Par Taha BELKHODJA* Après le soulèvement du «Printemps arabe», le mur de la peur est bien tombé après deux décennies de la chute du mur de Berlin et le mur de la honte en Palestine occupée ne va pas tarder à s'effondrer. Le bulldozer de la mise à niveau des droits et des libertés a bien démarré et certes il ne s'arrêtera que lorsque la justice régnera dans le monde entier. L'injustice ne peut triompher à long terme, l'amour de la liberté est enraciné en chaque individu et en chaque nation. Elle peut être niée temporairement mais non à jamais ! Aujourd'hui au nom des droits de l'Homme, l'abolition du droit de veto est impérative, cet «apartheid» institué par l'Organisation des Nations unies (ONU) est dépassé par les événements, et ce, pour plusieurs raisons : 1- Le principe du veto a été établi pour protéger les intérêts des membres fondateurs des Nations unies qui étaient sortis victorieux de la Seconde Guerre mondiale. A la conférence de Dumbarton Okas en 1944 qui a prévalu à la création de l'ONU, la République de Chine, les Etats-Unis, le Royaume-Uni, l'Union Soviétique et la France s'étaient autoproclamés membres permanents au Conseil de Sécurité. La France, alors même battue et occupée par l'Allemagne nazie, était choisie pour sa puissance coloniale de première importance; quel critère démocratique de choix ! 2- Aujourd'hui l'Allemagne, l'ancien ennemi, est un allié principal des cinq pays membres permanents au Conseil de Sécurité et dans le G8, vu sa puissance économique dans le monde et elle est même intervenue auprès de l'Iran dans le cadre de la commission 5+1. 3- Ce droit de veto est inacceptable, dans une démocratie aucun pays ne peut imposer son veto contre la sécurité d'un autre pays à l'encontre de la décision collective du reste du monde, cela n'a aucun sens, c'est intolérable qu'aujourd'hui au 21e siècle qu'un pays fasse le justicier ou le gendarme du monde, où sont alors les droits de l'Homme dont on n'arrête pas de reprocher aux dictateurs des pays en voie de développement de les violer? Ce droit de veto a été le plus souvent utilisé pour les dépassements des lois internationales, bien entendu d'une façon antidémocratique, ce qui a généré des conséquences déplorables et des pertes à tous les niveaux à travers le monde entier comme le dernier massacre vécu en Irak par le comportement irresponsable de Bush; la différence entre lui et Kadhafi ou Salah, c'est qu'eux, ils opèrent localement, il faut mettre fin à cela. 4- L'une des plus tristes conséquences de ce droit de veto, c'est la protection d'Israël. Ce dernier n'a jamais respecté les résolutions de l'ONU, bénéficiant du veto des Etats-Unis comme celui qu'ils viennent d'apporter récemment contre la condamnation de la colonisation israélienne de la Palestine alors que les conventions de Genève interdisent à une puissance occupante d'installer sa population en territoire occupé ! De fait et à terme, cela est contre la sécurité certes d'Israël mais aussi celle des Etats-Unis eux-mêmes qui sont en train de payer le prix fort et le résultat est malheureusement là, des milliers d'Américains sont en train de mourir pour une cause qui n'est pas la leur. Cette situation a assez duré et risque de durer encore des décennies, voire des siècles si on ne met pas fin à ce droit de veto injuste. Le problème du Moyen Orient sera à moitié résolu par l'abolition du droit de veto, car Israël changera complètement de comportement. Il faut faire campagne pour qu'Israël cesse d'être protégé en jouant l'éternelle victime, ceci n'est rien d'autre que le principe même de la manipulation par excellence, il ne faut pas que l'Occident tombe dans le piège. Israël a changé de camp aujourd'hui, il est plutôt un pays truand occupant des territoires qui ne lui appartiennent pas et viole toutes les règles internationales. Israël adopte un comportement belliqueux, hégémoni- que et guerrier. Il suffit de se référer aux récentes révélations concernant la guerre dans la bande de Gaza où l'armée israélienne s'est rendue coupable de crimes de guerre en utilisant les bombes à phosphore, provoquant le massacre d'enfants restés orphelins qui se trouvent brûlés ou mutilés le restant de leur vie, c'est pire qu'ils soient tués ! L'histoire nous a enseigné que les tyrannies ne durent jamais, maintenant nous avons tous un crime de sang sur la conscience, l'assassinat affreusement injuste des Palestiniens, il faut rompre le silence et bouger, «le silence est le complice de tous les abus». Il est inadmissible aujourd'hui que la communauté internationale ne réagisse pas quant à la protection de 1,5 million de personnes (enfants, femmes et vieillards) assiégées dans la bande de Gaza, un blocus immoral et illégal, c'est inhumain ! Où sont-ils alors ceux qui prétendent défendre les droits de l'Homme? On voit certains défendre les insurgés libyens, c'est bien, mais il faut désormais rejeter la politique des «deux poids deux mesures» et agir en toute équité! Le droit de veto c'est la loi du plus fort, il faut mettre fin à cette loi de la jungle, on n'a qu'à faire le bilan de toutes les conséquences malheureuses auxquelles ont abouti les différents veto exercés ; imposer un fait par une volonté unilatérale, c'est la définition même de la dictature! Il faut tirer la leçon de la Révolution tunisienne qui va rester gravée dans l'histoire, désormais l'injustice est en train de faire son propre deuil dans le monde, c'est naturel, on ne peut pas encaisser éternellement, tout déborde un jour. C'est une nouvelle ère qui fait son apparition, il est clair il n'y a pas de paix sans justice. Je pense que tous les dirigeants, arabes et autres, l'ont bien compris et c'est irréversible, j'espère que bientôt on parlera d'une vraie union entre les peuples! Après la grippe espagnole et asiatique, il y a aujourd'hui la grippe tunisienne qui s'annonce très contagieuse. Le monde arabo-musulman est en train de tourner définitivement la page des peuples soumis, nous sommes en train de vivre aujourd'hui l'extirpation des dictateurs au pouvoir totalitaire, malheureusement très longtemps soutenus par certains pays occidentaux au profit de leurs intérêts ! Aujourd'hui le monde arabo-musulman s'est réveillé et il ne sera plus jamais qu'une simple carte géographique, mais un acteur principal dans la construction de ce nouveau monde. Il ne faut épargner aucun effort pour réclamer une économie équitable «gagnant-gagnant», nous avons notre poids et il faut désormais qu'on se fasse traiter, d'«égal à égal» du moment que tous les peuples naissent égaux en droit et en dignité, comme l'a si bien dit le Président Obama.