Nous entamons aujourd'hui la fameuse histoire de la boxe tunisienne à travers une série de portraits Quand on parle de «Messaoud» dans les milieux pugilistiques tunisois des années cinquante, on évoque immanquablement les gars de «Bab Lakouès», «Bab Saâdoun», les deux frères Messaoûd et Ali Maârouf… Tous deux élèves du fameux entraîneur Tahar Ghanjou. «C'est mon entraîneur, Am Tahar qui nous a fait signer un contrat, mon frère Ali et moi. Quand il nous a dit qu'on va croiser les gants contre des boxeurs chevronnés, on n'a pas hésité un seul instant, et on a tout de suite dit oui. La peur on ne connaissait pas. Bien au contraire, nous étions content et fiers de monter sur un ring contre des champions». Son premier combat, Maârouf le disputa contre l'Italien Garnaza; il le perdit aux points à Bab El Kadhra… Dans sa carrière sportive, Maârouf a rencontré le juif tunisien Ibolli, un grand champion qui s'entraînait à l'époque à la salle de Joe Guez à la rue de Rome… Il a aussi affronté Salah Fenaïch, Amor Zmitri de Bizerte et fut protagoniste d'un fameux combat dans les années 1952 contre Habib El Hichi au palais de la société française (actuellement maison de la culture Ibn-Rachiq). Il a mis son adversaire K.-O. «L'année 1952, j'étais finaliste et dans la foulée mon frère Ali accède à la finale de la catégorie des plumes! Il aurait fallu que je l'affronte. Mais le règlement de la boxe est clair : il est interdit de faire combattre deux frères l'un contre l'autre», se souvient Messaoud que nous venons de rencontrer à Tunis. «J'ai côtoyé des grands» Messaoud Maârouf est né en 1933 à Tunis, il a débuté dans la boxe en 1950 avec son frère jumeau Ali… Dans son palmarès quarante combats amateurs… A la salle de «Bab Saâdoun» où il s'entraîne, Maârouf a connu des grands boxeurs de renom à savoir : Hamadi Ben Ali, les frères Ben Younès, El Aïd et Kaddour, Abdelmajid «Fechla», Nicolas, Mohamed Motoussi (ce dernier étant le père de notre boxeur champion des années 80 poids mi-lourd Raouf El Harbi) feu Béchir Manoubi, Tiano Franco (ce dernier était à l'origine du décès du boxeur bizertin Abdelhamid El Kalaï lors d'un combat dans les années 1953 poids plume), Khémaïes Ferchichi, Tahar Guizani, Rezgui Guizani et tant d'autres champions d'antan… «J'ai rencontre aussi Alphonse Halimi lors de la saison sportive 53/54 et j'ai perdu contre lui aux points… Pour sa part mon frère Ali a rencontré au Maroc lors d'un championnat nord-africain en demi-finale le fameux boxeur Robert Cohen et s'est fait battre aux points…» Et de poursuivre : «J'ai eu la chance, de connaître de près notre champion de Tunisie et de France la «perle noire de Bizerte» Moussa Saâd et Brahim jeune «Méhouachi» que j'ai vu boxer en même temps que moi. La boxe m'a beaucoup apporté… C'est d'abord l'école de la vie. C'est ce que je dis toujours. Grâce à ce sport j'ai découvert quelques pays comme l'Algérie, le Maroc et la Libye… C'est pour ça que je souhaite à mon petit- fils qui a récemment fêté ses quinze ans d'avoir la même carrière amateur que la mienne car cela a été pour moi une expérience très enrichissante», conclut un Maârouf très nostalgique.