Royaume-Uni/Etats-Unis: "La liberté de la presse dans le monde risque d'être durablement menacée" selon Amnesty International    France : Qui est le député qui a osé refuser un voyage diplomatique en Israël?    Symposium international 'Comment va le monde? Penser la transition' à Beit al-Hikma    Ahmed Hachani désavoué par les chiffres, dépassé par les faits    Rafik Abdessalem : ceux qui ont kidnappé Mehdi Zagrouba agissent pour le compte d'Al Watad    G-a-z-a: Plus de 35 mille martyrs et 79 mille blessés    CA : 5 billets par supporter pour le derby tunisien    Hausse des prix de la viande de volaille    Une vingtaine de journalistes agressés en avril    Rencontre avec les lauréats des prix Comar d'Or 2024    Hechmi Marzouk expose 'Genèse Sculpturale' à la galerie Saladin du 18 mai au 23 juin 2024    Yassine Mami appelle à accélérer la publication des décrets d'application du FCR modifié    Daily brief régional du 17 mai 2024: Des peines de huit mois de prison pour 60 migrants irréguliers subsahariens    Naceur Amdouni : le prix du mouton ne cesse d'augmenter compte tenu des coûts d'élevage    Migration irrégulière : La Tunisie en quête de partenariats africains    Le CA affronte le CSKorba à Korba: Siffler la fin de la récréation    ST: Rêver plus grand    Ligue des champions — L'EST affronte Al Ahly en finale (Demain à Radès — 20h00) Mohamed Amine Ben Hmida : "Pour l'emporter, nous devons être concentrés et sobres !"    Vient de paraître — Des sardines de Mahdia à la passion: des mathématiques La vie fascinante de Béchir Mahjoub    Bourse - Déploiement des pratiques ESG : Ennakl Automobiles parmi les quinze sociétés sélectionnées    «Romena Tour à Testour»: De belles activités sur la route de la grenade    Achèvement des travaux de surélévation du barrage Bouhertma    Propagation de la maladie du mildiou : Le ministère de l'agriculture émet des recommandations    Nabeul: Des élèves organisent "un marché de solidarité" au profit d'une association caritative [Vidéo]    Abdallah Labidi : l'absence du président du Sommet arabe est déjà une prise de position    Daily brief national du 17 mai 2024: Kais Saïed discute du sujet du financement étranger des associations    La Tunisie au cœur des initiatives météorologiques africaines    Exposition «punctum» de Faycel Mejri à la Galerie d'art Alexandre-Roubtzoff: L'art de capturer l'éphémère    Ce samedi, l'accès aux sites, monuments et musées sera gratuit    Pourquoi: Diversifier les activités…    Récolte d'abricots à Kairouan: Une saison faste, mais..    COINNOV : Ouverture de la deuxième session de candidature pour le Fonds dédié aux PME industrielles    Raoua Tlili brille aux championnats du monde paralympiques    Le Mondial féminin 2027 attribué au Brésil    Visite technique des véhicules: Les dix commandements    Industrie du cinéma : une affaire de tous les professionnels    Mokhtar Latiri: L'ingénieur et le photographe    La croissance n'est pas au rendez-vous    Météo de ce vendredi    16 banques locales accordent à l'Etat un prêt syndiqué de 570 millions de dinars    Basket – Pro A : résultats complets de la J2 play-out (vidéo)    Palestine : la Tunisie s'oppose aux frontières de 1967 et à la solution à deux Etats    Bank ABC sponsor de la paire Padel Hommes    76e anniversaire de la Nakba : La Tunisie célèbre la résistance du peuple palestinien    En bref    Nakba 1948, Nakba 2024 : Amnesty International dénonce la répétition de l'histoire    Urgent : Une secousse sismique secoue le sud-ouest de la Tunisie    Le roi Charles III dévoile son premier portrait officiel    







Merci d'avoir signalé!
Cette image sera automatiquement bloquée après qu'elle soit signalée par plusieurs personnes.



