• Des locaux du RCD dissous abriteront les commissions régionales • «Nous sommes condamnés à réussir les élections», déclare M. Kamel Jendoubi L'Instance supérieure indépendante des élections est déjà dans le vif du sujet. Depuis son installation le 18 mai dernier, elle a commencé par préparer et rendre public un chronogramme qui tient compte de tous les détails de l'opération électorale, conformément au code électoral et au décret-loi portant création de l'Isie. Reçu hier par le Premier ministre, M. Béji Caïd Essebsi, son président M. Kamel Jendoubi qui affirme: «Nous sommes à pied d'œuvre pour favoriser toutes les conditions au bon déroulement du scrutin», nous confie-t-il. Loin d'être une sinécure, cette opération nécessite «beaucoup de patience, de dévouement et d'abnégation, car nous sommes tous mandatés pour une mission à la fois ponctuelle et précise, une mission d'exécution telle que stipulée par la loi», ajoute-t-il. Cela a commencé par l'installation de l'Instance dans ses locaux au siège du Conseil économique et social et à la rue de Rome dans l'ancien siège de la campagne électorale de l'ancien président. Puis la mise en place, incessamment, de l'administration composée d'un directeur exécutif et de chefs de départements. «Nous sommes en train d'examiner les dossiers des candidats aux commissions régionales au nombre de 27 et qui seront composées chacune de 14 membres suivant les mêmes critères de l'Instance supérieure et ce parmi plus de 4.000 candidatures reçues», précise M.Kamel Jendoubi, qui souligne que «l'Isie travaille en étroite collaboration avec les différents ministères et les gouverneurs des régions pour trouver des sièges pour ces commissions. L'idée est de récupérer les locaux des comités de coordination du RCD dissous et à défaut trouver d'autres locaux plus convenables». Les membres des commissions régionales sont-ils des bénévoles ou vont-ils percevoir des indemnités ? «Ils seront plutôt mis à la disposition de l'Instance, mais personne ne sera lésé», répond-il. En ce qui concerne les Tunisiens à l'étranger, l'Instance est en contact permanent avec le ministère des Affaires étrangères et les différentes représentations diplomatiques tunisiennes pour arrêter les listes des électeurs à partir de la base de données des consulats où sont inscrits nos compatriotes. «Pour la création des commissions à l'étranger, nous sommes en train d'examiner plusieurs formules et dans quelques jours nous arrêterons et leur nombre et leurs lieux», explique-t-il. En cette période, l'Instance travaille sur la formation des membres des commissions régionales et des quelque 4.000 à 4.500 personnes «qui seront recrutées parmi les jeunes diplômés en informatique, notamment, et qui seront chargés des procédures d'inscription sur les listes électorales. Ces jeunes, qui bénéficient du programme "Amel", percevront une indemnité complémentaire». Fort du soutien du gouvernement, l'Isie reste seul maître à bord. Aussi bien au niveau de la programmation du calendrier qui subira quelques légères modifications avant d'être rendu public, qu'au niveau de la supervision et de la réalisation de toutes les étapes de l'opération. L'instance va, en outre, recourir à l'apport des fonctionnaires de différents ministères susceptibles de l'aider par leur expérience dans le domaine. «On ne peut se passer des compétences de l'administration, que ce soit au sein des collectivités locales que dans d'autres ministères. Comme on aura, nécessairement, besoin de centres de formation ou de formateurs», soutient le président de l'Isie. Sur un autre plan, l'Instance travaille sur la mise en place d'un plan média avec le prochain lancement d'un site web pour informer et vulgariser à grande échelle tous les détails concernant les élections, leurs enjeux, leurs objectifs et leurs finalités. «Même les comptes rendus des réunions et des délibérations seront mis en ligne et accessibles au public. De même que l'accréditation des journalistes étrangers et des observateurs se fera à travers le site de l'Isie», tient-il à relever . Y a-t-il un soutien étranger ? «Je précise qu'il n'y a pas de financement direct. Tout passe par le ministère des affaires étrangères dans un cadre de contractualisation précis. Des accords-cadres ont été signés par le ministère avec un certain nombre d'institutions internationales gouvernementales et non gouvernementales comme le Pnud par exemple. Grâce à ces accords, nous allons pouvoir bénéficier d'un soutien en matière d'expertise et de savoir-faire. Tout doit passer par les canaux officiels. D'ailleurs, je suis invité à participer le 24 courant à une réunion au ministère des Affaires étrangères avec les pays donateurs pour exposer le calendrier des élections». Enorme sera la tâche, mais elle n'inquiète pas outre mesure les membres de l'Instance. «Nous sommes condamnés à réussir ces élections qui seront historiques à plusieurs niveaux. Elles seront libres, transparentes et démocratiques. La Tunisie, qui a été à l'origine du printemps arabe grâce à une révolution qui restera dans les annales comme la première réalisée par un peuple sans armes, saura relever le défi des prochaines élections et montrera encore une fois le chemin aux peuples frères et amis», conclut, avec assurance, le président de l'Isie.