La glorieuse révolution du «14-Janvier» continue à nous bercer de folles illusions et de belles promesses. Après plus de 50 ans de dictature, d'oppression et de répression, nous commençons à entrevoir les grandes lignes d'une nouvelle ère de liberté, de démocratie et de justice. Le pays, du nord au sud, est en effervescence politique et idéologique. La vie associative, longtemps étouffée, renaît de ses cendres. Les partis politiques pullulent et sortent au grand jour comme des champignons. Les voix, jadis bâillonnées et réduites au silence, se font entendre. Meetings, forums , rencontres foisonnent et donnent lieu à de grands débats et d'échanges d'idées. Le souffle démocratique est bel et bien là. Par effet de bonne contagion, nous avons nourri beaucoup d'espoir de voir enfin nos structures sportives, sclérosées et rouillées, mises à la page de ce nouveau vent de liberté et de démocratie. Apparemment, tout a l'air d'aller dans ce sens et on nous a annoncé un peu partout la tenue d'assemblées générales électives pour avoir enfin un bureau directeur d'un club issu démocratiquement des urnes.Théoriquement, c'était beau à entendre. On se disait que, pour une fois, le temps de la complaisance et des désignations parachutées serait révolu. Ne pavoisons pas, car eu égard à ce qui se passe actuellement, il semble malheureusement que nous nous dirigeons tout droit vers un changement dans la continuité, vers des AG pompeuses et confectionnées sur mesure. Ce scénario est prévisible dans la majorité des clubs. Plusieurs indices actuels convergent vers cette triste hypothèse pour tous ceux qui ont construit des châteaux en Espagne et qui ont cru pouvoir goûter à la saveur du jeu électoral propre et transparent. Dans cette perspective, l'Etoile Sportive du Sahel ne va pas apparemment déroger à cette règle. Les faits sont là et plaident en faveur de cette conclusion. On a beau communiquer au grand public les dates des trois assemblées (la première a été fixée au 9 juillet, elle sera extraordinaire et sera consacrée à l'amendement et à la révision des statuts du clubs. La deuxième sera ordinaire et évaluative et se tiendra le 13 juillet. La 3e sera extraordinaire et élective et aura lieu le 27 juillet, tout baigne dans le flou. Imaginez : nous sommes à quelques semaines de ce rendez-vous normalement historique et, pourtant, aucun candidat ne s'est manifesté pour la présidence de ce grand club du pays. Il n' y a que des rumeurs qui colportent quelques noms à l'instar de Slaheddine Ben Ahmed, un proche de Mhammed Driss, le grand mécène de l'Etoile, ou du Dr Jalel Krifa. Le nom de Maher Karoui (fils de l'ex-président étoilé Hamed Karoui) a disparu de la circulation. Le président actuel, le Dr Hamed Kammoun, a lui-même maintes fois réitéré sa décision de ne pas renouveler sa candidature. L'opinion publique d'une manière générale et les supporteurs étoilistes en particulier se posent pas mal de questions. Y aura-t-il une campagne électorale? Est-ce que les cartes d'adhérents seront accessibles à tout le monde? Y a-t-il réellement des candidats? Allons-nous passer aux urnes? Jusqu'à présent, personne n'est capable de vous donner une réponse convaincante. Le BD actuel gère le quotidien du club au jour le jour et attend impatiemment la fin de cette éprouvante saison qui semble s'éterniser. Ce qui ressort de cette situation énigmatique c'est que nous allons probablement revenir à la case départ. L'affaire du président sera une simple passation de pouvoir à «un homme de main» et une question familiale interne. On viendra comme d'habitude à l'assemblée pour faire partie du décor et se contenter de figuration et d'approbation. Le seul candidat à la course sera chaleureusement ovationné même par ceux qui somnolent.Tout le monde sera beau et gentil et tout sera bien dans le meilleur des mondes possibles pour reprendre cette expression chère à Voltaire. Les parrains de l'Etoile seront encore une fois comblés alors que les révolutionnaires du 14 janvier auront réalisé que ce n'était qu'un beau mirage...