L'Espérance a remis les pendules à l'heure en remportant samedi le choc du groupe B face à Al Ahly et en prenant le leadership ex aequo avec le WAC. Certes, la victoire (1-0) a été dure, tant les hommes de Manuel José étaient montés en puissance en seconde période, ratant plusieurs occasions d'égaliser, notamment par l'intermédiaire de Nagy Geddo. Mais il y avait samedi un jeune keeper que l'Afrique avait déjà découvert l'an dernier en finale de la LCA contre le surpuissant Mazembe : Moez Ben Chrifia qui écœura le meilleur buteur de la CAN 2010 en Angola remportée par les Pharaons. Le talent, le brio et le métier (eh oui, à seulement 20 ans !) du gardien formé à l'EST et qui compte parmi les satisfactions de cette soirée radésienne, également marquée par le retour de l'ambiance incandescente que seuls les tifosi savent créer. Et ils étaient avant-hier 5.000 supporters «sang et or» à pousser sans répit leurs favoris. D'ailleurs, comment ne pas retenir le comportement du public présent au rayon des satisfactions, car un incident est toujours au détour de ces matches de foot de l'après-révolution. Satisfactions : le bleu de chauffe aussi Les trois points de la victoire et la prise du pouvoir dans un groupe B très homogène dans le sens où il est composé exclusivement d'équipes nord-africaines qui se connaissent parfaitement : point de vue arithmétique, l'EST a réalisé une très belle affaire quand bien même elle dut affronter plusieurs contretemps dont l'absence de trois piliers au moins : Banana en défense, Korbi et M'sakni au milieu. Dans l'urgence, les réajustements ont été réussis : Chemmam dans l'axe a apporté sa sérénité, ses jaillissements et ses interventions très propres et précises (il finira à coup sûr sa carrière à l'axe). Et c'est tout l'ensemble de la charnière défensive qui s'est exprimé à un très haut niveau de performance, Hicheri apportant sa précieuse pierre à l'édifice avec l'impact physique et la générosité qu'on lui connaît. Afful, côté gauche, a été une divine surprise malgré une baisse notoire de rythme après la pause. Comme le soulignait son entraîneur, le Ghanéen possède l'expérience de ce poste avec la sélection de son pays au sein de laquelle il disputa la CAN 2010 en tant qu'excentré gauche, les Black Stars présentant une défense à trois joueurs axiaux (comme Al Ahly du reste).Il a tout simplement mis à la rue le pourtant très expérimenté Ahmed Fathi, condamné à commettre plusieurs fautes et agressions dont l'une lui coûta à la 45e un avertissement de la part de l'excellent referee sénégalais Badara Diatta. Plus généralement, les qualités mentales investies par les hommes de Nabil Maâloul dans ce classique du foot continental démontrent de grosses satisfactions. Car lorsqu'il a fallu serrer les dents et s'accrocher, avec le peu de ressources physiques encore disponibles, les copains de Darragi n'ont jamais renoncé au combat.En seconde période, quand les choses allèrent de travers,les artistes du premier half ont su se transformer en guerriers. Ils ont, sans transition, et sans rechigner à l'effort, abandonné le smoking de soirée pour le bleu de chauffe. Lacunes : le black-out du second half Par dessus tout, la baisse de tension après les citrons.Un inquiétant black-out. L'EST a négocié la reprise, vidée de ses forces physiques, abandonnant la maîtrise du milieu de terrain et du jeu à des Egyptiens requinqués par la rentrée de Nagy Geddo. Les «Sang et Or» ont tout donné dans une première période qu'ils ont dominée de bout en bout, même si à l'arrivée, les occasions ne furent pas vraiment à la pelle. Ce déséquilibre au niveau de la dépense physique, ils risquent de le payer cher devant un adversaire plus percutant et plus efficace. Et puis, comment ne pas se rappeler l'étonnante liberté de manœuvre dont a trop souvent bénéficié Geddo. Jusqu'à la rentrée du prometteur Ben Brahim pour donner un coup de main à un Derbali débordé à chaque accélération du tandem Moadh-Geddo côté gauche de l'attaque ahlaouie, cela ressembla à une autoroute. Résultat : Geddo s'offre au moins quatre nettes occasions de marquer (61' tir du gauche de l'attaquant entré à la 44e minute, 67' seul face à Ben Chrifia, 81' même scénario, 84' tir peu appuyé). Au chapitre des épines, il y eut également une certaine absence de Khaled Ayari, sauvée en partie en seconde période lorsqu'il trouva les espaces pour partir de loin, provoquant à la 70' le penalty qui aurait pu assurer une fin de partie moins éprouvante pour le camp tunisois. Par ailleurs, on sait que Maâloul a choisi de passer par les ailes pour desserrer l'étau d'un axe défensif à trois joueurs. Derbali a certes mis du cœur à l'ouvrage, mais ses montées offensives manquèrent parfois de variation. C'est ce côté stéréotypé qui condamna à l'échec ses initiatives dès l'instant où son vis-à-vis prit sa mesure. Casa pour assommer l'opposition Le 14 août (22h00), c'est la surprise du groupe B, le Wydad de Casa qui attend l'Espérance. M'sakni et Korbi vont revenir. Mais cette fois, Traoui, un précieux porteur d'eau qui a pris samedi un second avertissement suspensif, manquera à l'appel. Face aux hommes de Michel Decastel, une vieille connaissance du public espérantiste pour avoir exercé au Parc B entre 2001 et 2003, le club de Bab Souika ne peut avoir pour ambition que la victoire. Afin d'assommer la concurrence d'autant que deux matches à domicile suivront (contre le même Wydad le 27 août, et devant le MC Alger le 10 septembre prochain). Voilà pourquoi la sortie de Casa va ressembler à une finale du groupe B.