux volets. Le premier consiste en une présentation du contexte volcanique en Islande, dans le monde ainsi que l'état sismologique dans notre pays. En effet, selon les données énoncées par M. Kheïreddine Aâttafi, expert en géophysique, l'Islande est renommée pour son territoire riche en volcans. Le volcan Eyjafjallajokull, vieux de quelque 700.000 ans, n'a pas connu d'éruption depuis deux longs siècles jusqu'au 20 mars 2010 où une éruption fissurale s'est produite sur ses flancs. Les conséquences de ce phénomène ont été palpables à partir du 14 avril 2010. Elles se manifestent sous forme d'un nuage volcanique, résultant de la rencontre entre un magma d'une température de l'ordre de 1000°C et la glace. Ces nuages ont vite fait de se propager dans l'Europe du Nord puis vers le Sud-Est du continent. «Le contexte géographique de l'Islande est l'un des plus riches en volcans. L'on y compte 200 volcans relativement dangereux mais aussi quelque 600 sources d'eau chaude. L'Islande exploite l'énergie volcanique pour produire de l'électricité», indique l'expert en géophysique. En Tunisie, nous comptons quelques petits volcans, généralement inactifs, situés pour la plupart dans les régions du nord. Ce sont surtout des roches magmatiques, dont l'âge varie entre 6 millions d'années et 12 millions d'années. «Certes, ces roches sont inactives, mais cela n'exclut aucunement une éventuelle éruption. C'est pourquoi nous surveillons de près leur activité sismologique. D'ailleurs, un protocole a été signé entre notre pays et la Principauté de Monaco permettant l'implantation de stations de surveillance sismologique, à Tamra, à Thala et à Tataouine», renchérit l'orateur Deux nouvelles stations de surveillance de la concentration de l'aérosol La seconde communication a été assurée par M. Hajjej, de l'Institut national de météorologie pour traiter des mouvements et de la propagation des nuages volcaniques. M. Hajjej a rappelé que, conscientes de la gravité de l'impact des nuages volcaniques sur l'activité du transport aérien et l'éventuel endommagement des avions, l'organisation mondiale de l'aviation et l'organisation mondiale de météorologie ont renforcé depuis 2004 les mécanismes de surveillance sismologiques grâce à 9 centres de surveillance spécialisés. Les centres de Londre et de Toulouse sont chargés de la surveillance sismologique dans la région européenne et africaine. L'orateur a démontré, au moyen de diapositives, l'efficacité de la surveillance sismologique. Il a montré la compatibilité entre les images de prévisions et celles prises en temps réel. Il a assuré l'assistance que les cendres sont projetées vers les régions du nord, ce qui veut dire que seules quelques poussières sans grande influence ont touché la région méditerranéenne. «Nous sommes conscients que l'impact des phénomènes géophysiques ne connaît pas de frontières. Pour ce, nous allons signer à la fin du mois de mai une convention avec l'Espagne suite à laquelle nous mettrons en place deux nouvelles stations pour surveiller la concentration de l'aérosol dont l'une couvrira tout le territoire et l'autre sera axée sur la région du Grand-Tunis», indique le directeur de l'INM. Pour sa part, M. Nabil Chattaoui, p.-d.g. de Tunisair, a souligné l'importance de la sécurité dans le trafic aérien. Il a indiqué que la garantie de la régularité et de la ponctualité des vols revient essentiellement à la fonctionnalité des aéroports de destination. «Les perturbations du trafic aérien, dues aux impacts des nuages volcaniques ont engendré l'annulation d'un bon nombre de vols. Pour ce qui est des clients de la Tunisair, ils étaient au nombre de 30.000 à se trouver dans l'incapacité de voyager durant les quatre derniers jours. Pour remédier à cet imprévu, nous avons aussitôt en coordination avec les aéroports de Marseille, de Nice, de Toulouse et de Rome, programmé des vols supplémentaires. Durant cette période, nous avons également accepté l'annulation d'un nombre important de billets. Nous avons en outre procédé au remboursement systématique des billets», ajoute M. Chattaoui. De son côté, M. Hamadi Ben Khlifa, directeur chargé du trafic aérien, a indiqué qu'entre le 18 et le 19 avril, 55 vols supplémentaires ont été programmés pour remédier au retard engendré par les perturbations atmosphériques. «Aujourd'hui même, nous avons programmé une cinquantaine de vols supplémentaires», renchérit-t-il. Il a indiqué que la CTN a même introduit dans son programme une traversée supplémentaire vers Marseille qui a permis à quelque 1600 clients de rejoindre leur destination. Le responsable de l'Office de l'aviation et des aéroports a affirmé, à la fin de cette rencontre que de telles perturbations ont parfois des impacts financiers énormes sur les compagnies aériennes et les parties concernées. «Ce qui est certain, c'est que nous n'avons pu assurer le voyage, durant ces quatre jours, de près de 70.000 clients. Nous avons annulé quelque 700 vols», note-t-il.