• Il a été possible d'assurer la mobilisation de 90% des ressources en eau de surface mobilisables, mais il est impératif de répondre à des besoins de plus en plus croissants • La Tunisie est solidaire de tout effort visant la mise en œuvre d'outils et de mécanismes à même de concrétiser et d'instaurer des politiques de gouvernance de l'eau Des populations de par le monde n'ont pas encore accès à l'eau et sont obligées de parcourir des kilomètres pour pouvoir s'en approvisionner. En Tunisie, plusieurs citoyens habitant des zones isolées n'ont pas toujours la possibilité de satisfaire leurs besoins en eau en quantités suffisantes pour diverses raisons. D'où la nécessité de mettre en place des mécanismes et des stratégies adéquates pour résoudre ce problème aussi bien au niveau international que national. Un mécanisme de solidarité s'avère ainsi nécessaire pour que ceux qui consomment de grandes quantités d'eau consacrent au moins 1% de leur facture d'eau à ceux qui en sont dépourvus. Organisé par l'Observatoire du Sahara et du Sahel en collaboration avec le Pnud ouvert hier à Gammarth et qui se poursuit aujourd'hui, un séminaire international sur «les mécanismes et les stratégies à mettre en œuvre pour faire du droit à l'eau une réalité», vise d'ailleurs à débattre de la possibilité de créer un mécanisme de régulation universel en matière d'eau pour en garantir l'accès à toutes les populations. Il s'agit aussi d'examiner les dispositions d'une gouvernance multi-partenaires Sud/Nord de ce mécanisme dont le centre nodal sont les collectivités territoriales. Les ressources en eau diminuent M. Salem Hamdi, secrétaire d'Etat auprès du ministre de l'Agriculture et de l'Environnement chargé de l'Environnement, qui a ouvert les travaux, estime que «selon les études scientifiques, la qualité de l'eau disponible par tête d'habitant, déjà faible, sera réduite de moitié d'ici 2050, notamment dans la plupart des pays en développement». Les chiffres sont à cet égard sans appel : actuellement, 80 pays où vivent 40% de la population mondiale connaissent une pénurie d'eau! Pis encore, un milliard de personnes n'ont pas accès à l'eau potable alors que 1,7 milliard ne sont même pas pourvus d'installations sanitaires. La Tunisie est considérée comme très vulnérable si l'on se réfère aux récentes études. L'orateur souligne que «l'irrégularité temporelle et spatiale des apports naturels, à savoir 1200 mm dans le nord et 50 mm dans le sud, le réchauffement planétaire et la surexploitation, ont influencé la disponibilité des ressources et la salinité des nappes, notamment dans le Sud tunisien». D'où la nécessité d'assurer une gestion intégrée et une gouvernance appropriée des ressources hydriques. Certes, les efforts déjà déployés ont permis la mobilisation d'environ 90% des ressources en eau de surface mobilisables, mais il est impératif de répondre à des besoins croissants d'autant plus que les ressources diminuent d'une année à l'autre. Il est urgent de mettre en place des mécanismes de gestion et d'arbitrage plus performants, souligne le secrétaire d'Etat à l'Environnement qui propose aussi des compromis plus viables entre la satisfaction de la demande, d'une part, et la préservation du milieu naturel et la conservation des ressources naturelles, d'autre part. Les points forts de notre politique en eau potable résident surtout dans le taux d'approvisionnement qui est d'environ 92%. Le secteur de l'agriculture irriguée – qui s'étend sur 8% de la superficie agricole arable – exploite à lui seul 80% des ressources. La gestion des ressources hydriques dépend aussi des impacts des changements climatiques. Les quantités et la qualité de l'eau s'en ressentent, ce qui conditionne la croissance socioéconomique. «La Tunisie demeure entièrement disposée à soutenir toutes les initiatives régionales visant la gestion durable de ces ressources, précise M. Hamdi. Elle est solidaire de tout effort visant la mise en œuvre d'outils et de mécanismes à même de concrétiser et d'instaurer des politiques de gouvernance de l'eau». Notre pays est favorable à une coopération et un partenariat avec les pays confrontés au problème de la pénurie d'eau et à apporter son expérience dans ce domaine. D'ailleurs, la « Soned International » relevant de la Société nationale d'exploitation et de distribution de eaux et «l'Onas International» faisant partie de l'Office de l'assainissement assureront la réalisation d'études et offriront des services à l'export dans le cadre bilatéral et multilatéral Nord/Sud/Sud. Favoriser l'aide internationale Pour sa part, J. Oudin, sénateur honoraire, auteur d'une loi sur l'eau en France, estime que «l'un des objectifs du Millénaire concerne l'eau. Or, certains pays à fort potentiel économique comme la Chine gaspillent des quantités d'eau dans le cadre de leurs activités de développement». En plus, la gouvernance dans le domaine de l'eau n'est pas toujours parfaite. On assiste aujourd'hui à la pollution de la mer, des fleuves, des nappes phréatiques... Il faudrait attendre encore deux générations pour espèrer un changement de tendance. L'orateur est favorable à l'aide publique mais à condition que celle-ci soit bien ciblée pour qu'elle soit dirigée et utilisée conformément aux objectifs fixés. Il s'est avéré que les citoyens européens – et cela a été vérifié en France notamment – sont très sensibles aux catastrophes qui ont eu lieu dans l'une des régions du monde et n'hésitent pas à faire des dons pour améliorer les conditions de vie des personnes sinistrées. Le tsunami et le tremblement de terre en Chine, par exemple, ont permis de collecter des millions d'euros dont l'utilisation reste opaque. Il n'est donc pas étonnant que les citoyens des pays nantis et bien approvisionnés en eau contribuent avec 1% de leur facture pour soutenir les pays qui souffrent de pénurie. Cette contribution ne devrait pas être considérée comme une taxe mais comme un don volontaire de la part des citoyens. Un mécanisme de solidarité peut avoir des effets bénéfiques à condition de bien utiliser ces fonds. «Une prise de conscience politique et un cadre législatif sont également nécessaires», prévient l'orateur. Le Parlement européen a déjà pris plusieurs dispositions en matière d'eau. L'une des recommandations a appelé les pays membres à reconnaître l'accès à l'eau comme un droit fondamental et à favoriser l'aide internationale. L'objectif est de satisfaire tous les besoins des habitants non seulement en eau mais aussi en assainissement, en électricité, en propreté (enlèvement des déchets), en santé et en éducation. A. Joly, délégué général à la Direction de l'Action extérieure des collectivités territoriales (France), a déclaré que son département est prêt à relancer la coopération avec les communes quand elles auront élu leurs membres. Cette coopération n'est pas financière mais technique. En effet, des séminaires pourraient être organisés au profit des communes pour appliquer certaines méthodes de travail appropriées. Des sessions de formation sont également possibles afin d'améliorer les capacités. L'orateur a mis en exergue le rôle important que peuvent jouer les associations et les comités de quartier dans les affaires urbaines. La France demeure favorable à une coopération décentralisée et à un échange d'expériences avec d'autres pays. Par le passé, il n'a pas été possible d'organiser des rencontres avec les collectivités locales en Tunisie et maintenant la direction en question veut de nouveau proposer ses services en attendant les élections des conseils municipaux pour concrétiser les actions de partenariat sur le terrain.