Le coach national veut croire en un happy-end malgré les chances compromises après le draw de Blantyre. Malawi-Tunisie : the day after. Face au concert de commentaires forcément déçus par le nul (0-0) concédé samedi dernier par les Aigles de Carthage devant les «Flames», un nul qui hypothèque sérieusement les chances de qualification pour la CAN 2012, le sélectionneur national garde une étonnante dose de sérénité. Tour d'horizon avec le timonier des «Aigles» qui ont vu leur envol brisé net au pénultième tour de la phase de poules. Quel sentiment vous habite 48 heures après le coup d'arrêt de Blantyre? Inévitablement, celui d'une grosse déception, compte tenu de l'importance de cette rencontre. Des regrets, non, car chacun de nous a tout donné. L'échec ne se situe pas au niveau de l'envie, de la motivation et de l'engagement, mais plutôt à celui du jeu que nous avons pratiqué, un jeu direct employé notamment en première période qui ne mène à rien. Par contre, le Malawi maîtrisait fort bien son jeu direct à base de longues transversales en direction de leur attaquant, Russel Mwafulirwa, resté seul en pointe après la blessure de Esau Kanyenda en tout début de rencontre. Nous avions les lignes étaient trop distendues, ce qui nous a empêchés de pratiquer notre jeu en bloc qui nous permettait de créer beaucoup d'occasions. Au lieu de défendre haut ou mi-bas, l'arrière-garde a eu la réaction normale de quelqu'un qui recule beaucoup et se positionne derrière, l'affolement aidant. En deuxième mi-temps, il y a eu un léger mieux, mais ce n'était toujours pas le match qu'on attendait. Notre jeu était resté stérile, sans faculté de pénétration. Mes joueurs avaient beau multiplier les initiatives mais rataient le reste dans les vingt derniers mètres. La qualité de la dernière passe a été sans doute insuffisante. Adel Chedly a-t-il pu faire oublier le stratège Oussama Darragi? Je dois admettre que Chedly s'était montré constamment d'une parfaite disponibilité. Malheureusement, la dernière passe, ce n'est pas son point fort, d'autant plus que le Malawi était regroupé derrière. Nous devions varier notre jeu en cherchant les combinaisons dans l'axe, mais également à passer par les couloirs. Malheureusement, au risque de me répéter je regrette que l'on ait pas pu faire le match qu'il fallait dans les vingt derniers mètres. Sans doute des joueurs de la qualité de Darragi ou Msakni nous ont cruellement fait défaut. Khaled Korbi, lui aussi suspendu dans ce match-couperet, a-t-il été convenablement remplacé par Houcine Ragued ? Je n'ai rien à reprocher à Ragued. Il a donné satisfaction, se montrant impérial dans sa zone. Il a récupéré et ratissé un nombre incalculable de ballons et offert des ballons «propres». S'il peut sembler avoir relancé un peu trop latéralement, cette attitude a été marquée par toute l'équipe qui a abusé de jeu latéral, peinant à «verticaliser» la manœuvre. «Allagui n'avait plus de carburant dans le moteur» Beaucoup de gens furent intrigués par le remplacement à dix minutes de la fin, alors que la Tunisie produisait son effort pour trouver l'ouverture, de Allagui, le meilleur joueur sur le terrain par Chermiti ? Avec mon staff technique, je suis le seul apte à juger de l'état de disponibilité de mes joueurs. Nous connaissons parfaitement leur état physique. Si un joueur n'a plus d'oxygène, se trouve près de l'asphyxie, ne peut plus courir et ne «répond» plus, il est logique que je le remplace. Sur ce point précis, je trouve les critiques infondées. On vous reproche également d'avoir aligné d'entrée trois attaquants soutenus par un meneur de jeu, une option jugée trop risquée. Si c'était à refaire, le referiez-vous? Oui, je l'aurais refait, le maître-mot reste l'équilibre, et cela est le plus dur à obtenir. Si j'ai aligné autant d'attaquants, ce n'est pas sans leur demander d'accomplir les deux rôles auxquels ils sont tenus, offensif et défensif. On est en train de leur apprendre cela. Au bout de six ou sept mois d'exercice, notre parcours est correct, le groupe se consolide. L'équipe n'est jamais passée à côté d'une catastrophe. Malheureusement, notre itinéraire dans la CAN a été plombé par les contre-performances de l'année dernière à Tunis. La victoire (4-2) dans la répétition générale face au Mali ne vous a-t-elle pas induit en erreur en éludant les carences? Non, pas vraiment. Vous faites allusion au onze rentrant à Blantyre, lequel était identique au test de Monastir. En fait, j'ai pris les meilleurs joueurs à notre disposition. Nous étions parfaitement conscients des difficultés qui nous attendaient au Malawi. La pelouse, par exemple, même pas de deuxième génération, rasée et qui compliquait énormément le dosage des passes et des transmissions rendues trop rapides. Malgré une maîtrise technique certaine, le tartan a pesé sur la qualité du jeu. Ne pensez-vous pas avoir pris un risque en alignant Mejdi Traoui, diminué par une grippe la veille de la rencontre? Non, il s'agissait plutôt d'un léger rhume. Avant la rencontre, j'ai posé la question à tous les joueurs et plus particulièrement à Traoui en personne. J'ai reçu les assurances espérées. Au bout du compte, dans le cas de Traoui, ce n'était pas ça. Surtout sur le plan offensif. Enfin, au fond, croyez-vous toujours en la qualification? Il y a toujours de l'espoir. Tout est possible. Qui aurait cru que dans notre poule, le Botswana et le Malawi pouvaient réussir pareilles performances à Tunis? Alors, jouons nos chances à fond et arrêtons de sous-estimer les petites nations du continent. Car, au fond, ce groupe mérite de passer. Une élimination, cela fera trop mal. Et ce serait dommage si l'on tient compte de la belle ambiance, de la confiance et de l'entente qui prévalent parmi cet effectif.