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Maux et espoirs de la Tunisie post-révolution
Opinions
Publié dans La Presse de Tunisie le 15 - 07 - 2011


Par Habib BOUSSAADIA *
Les révolutions arabes ont connu des fortunes diverses entre capitulation rapide du dictateur et répression de plus en plus violente du despote en place non disposé à abandonner un pouvoir conquis par la tricherie des urnes et la duperie des promesses. Ces soulèvements ont montré au monde le cynisme impardonnable des classes dirigeantes devant la gravité de la situation politique de leur pays face à ces révoltes, en tenant un discours chaotique relevant de l'égarement ou du délire de persécution : un ophtalmologiste atteint de cécité, un pseudo-leader qui joue aux échecs alors que le peuple lui a signifié depuis cinq mois «échec et mat», un autre, lui, spécialiste du «tango politique» (un pas en avant, deux pas en arrière) n'a abdiqué qu'à la suite d'un éclat d'obus ! Un semblable a prétendu qu'il a été héros de la «guerre des Six Jours» et à ce titre, il doit bénéficier de l'impunité des rois. Finalement, c'est bien chez nous que l'épilogue a été heureux avec un président qui a vite compris la mesure de son désaveu populaire, puis a pris ses cliques et ses claques et, accompagné de sa diablesse, il est parti se réfugier en Arabie Saoudite, omettant au passage sa célèbre «poudre blanche», oubli qui lui sera fatal pour continuer à snifer et à réclamer sa réintronisation ! Si «vivre comme des rois et mourir en héros» a été la devise des leaders arabes, elle n'a pas fonctionné selon leur désir et ils ont été contraints souvent à abdiquer en déserteurs. Une fois partis, ils ont laissé des pays exsangues, une population désemparée, désorientée et surtout des institutions étatiques en complète déliquescence. La période post-révolution fut particulièrement délicate pour la Tunisie qui souffrait comme un malade de maux faciles à diagnostiquer mais difficiles à traiter et il faut tout le talent, la volonté, l'énergie et l'inébranlable patriotisme des membres du gouvernement pour «assurer» une période de transition et préparer l'ère nouvelle de la Tunisie de demain. Concrètement, le diagnostic de la situation en Tunisie est simple où on ne dénombre pas moins de cinq plaies alors que son système immunitaire qui va la protéger et la soutenir ne comprend que trois «anticorps» :
- L'absence de l'Etat de droit est la 2e plaie qu'on relève après la révolution car un tas de droits illicites ont été introduits par le couple présidentiel déchu au nom de l'Etat de droit : passe-droits pour leurs rejetons, pots-de-vin, expropriations brutales, détérioration des services publics où «la famille royale» s'est substituée à l'Etat pour percevoir les impôts, sans oublier bien sûr les arrestations arbitraires des opposants indociles ! En conséquence, les relations entre l'administration et le citoyen ne sont ni passionnées ni ferventes : le citoyen reprochant à l'administration son favoritisme pour les nantis du régime et elle-même critiquant le manquement du Tunisien face à ses devoirs civiques. Il s'ensuit un climat délétère qui ne peut être résolu qu'en acceptant un dialogue réaliste où chacun mettra de côté son orgueil et sa fierté au profit de nouvelles relations basées sur la confiance et la sincérité entre les institutions étatiques et le citoyen.
- Le 3e mal est la médiocrité manifeste des médias où l'amateurisme des journalistes associé à un zeste d'insolence est très révoltant : les termes de «provisoire, transitoire» sont employés à profusion par les speakers du journal télévisé pour désigner les membres du gouvernement et le Premier ministre, comme s'il y avait un malin plaisir à rappeler à ces héros anonymes qu'ils n'ont aucune légitimité, aucun mérite. On occulte leur labeur, leur patriotisme et leur volonté de sortir le pays de la zone rouge ! Quant aux reportages en direct, quel désastre : on montre les images sans discernement, on expose au monde entier des images dégradantes de démolition de biens publics et privés et on s'émerveille d'être les premiers à le faire. Si le tourisme ne démarre pas et qu'on a raté notre saison, c'est que les responsables s'y sont pris tard; mais l'image négative véhiculée d'une révolution qui a enfanté le chaos, on n'y est pour rien ! On ne peut pas tout faire : le sensationnel mérite quelques sacrifices dont la saison touristique 2011‑!
- La 4e meurtrissure est la prolifération des partis nés après la révolution et qui constituent pour certains d'entre eux plus un problème qu'une solution pour la démocratie naissante en Tunisie : aucun programme spécifique (emploi, reprise économique, développement régional, etc.) si ce n'est un rappel classique des dérives de l'ancien dictateur, aucun porte-parole d'un parti pour condamner les actes de violence et de vandalisme qui secouent par intermittence le pays. Mieux, certains responsables politiques ont commandité ces troubles ! Si maintenant ces politiques agissent sans le savoir ou le vouloir dans le dividende de la diablesse en exil, c'est qu'ils ont perdu la notion d'intérêt national et à ce titre méritent-ils la confiance des Tunisiens ? Dernier exemple en date : le gentil regret et non la condamnation formulée par le parti «Ennahdha» devant les actes de violence des sympathisants du parti «Ettahrir» au cinéma l'Africa à Tunis !
