L'Union européenne s'est dite mardi "très préoccupée" par la poursuite des combats au Soudan entre l'armée et des milices pro-sudistes dans l'Etat du Kordofan-Sud, à la lisière entre les deux futurs pays, et a demandé un cessez-le-feu rapide. Lors d'un entretien lundi à Bruxelles avec le chef de la diplomatie soudanaise, Ali Karti, "la Haute représentante (de l'UE pour les Affaires étrangères, Catherine Ashton) a dit être très préoccupée par les informations sur la situation au Kordofan-Sud, particulièrement en ce qui concerne les conséquences sur les civils", indique un communiqué de l'UE. "Elle a appelé les parties à conclure le plus vite possible un accord de cessez-le-feu et d'autoriser l'accès des organisations humanitaires" dans la région, ajoute-t-il. L'UE est prête à continuer à aider tant le Nord que le Sud du Soudan, a estimé Mme Ashton. Elle a aussi jugé que la sécession imminente du Sud du pays constituait "une opportunité pour le Nord d'ouvrir un nouveau chapitre dans les relations entre le Soudan et l'UE", à condition que la question du Kordofan-Sud soit réglée. Le Sud-Soudan s'apprête à devenir indépendant le 9 juillet après cinq décennies de conflit avec le Nord. Mais un certain nombre de questions clés doivent être réglées. La coopération de l'UE avec le Nord du Soudan est compliquée par le refus du président soudanais Omar el-Béchir, recherché par la Cour pénale internationale (CPI) pour génocide et crimes de guerre, de ratifier la révision de l'accord de Cotonou qui permet à l'UE de verser son aide à la coopération pour le développement. Il s'y refuse car l'accord révisé fait référence à la CPI. "L'UE est prête à reprendre sa coopération avec le Nord, mais il faut être deux pour s'entendre", a commenté un diplomate européen, soulignant qu'il était de l'intérêt de tous que "les deux pays soient tous deux viables". Le Sud-Soudan pour sa part devrait prochainement enclencher la procédure d'adhésion à l'accord de Cotonou. Samedi à Juba, des millions de Sud-Soudanais, ainsi que 30 dirigeants africains et de hauts responsables d'autres pays assisteront à la naissance de la plus jeune nation au monde et du 54e Etat souverain du continent. La chef de la diplomatie européenne Catherine Ashton participera à la cérémonie d'indépendance. La décision de principe d'ouvrir une représentation de l'UE à Juba fait l'objet d'un large accord au sein de l'UE et sera réalisée "dès que possible", selon un haut responsable européen. Par ailleurs, l'UE va étudier la possibilité de lancer une mission dans la cadre la Politique de sécurité et de défense commune (PSDC) au Sud-Soudan, par exemple pour aider à la réforme du secteur de la sécurité, a indiqué ce haut responsable. "Nous avons indiqué que nous serions heureux de pouvoir aider" les autorités du jeune Etat dans ce domaine où l'UE a une certaine expertise. Mais aucune décision concrète n'est à ce stade en préparation, a-t-il précisé.