Un groupe de personnes a protesté samedi devant le siège de la délégation de La Marsa pour exiger la fin des violations sur la forêt de Gammarth, notamment l'appropriation illégale, les constructions anarchiques et l'abattage des arbres. Après le 14 janvier 2011, plusieurs personnes ont profité de l'absentéisme des autorités forestières et municipales, surtout les propriétaires de parcelles, pour procéder à l'abattage des arbres, à la parcellisation des terrains et aux constructions anarchiques. Cette « fièvre » de l'appropriation illégale du domaine public peut conduire à la mort de cette splendide forêt, avec les impacts environnementaux prévus. Il est impératif que les autorités, le ministère de l'Agriculture et de l'Environnement ainsi que la direction des forêts assument leurs responsabilités face à cette affaire très grave. Il y va du prestige de l'Etat ( Haybet Eddaoula) qui a obligation de préserver le domaine communautaire. A la suite de cet appel citoyen qui n'est pas le premier, les autorités doivent mettre fin immédiatement et de façon décisive aux menaces qui pesent sur la forêt de Gammarth dans une première phase, puis arriver à une solution juste et appropriée garantissant les droits des propriétaires de terrains situés dans la forêt. La forêt de Gammarth s'étend de La Marsa à Raoued sur une superficie de 250 hectares dont une bonne partie a été abandonnée à l'exploitation des projets résidentiels et touristiques. En fait les détériorations sont dans la continuité des dégâts opérés par l'ancien régime. Créée dans les années 40-50, la forêt de Gammarth a été décrétée zone protégée aux premières années de l'Indépendance et rattachée à la direction des forêts comme d' autres zones similaires. Cependant, le littoral tunisien a subi de lourds dégâts. L'ex-ministre de l'Environnement et de l'Aménagement du territoire, Mehdi Mlika, avait créé en 1995 l'Agence de protection et d'aménagement du littoral pour protéger les zones à risques. Cette agence bénéficia de subventions consistantes de la coopération française, du Fonds mondial pour l'Environnement ainsi que du Programme des Nations unies pour le développement. La forêt devient une zone urbaine! L'Apal, organe de l'Etat va être transformée en une agence immobilière au service de la «famille». A partir de là, tout devient possible. Ainsi, des pans entiers du littoral faisant partie du domaine maritime public (pourtant incessible et indivisible) sont déclassés pour servir de lotissements pour la construction. Le cas de la forêt de Gammarth et d'autres zones comme les lagunes de Hergla ou de Lella Hadhria (Djerba) entre autres. Si ces deux derniers projets touristiques (signés Leïla Ben Ali) ne verront pas le jour, la forêt de Gammarth a subi des plaies visibles depuis la colline de Sidi Bou Saïd. Une colline, une forêt, le chant des oiseaux et une vue imprenable sur la mer. C'est pourtant le décor dans lequel sera planté le gigantesque projet immobilier «La Baie de Gammarth». Un immense complexe résidentiel, le dernier chantier de l'ère Ben Ali. Le choix de l'implantation du projet a été dicté par « un site où s'épanouit une forêt dense de pins et d'eucalyptus », dixit le message publicitaire. Mais que restera-t-il de ses arbres centenaires ? H.M