La restitution des biens spoliés par l'ex-président Ben Ali et les membres de sa famille a été au centre d'un débat organisé, samedi, à Sousse, par l'Association tunisienne pour la transparence financière. Deux spécialistes internationaux en matière de lutte contre le terrorisme et le blanchiment d'argent ont été invités à cette rencontre. Il s'agit de M. Baltazar Garzon, juge à la Cour suprême espagnole et conseiller à la Cour internationale de Justice de La Haye et de Mme Dolores Delgado Garcia, procureur général espagnol et conseillère à la Cour internationale de Justice, spécialiste des affaires de blanchiment d'argent et coordinatrice internationale en matière d'investigation dans les affaires de terrorisme international. Dévoiler le volume des avoirs et des biens spoliés par le président déchu et les membres de sa famille est une oeuvre de longue haleine, a expliqué M. Garzon. Les autorités judiciaires tunisiennes doivent s'attendre à de grandes difficultés pour récupérer les biens volés, notamment en cas de placement de ces biens dans des comptes chiffrés. Il a à cet égard cité sa propre expérience dans le cas du dictateur Pinochet, des trafiquants de drogues en Espagne ou du blanchiment d'argent par la mafia russe. Il y a une crainte réelle de voir le président déchu et sa famille transférer les biens volés vers des "paradis fiscaux" ce qui rendrait, dit-il, leur repérage encore plus difficile. Pour sa part, Mme Dolores Delgado Garcia a dénoncé le laxisme de certains Etats dans la lutte contre la corruption bien qu'ils soient signataires de la convention onusienne de lutte contre la corruption. La société civile tunisienne doit jouer, dans ce contexte, un rôle majeur pour faire pression sur les pays qui refusent toujours de reconnaître la revendication du peuple tunisien de geler les avoirs et les biens volés par le président déchu et sa famille.