Au début, tout laissait croire à un rendez-vous historique dans la vie du club. C'était sans compter avec les ennemis de la révolution qui voyaient les choses autrement… En nous rendant avant-hier à la maison des jeunes de la cité Erriadh de Sousse pour assister au meeting organisé par les cellules des supporters de l'Etoile et en bon quinquagénaire admiratif de la jeunesse tunisienne qui nous a offert la belle révolution du 14 janvier, je me suis dit : " Pour une fois cette brave et vaillante génération va enfin rompre avec le passé ténébreux, s'exprimer librement, être maîtresse de son destin et décider de l'avenir des couleurs sportives qu'elle supporte." Plus j'avançais, plus je me nourrissais de belles illusions de voir enfin ces jeunes cueillir les lauriers de l'édifice révolutionnaire qu'ils ont bâti au prix très fort. Des prémices encourageants En pénétrant dans les lieux de ce meeting, tout présageait de la réussite totale de cette initiative pionnière et très courageuse.La salle de réunion parée des plus belles couleurs emblématiques était archi-comble.Tous les âges étaient représentés.Toutes les composantes de la famille étoilée étaient là pour prendre part à ce débat précurseur et décisif pour l'avenir du club. D'anciens joueurs et dirigeants ont daigné faire le déplacement pour assister à cette avant-première. L'organisation était impeccable. La tribune des orateurs était soigneusement décorée. On avait même aménagé une place pour les journalistes afin de leur permettre d'effectuer convenablement leur travail. Les chansons du virage étoilé égayaient l'ambiance. Bref toutes les conditions étaient idéales pour que les supporters de l'équipe phare du Sahel (au passage, ils étaient venus des quatre coins de la République : de Kasserine, de Métlaoui, de Nabeul, de Tozeur, de Tunis, de Grombalia entre autres) puissent se concerter et faire face à toutes les manoeuvres qui pourraient soudoyer la voie de la liberté et de la démocratie dans laquelle s'est engagée irréversiblement la Tunisie après le 14 janvier. La soirée ramadanesque s'annonçait grandiose et prometteuse Les forces du mal sont encore là ! A peine cinq minutes écoulées et après les souhaits protocolaires de bienvenue, les organisateurs de ce meeting s'apprêtaient à donner la parole à un juriste appelé à la rescousse pour éclaircir certains points confus du nouveau projet du statut du club.Mais contre toute attente, une poignée d'adolescents âgés à peine de 20 ans se sont mis à chahuter tout bonnement pour empêcher l'orateur de parler. Le coup était apparemment prémédité et savamment orchestré. C'était tout simplement un premier stratagème pour fausser et gâcher délibérément ce meeting et cette courageuse initiative. En peu temps, la salle s'était transformée en véritable virage du stade olympique de Sousse. Le ton est donné. Il fallait semer la zizanie et la panique. Tous les slogans orduriers et les chants de vassalité ont été bruyamment entonnés. Même les fumigènes et les flammes étaient du spectacle. Pis encore, on était monté sur l'estrade pour renverser les chaises et les tables et pour déchirer surtout la banderole sur laquelle était mentionnée : "Non au haut comité de soutien". Ce groupe de casseurs avait manifestement la consigne de tout chambouler. On avait craint que les provocations verbales ne dégénèrent en rixes entre clans rivaux. Dans ce mouvement de foule tout était permis. C'était l'anarchie totale. Il fallait prendre la poudre d'escampette et chercher à sortir par la petite porte pour fuir une éventuelle agression physique qui pouvait venir de toutes parts. Les personnes de mon âge se sont précipitées à la queue leu leu pour quitter tête basse cette fournaise. Après la fin en queue de poisson de ce meeting , j'ai bien conclu que les multiples sit-in, les mouvements de grève en série, les querelles tribales que ce soit à Jebenniana, à Métlaoui, à Menzel-Bourguiba, à Sidi-Bouzid, à Kasserine et j'en oublie ne sont pas du tout gratuits et spontanés.Tous ceux qui ont été largement privilégiés du temps du président déchu n'ont pas intérêt à ce que la révolution réussisse et à ce que la Tunisie rompe définitivement avec la dictature , la corruption et la malversation et accède à la liberté et à la démocratie.Ils sont prêts à ourdir tous les complots, à tramer toutes les basses conspirations pour entraver cette belle marche vers le soleil et vers la clarté. Par sadisme et mesquinerie, ils trouvent facilement, et au moyen d'alléchantes motivations matérielles des commanditaires loyaux disponibles et sans le moindre scrupule à embraser le pays et à entretenir le chaos .Ce qui s'était passé samedi à la maison des jeunes de la cité Erriadh n'était que le prolongement de leur sinistre et machiavélique dessein.A ce train-là, la Tunisie n'est pas à l'abri.Les fossoyeurs de la révolution sont aux aguets et ne comptent pas abdiquer de si tôt.