Les initiateurs d'un projet de résolution à l'ONU condamnant la répression en Syrie ne le mettront aux voix qu'avec l'assurance d'avoir une majorité suffisante en sa faveur, a déclaré mardi le chef de la diplomatie française, Alain Juppé. "Nous ne prendrons le risque de mettre aux voix un projet de résolution condamnant le régime syrien que si nous parvenons à une majorité suffisante. Nous avons aujourd'hui vraisemblablement neuf votes au Conseil de sécurité, il nous reste à convaincre l'Afrique du Sud, l'Inde, le Brésil (et) nous nous y employons jour après jour", a-t-il déclaré à l'Assemblée nationale. "Si les choses bougeaient de ce côté-là, si nous pouvions avoir onze votes alors il faudrait que chacun prenne ses responsabilités. Nous mettrions ce projet de résolution aux voix et nous verrions si la Russie et la Chine persévèrent dans leur veto", a ajouté le ministre français. Il a réaffirmé que, pour la France, la répression en Syrie "soulève l'indignation et appelle condamnation". "Les choses se dégradent de jour en jour", a-t-il estimé. Il y a une dizaine de jours, Alain Juppé avait estimé que le projet de texte en débat à l'ONU pourrait recueillir onze voix sur quinze au Conseil de sécurité. Peu après, il avait précisé que la mise au vote du projet de résolution était "une question de jours, peut-être d'heures". Moscou et Pékin ont menacé de recourir à leur droit de veto si un texte était mis aux voix. Un minimum de neuf voix sur les 15 membres du Conseil de sécurité est requis - sans veto d'un membre permanent - pour l'adoption d'une résolution. "On est face à une situation où chacun doit choisir maintenant au Conseil de sécurité. Soit on regarde ailleurs, on ferme les yeux, on ne veut pas voir ce qui est en train de se passer. Soit on prend ses responsabilités", a renchéri lors d'un point-presse le porte-parole du ministère des Affaires étrangères, Bernard Valero. "Les forces de sécurité syriennes continuent à tirer sur des civils désarmés" et "les Nations unies parlent à présent de plus de 1.200 morts, évoquent d'innombrables cas de tortures et de violations des droits de l'Homme. Des milliers de réfugiés fuient actuellement la Syrie", a-t-il ajouté. "Ce bilan est catastrophique" et "la France souhaite que le Conseil de sécurité se prononce sur la situation intolérable qui règne en Syrie et sur la fuite en avant du régime de Damas", a enfin précisé Bernard Valero.