Redéploiement stratégique turc
Commentaire - Ankara a expulsé l'ambassadeur israélien
Publié dans La Presse de Tunisie le 04 - 09 - 2011


Par Soufiane Ben Farhat
On savait la Turquie déjà profondément en colère contre Israël. Mais là c'est un véritable coup de grisou.
Bref rappel des faits : des commandos israéliens armés jusqu'aux dents arraisonnent en mer Méditerranée, le 31 mai 2010, dans les eaux internationales, le Mavi Marmara, navire turc. Ledit navire faisait partie d'une flottille qui tentait de rallier la bande de Gaza pour y apporter de l'aide humanitaire. Lors de l'assaut, neuf civils pacifistes turcs avaient été tués.
La Turquie avait rappelé promptement son ambassadeur en Israël, suspendu les exercices militaires conjoints et interdit l'accès à son espace aérien à l'armée israélienne. La situation enfle sans trop s'envenimer diplomatiquement. Les médias s'en emparent. Les escarmouches verbales retombent mais l'atmosphère demeure plombée. Israël est rompu à la culture de l'impunité. Il se refuse à formuler les moindres excuses.
En conséquence des demandes turques appuyées, l'Onu diligente une enquête. Le rapport de la commission d'enquête, dirigée par l'ancien Premier ministre néo-zélandais Jeffrey Palmer, a été formellement remis avant-hier au secrétaire général de l'Onu, Ban Ki-Moon. Le New York Times en publie des extraits.
Bien que mitigé, le rapport onusien juge "excessive et déraisonnable" l'intervention militaire israélienne. Il estime que "la décision d'Israël d'embarquer à bord des bateaux avec une telle force, si loin de la zone du blocus et sans avertissement final juste avant l'assaut était excessive et déraisonnable".
Sans trop attendre, Ankara a expulsé avant-hier l'ambassadeur israélien et gelé sa coopération militaire avec Israël. Les mots du ministre turc des Affaires étrangères, Ahmet Davutoglu, sont sans équivoque : "Les relations diplomatiques entre la Turquie et Israël ont été abaissées au niveau du deuxième secrétaire d'ambassade. Tout le personnel au-dessus du niveau du second secrétaire rentrera dans le pays mercredi au plus tard. Tous les accords militaires sont suspendus".
Et ce n'est pas tout. Le gouvernement turc examine les moyens de poursuivre en justice tous les Israéliens, soldats, gradés et responsables politiques, engagés d'une manière ou d'une autre dans le raid meurtrier. "La Turquie engagera des poursuites en justice contre les soldats israéliens et tous les autres officiels responsables des crimes commis et mettra en œuvre ce sujet avec détermination", lit-on dans un communiqué de l'ambassade de Turquie à Washington. Par ailleurs, le ministre turc des Affaires étrangères a promis de saisir la justice internationale en vue de se prononcer sur le bien-fondé du blocus israélien imposé à la bande de Gaza : "La Turquie ne reconnaît pas le blocus de Gaza et va s'assurer de la légitimité du blocus auprès de la Cour internationale de justice. Nous commençons à lancer des initiatives pour que l'Assemblée générale de l'Onu se penche sur la question", a-t-il dit.
En face, Israël donne l'impression de vouloir laisser passer l'orage. Or, cette fois, l'attitude turque semble plus tranchée qu'auparavant.
Il faut savoir qu'Ankara est en passe d'opérer de nouveaux redéploiements géostratégiques. Le différend dûment assumé avec Israël en est témoin.
D'abord, la Turquie ne se soucie plus aussi fortement qu'avant de rejoindre l'Union européenne. Auparavant, malgré tous leurs efforts en vue de l'intégration, les Turcs ont dû constater avec amertume que l'Europe était, d'une certaine manière, un club de chrétiens. Les portes de l'Europe sont cadenassées vis-à-vis de la Turquie pour la simple raison que c'est un pays musulman. Des dirigeants européens de premier rang –tels Valéry Giscard d'Estaing ou Nicolas Sarkozy— l'ont expressément dit. Et il se trouve que la normalisation économique, militaire et culturelle avec Israël est la condition première exigée par les Européens avant toute discussion sur l'entrée de la Turquie dans l'UE. Une entrée toujours déclinée sous le label de l'improbable éventualité. Et puis, dans l'état où elle en est réduite, qui voudrait volontiers rejoindre le club de l'euro en crise endémique ? L'exemple de la Grèce, vieux pays frère-ennemi et voisin de la Turquie en atteste.
Sur un autre plan, les révolutions du Printemps arabe sont passées par là. Ankara semble plus désireuse de se ressourcer dans le socle de son appartenance identitaire face aux frémissements et élans européens xénophobes et turcophobes. La démocratisation effective de certains des principaux pays arabes conforte la démocratie turque. En lieu et place de la démocratie chrétienne hostile, la démocratie musulmane semble plus accueillante, chaleureuse et conviviale.
Ne nous y trompons pas. La Turquie semble en passe d'opérer un recentrement décisif face à Israël. Ce faisant, elle tourne d'une certaine manière le dos à une Europe excessivement méfiante. Et s'incruste à bras ouverts dans l'enceinte arabo-musulmane revigorée et accueillante.


Cliquez ici pour lire l'article depuis sa source.