- L'extrémisme religieux est peut être la 5e lésion et qui va faire mal, très mal au pays : comme par enchantement après le 14 janvier, des islamistes ont fait leur apparition sur le devant de la scène et se sont autoproclamés gardiens d'un islamisme rigoureux avec la violence comme moyen d'expression et la casse comme marque de fabrique. Ainsi après avoir renouvelé par la force les imams dans les mosquées, voilà qu'ils s'attaquent aux symboles de la «débauche» (les brasseries, les salles de cinéma) et vont finir par cibler le sexe «faible» à qui on imposera la burqa, l'enfermement à domicile et évidemment la nécessité d'accepter la polygamie comme remède contre le célibat. Mais les vraies valeurs de l'Islam seront occultées au gré de leur dialectique irrationnelle : tolérance, liberté, solidarité, générosité n'ont pas droit de cité, et pourtant il est dit et répété dans le Coran et les «hadiths» que ce qui distinguera les musulmans, c'est justement leur bonté envers les autres, fussent-ils odieux ou indignes. Ces qualités découlent d'une croyance en Dieu et d'une envie de se «rapprocher» de Dieu en respectant l'éthique qu'il nous a imposée et dictée dans ce monde. L'Islam autorise-t-il la violence ? La réponse à cette question est tirée d'un verset du Coran (Coran 4, 139) où il est stipulé aux musulmans de quitter les lieux où on tente de discréditer ou de dénigrer les paroles de Dieu, jusqu'à ce qu'ils changent de sujet. Il n'est pas dit qu'il faut les attaquer, leur cogner dessus mais de partir simplement pour marquer sa désapprobation ! Les termes sont clairs : pas de violence. Dieu n'a besoin de personne pour défendre sa religion‑: Dieu est grand et il punit qui Il veut et quand Il le veut.
- Reste enfin la problématique des rivalités régionales qui a connu une exacerbation après la révolution : concrètement les zones d'où est partie la révolution pensent engranger quelques dividendes en récompense de leur vaillance devant les chars de Ben Ali, d'où leur rejet de toutes les initiatives gouvernementales destinées à stimuler le développement économique, et d'où leur fâcheuse tendance à ne pas s'acquitter de leur devoir de citoyens. On est pratiquement devant des zones de «non-droit» où on ne paie pas les factures d'eau, d'électricité et certaines routes sont contrôlées par des bandes organisées ! Cela m'incite à leur rappeler une phrase de J. F. Kennedy, adaptée à la Tunisie : ne dites pas ce que la Tunisie peut faire pour vous, mais dites-vous ce que vous pouvez faire pour la Tunisie !
Face à ces meurtrissures qui ont jalonné le pays après la révolution du jasmin, la Tunisie se doit de traiter ces maux selon ses moyens et elle ne dispose que des atouts suivants :
- Une armée vaillante, brave, héroïque et indomptable. Comme oublier son rôle bienfaiteur dans la réussite de la révolution et dans la sauvegarde du pays devant les dangers internes et externes qui ont suivi la révolution.
Quelle institution, établissement, manufacture ou usine n'a pas fait appel à l'armée devant la horde des casseurs de l'ex-RCD ou des affidés de la famille régnante qui escomptaient un chaos général (ultime chance de survie à la vague libératrice du pays)‑? Les militaires se précipitent aussitôt pour répondre à l'appel de détresse. Puis dans la foulée, les militaires seront déployés aux frontières sud et ouest du pays pour que le peuple tunisien se repose et puisse savourer sa victoire sur la dictature. Comparativement aux autres armées, la nôtre mérite d'être idolâtrée et je m'incline par respect devant tant de patriotisme.
- Un gouvernement formé de compétences tunisiennes dont une bonne partie d'expatriés qui ont gelé leur activité pour venir prêter main-forte au pays; et un Premier ministre qui a ôté son accoutrement de paisible retraité pour celui de guerrier. Il fallait tout le mental d'un combattant pour oser prendre les destinées de la Tunisie à deux doigts de l'anarchie et de la subversion sociale, il fallait toute la finesse d'un monstre de la politique pour sermonner, calmer, unir et rassembler les Tunisiens et leur expliquer que l'avenir du pays ne s'improvise pas, mais se construit par la conjonction d'un programme bien ficelé, d'une équipe gouvernementale motivée et d'une population confiante et disciplinée‑!
- Le 3e atout de la Tunisie est sa richesse humaine‑: manquant de ressources naturelles, la Tunisie a misé sur le capital humain en multipliant écoles, lycées et universités. Aujourd'hui, la classe intellectuelle tunisienne doit montrer tout son savoir-faire pour relancer l'économie et assumer un rôle primordial dans la réussite et la consolidation de la démocratie.
En conclusion, je citerai cette phrase de Diderot : le plus grand danger d'un souverain, c'est sa femme si elle sait faire autre chose que des enfants‑! Alors, si elle sait voler, piller, ruiner et saccager, vous comprendrez l'état dans lequel Ben Ali et sa compagne ont laissé le pays. Aujourd'hui, la Tunisie renaît à peine de ses cendres et ses atouts pour réussir les élections de la Constituante sont sa population, son armée loyaliste, la sympathie suscitée à l'échelle mondiale par cette révolution du jasmin, la disposition de l'ONU à coopérer avec le gouvernement, mais le catalyseur fondamental de ce processus reste l'esprit de tolérance des Tunisiens entre eux en dépit de leurs différences.


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