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La magie d'une journée
Nos reportages — Aïd El Fïtr - Tunis
Publié dans La Presse de Tunisie le 31 - 08 - 2011

L'Aïd Esseghir restera toujours un moment inoubliable pour les culottes courtes. Fêté comme un roi, l'enfant, qui devient l'objet de toutes les attentions, est gâté et chouchouté par les grands. Il a droit à la traditionnelle mahba qu'il va soit soigneusement garder dans sa tirelire ou dépenser pour acheter jouets et friandises. Hier, une ambiance bon enfant régnait dans les foyers. Chacun s'est mis sur son trente et un pour immortaliser l'événement et poser comme une star devant l'objectif du photographe. Habituellement déserts, les manèges ont été pris d'assaut par les familles qui s'y sont rendues après avoir effectué la traditionnelle visite des parents et des proches.
Dans l'immense parc d'Essaâda situé au cœur de La Marsa et bien entretenu, l'ambiance était à la fête. Les cris de joie des enfants fusaient un peu partout dans les espaces de jeux aménagés au sein du parc. A l'entrée, un vendeur ambulant expose sur le sol des ballons ainsi que des jouets en plastique : armes, poupées, voitures, trains...
Indétrônable, la balançoire a, comme d'habitude, rencontré beaucoup de succès, arrachant des cris de ravissement aux enfants virevoltant en l'air. L'animation a été assurée par la troupe de Amti Chahloula qui a diverti le jeune public avec un spectacle comique de clowns. Des enfants ont posé pour la photo avec ces personnages haut en couleur. D'autres se sont prêtés à une séance de maquillage devant la tente sous le regard amusé des parents. "J'aime amener mes deux fils ici le jour de l'Aïd. Il y a beaucoup de verdure et c'est très agréable de s'y promener. Par ailleurs, il y a des aires de jeux pour les enfants ainsi qu'un spectacle d'animation", a souligné une jeune mère de famille habitant à Aïn Zaghouan et regardant ses fils jouer à la balançoire.
Du côté des Berges du Lac, le parc d'attraction Dah Dah est également sorti de son silence. La grande roue s'est mise à tourner dans un vacarme assourdissant, le bateau fantôme à tanguer, les animaux géants à virevolter dans les airs. Tous les jeux ont été pris d'assaut par les grands et les petits munis de leurs jetons.
On se bouscule devant les voitures tamponneuses. Tirant de force ses parents, un enfant de six ans les entraînent vers un immense château gonflable. D'autres se livrent à une partie de basket, en lançant le ballon, gagnant un point à chaque panier réussi. Quant aux plus intrépides, ils ont préféré prendre d'assaut le bateau fantôme. Une odeur alléchante de viande et de poulet grillés s'échappe des restaurants du parc qui ont rouvert leurs portes. Des familles s'y sont installées pour surveiller leurs rejetons de loin. "Le jour de l'Aïd est un moment privilégié pour mon mari et moi, relève Fatma, la trentaine, fonctionnaire dans une entreprise publique. Nous sommes des fonctionnaires et nous ne trouvons pas le temps de nous intéresser à ce que font nos enfants. Cette fête est une occasion de passer du temps avec eux, de discuter, jouer, nous promener ensemble".
Plus loin, les plus petits âgés de deux, trois, quatre ans attendent leur tour devant les voitures, les hélicoptères, les éléphants géants qui s'élèvent dans les airs, fermant les yeux afin d'apprécier le délicieux vertige qui les saisit. "Mon fils aime bien venir s'amuser ici, mais je trouve que les jeux sont chers".
Au sein de la médina arabe, l'ambiance est tout autre. Les vieilles balançoires rouillées des petits manèges de quartier n'attirent plus les enfants qui leur préfèrent plutôt la pause photo devant le poney joliment arnaché. D'autres ont pris place dans une calèche qui a fait le tour du faubourg Bab Souika. A El Halfaouine, une chaise de mariée a été installée sur la place de la mosquée Saheb Ettabaâ. Se prenant pour des mariés, les enfants se sont amusés à s'y installer en couple. "Les temps ont changé, raconte un habitant du quartier, le ton nostalgique. Lorsque nous étions petits, nous allions chez le photographe. C'était un moment solennel. On se faisait photographier dans un atelier au décor simple et on devait se tenir droit devant l'objectif du photographe. Les photos étaient en noir et blanc. Aujourd'hui, c'est vraiment différent. Les photos se font à l'extérieur. Les enfants font des pauses sympathiques et décontractées et ont la possibilité de choisir de se faire photographier sur un poney, dans une calèche ou sur la chaise d'une mariée. En fin de compte chaque époque a son charme".


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