• Le dépôt des candidatures s'effectue auprès des comités régionaux de l'Isie et se poursuivra jusqu'au 7 septembre • Un décret sera adopté cette semaine pour interdire, à partir du 12 septembre, la propagande politique et les sondages sur les intentions de vote Le dépôt des candidatures des listes des partis politiques et des indépendants pour l'élection de l'Assemblée constituante, premier scrutin du genre dans l'histoire contemporaine du pays, démarre aujourd'hui, jeudi 1er septembre, à partir de 8h00. Le dépôt des candidatures constitue une étape importante du processus électoral, après les inscriptions des électeurs. "Cette opération permettra de cerner la réalité des partis politiques dans le pays", estime Boubaker Thabet, secrétaire général de l'Instance supérieure indépendante pour les élections (Isie) d'autant plus que la scène politique en Tunisie a connu une profusion de partis — 105 reconnus à ce jour — depuis la chute de Ben Ali. Le dépôt des candidatures s'effectue auprès des comités régionaux pour les élections. Un comité spécial examine les dossiers de candidature et procède à la vérification du respect des conditions énoncées par le décret-loi et l'ensemble des procédures organisant le processus électoral. La clôture des candidatures est prévue pour le 7 septembre à 18h. Les listes candidates ont la possibilité de remédier aux erreurs ou aux oublis dans le dossier de candidature dans les 4 jours qui suivent la date du dépôt. Plusieurs partis politiques ont proposé à ce que l'Isie informe les candidats et précise par écrit les raisons du refus de la liste afin de pouvoir procéder aux rectifications nécessaires dans les délais impartis. L'Isie a entamé depuis le 20 mai dernier l'organisation de rencontres avec les partis politiques afin de les sensibiliser et de les informer sur les mesures et procédures adoptées pour l'organisation des différentes étapes de l'opération électorale. Les indépendants seront invités à participer à ces rencontres à partir de la date de présentation des candidatures. "Nous avons adopté le principe de la convergence avec les différentes parties intervenant dans l'opération électorale", a précisé Kamel Jendoubi, président de l'Isie. Dans cet esprit, la plupart des comités régionaux pour les élections ont organisé des réunions avec les partis et les différents intervenants pour se concerter et examiner les difficultés qui se posent, a assuré le secrétaire général de l'Isie. Les candidatures pour les élections de l'Assemblée constituante se distinguent par l'adoption du principe de la parité totale, partant d'une ferme volonté d'associer la femme à la vie politique et de consacrer les choix modernistes de la Tunisie. L'interdiction aux personnalités qui ont servi sous l'ancien régime de se porter candidats pour la Constituante constitue aussi une des principales conditions qui sera prise en compte lors de l'examen de la recevabilité des dossiers de candidature pour ces élections. Pour M. Jendoubi, le rôle de l'Isie se limite à exécuter les textes. La liste des Mounachidine, a-t-il précisé, a été établie par la Haute Instance pour la réalisation des objectifs de la révolution. Elle a été remise à l'Isie sous forme d'un CD et ne peut être rendue publique. Les membres de l'Instance ont affirmé la nécessité de respecter les procédures de constitution des dossiers de candidature et de s'assurer de la véracité des informations fournies d'autant plus que cette opération bénéficie d'une protection pénale. Les partis politiques considèrent que le dossier de candidature comporte des aspects complexes, citant en particulier la question de la procuration. "Il est possible de simplifier certains aspects et d'interagir avec les intervenants dans le processus électoral, il n'en demeure pas moins qu'il existe un Smig qu'on doit respecter", a estimé Boubaker Thabet. L'ouverture des candidatures qui coïncide avec la fête de l'Aïd El Fitr, célébrée cette année durant trois jours, suivie du week-end, semble poser certaines difficultés pour les partis politiques qui estiment que ce fait entrave leur travail. Il y a risque que certains candidats soient injoignables durant cette période et qu'il soit difficile par conséquent de finaliser les dossiers de candidatures. Ils ont proposé d'étendre la période de présentation des candidatures afin de remédier à cet inconvénient. L'Isie, tout en se disant compréhensive, affirme qu'il était difficile d'y répondre en raison des délais d'application du calendrier électoral annoncé depuis le 8 juin dernier, date du consensus autour du rendez-vous du 23 octobre pour les élections de la constituante. L'Isie est prête pour cette étape délicate que connaît le pays, a affirmé Kamel Jendoubi, assurant de l'application de la loi tout en veillant à résoudre toutes les problématiques ou les difficultés qui se posent dans le respect du principe d'équité. Pour l'universitaire Larbi Chouikha, membre de l'Isie, le succès du processus électoral demeure intimement lié au règlement d'un ensemble de problématiques en rapport notamment avec la publicité politique et le travail médiatique. Un décret sera adopté cette semaine pour interdire à partir du 12 septembre la propagande politique et les sondages relatifs aux intentions de vote. Cette interdiction interviendra directement à partir de la date d'établissement de la liste des candidats et le parachèvement des procédures de recours. L'objectif de cette procédure est d'éviter tout facteur susceptible d'influencer l'électeur. Un ensemble de règles seront élaborées et adressées prochainement aux médias. "Nous sommes dans un processus électoral ouvert, et par conséquent il est impératif d'adopter des mesures permettant de limiter certains phénomènes inacceptables en rapport avec la propagande électorale négatives", a estimé Boubaker Thabet, citant des expériences de pays étrangers. Le Code de conduite électoral élaboré par l'Isie sera de ce fait l'un des mécanismes qui permettra d'éviter ces aspects et contribuera à la réalisation de l'objectif ultime auquel aspirent tous les Tunisiens, en l'occurrence le succès du processus électoral.